II. Entrevoir un espoir

299 23 0
                                    

Des grognements la réveillèrent. Combien de temps avait-elle dormi ? Le cadavre ne lui laissait pas le choix, elle devait le tuer. Le sang rouge sombre gicla, un air écœuré transparaissant sur son visage. Elle se remit rapidement en marche en oubliant le geste qu'elle venait de commettre. Après tout, elle devait survivre, elle en était capable. Tuer un mort qui marche, ce n'était pas comme tuer un vivant.

.

.

Au bout d'une heure, Julia aperçue une route. Miracle ! Un immense sourire envahit alors son visage et elle s'y précipita, persuadée de se rapprocher d'un semblant de civilisation. Une fois arrivée sur le sol bétonné, la jeune femme sentit son cœur s'alléger. Un peu plus loin dépassait de la cime des arbres, une forme ressemblant à un toit. Il était hors de question qu'elle erre de nouveau seule en pleine nature. Elle arrivait au bout de son périple. 

Elle se tenait devant la bâtisse. Certes elle était endommagée, mais les murs encore intacts suffisaient à la mettre en sécurité. C'était une cabane de chasseur, isolée. Vigilante, elle poussa la porte. Elle était prête à frapper. Après avoir vérifié les deux pièces principales, elle baissa sa garde. Julia était seule. Affamée, elle couru jusqu'à la cuisine et ouvrit d'un geste brusque les placards qui composaient la salle. Hormis de la vaisselle, tout était vide. La jeune femme porta une main atteinte à son front.

Le tour des lieux fut rapidement fait. Une simple cabane dans la forêt, voilà ce que c'était. Julia se sentait épuisée. Le tournis la prit, l'obligeant à se rattraper au mur. Elle se sentait soudainement mal et mit cela sur le compte de la fatigue, mélangé à la faim et à la déshydratation. Il ne lui restait qu'une chose à faire pour aller mieux, se reposer et espérer.

.

.

La jeune femme ferma les yeux, libérant son visage d'un air tendu, dépourvu de lueur. Au plus profond d'elle, elle avait espéré que Negan change et qu'il accepte son mode de vie. Un mode de vie normal. Enfin, le terme était bien trop beau pour correspondre à la situation critique dans laquelle elle vivait. Cependant, Julia était ainsi, une femme qui avait de l'espoir. Une femme qui voulait aider son prochain. Elle avait espéré vivre une vie ressemblant un minimum à ce qui aurait pu se passer si l'apocalypse n'avait pas eu lieu. Car c'est ce à quoi il fallait se raccrocher lorsque l'on refaisait sa vie dans ce monde : trouver de quoi se souvenir de son passé, l'imaginer et le reproduire du mieux que l'on peut, pour en oublier le triste présent. C'est sur cette pensée qu'elle se recroquevilla sur elle-même, dans l'espoir de faire cesser son estomac impatient. Elle essaya de faire le vide dans sa tête. Demain serait un autre jour. Elle finit par s'endormir sur le canapé qui trônait dans la pièce principale.

.

.

Les rayons du soleil traversaient le volet éventré d'une une large entaille. La jeune femme ouvrait les yeux, un nouveau jour commençait. Rapidement elle se leva et fit quelques pas pour se dégourdir les jambes. Son dos craqua sous la position inconfortable que l'avait obligé à prendre le canapé. Un lit aurait été bien plus appréciable. Son ventre lui lança de douloureuses crampes et la ramena à la réalité. Quant à sa gorge sèche, elle tentait de préserver sa précieuse salive. Elle ne se focalisa pas sur ses maux et releva la tête. La chance finirait bien par lui sourire.



L'immense forêt continuait à se répandre derrière l'habitation et elle s'y engouffra, tout en gardant de vue le toit qui surplombait les arbres. La végétation était dense. Elle avait repris ses droits sur la civilisation. 

Sur la route, elle en profita pour ramasser du bois pour la préparation d'un feu. La jeune femme avait eu une brillante idée. Lorsqu'elle revint une heure plus tard, c'est en franchissant le seuil de la porte, que le sourire qui l'animait précédemment s'envola. Julia se pétrifia. Elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna brusquement :

- Il y a quelqu'un ? lança t-elle méfiante. Aucune réponse. Un craquement retentit. Julia se retourna à nouveau, paniquée. Montrez-vous ! cria t-elle les sourcils froncés.


Elle attendit un instant, balayant l'obscurité du regard. Si c'était un rôdeur, il lui aurait déjà sauté dessus. Une présence, un humain ? Automatiquement, elle pensa à Negan et pria pour qu'il ne l'ait pas suivi. Alors, après quelques minutes de calme absolu, elle se pressa de rentrer dans la maison. Quand elle ferma la porte, le bruit se fit de nouveau entendre et elle se figea. Un craquement de feuilles écrasées sous le poids d'une masse. Julia plongea une dernière fois son regard à l'extérieur pour voir une forme apparaître. Elle cligna des yeux. Une fois, puis deux. La forme continuait d'avancer et quand elle fut enfin visible, la jeune femme distingua un chien. Elle cligna de nouveau des yeux, étonnée. Elle n'avait jamais vraiment vu d'animaux domestiques depuis l'arrivée des cadavres. Il vint s'asseoir devant la porte, amical et haletant :

- D'où viens-tu toi ? lui demanda t-elle rassurée. Tu as perdu ton chemin ?


Le chien, un malinois à première vue, émit un léger gémissement et força l'entrée pour venir se coucher dans le salon au pied du canapé. Il n'avait pas l'air effrayé et au constat de son comportement, elle comprit rapidement que l'endroit lui était familier. Il devait appartenir au propriétaire de la demeure. Où était cette personne maintenant ? Sûrement enfuit, sûrement mordu, sûrement mort.

Il était extrêmement sale. La crasse et la poussière incrustées, il devait parcourir le monde seul depuis un moment. La brune eut de la peine pour l'animal. La nuit défilait et elle observait l'animal en silence. Elle eut subitement froid et glissa ses mains dans ses poches. Elle y trouva l'alliance et le briquet de Negan qu'elle avait utilisé pour recoudre sa plaie. Comme elle avait apprécié cet instant, ce moment où elle le découvrait sous un autre jour. Ce moment où il s'était comporté en homme et non en Sauveur. L'objet pouvait toujours servir. Il n'était pas qu'un souvenir. Si elle venait à trouver de la nourriture, elle pourrait la cuire, remerciant son bourreau par la même occasion. Tout en pensant à ces moments partagés au Sanctuaire, son ventre cria famine. Elle devait trouver de la nourriture rapidement mais avec le chien à ses côtés, tout serait peut-être simplifié.

II. Retour à la case départ | Negan [TOME 2 - The Walking Dead]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant