Gris terne

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Mélis s'entraînait en faisant des centaines de déclarations d'amour à Totoro. Mais toutes semblaient fausses. Il ne savait pas comment abordé le sujet avec Margaux.

Il finit par s'asseoir sur une chaise de la cuisine. Totoro sortit de son immense panier et alla se planter devant la porte qui donnait sur le jardin. Mélis se leva à son tour et lui ouvrit.

Puis ce dernier remonta dans sa chambre et enfouit sa tête dans son oreiller. Il ne se sentait pas bien. Il avait mal à la tête et une boule au ventre lui donnait l'impression de le déchirer.

Mais il était incroyablement heureux. Aimer Margaux le rendait heureux. La journée se passa et le lendemain, le Mardi, Margaux fut malade.

Mélis ne la vit donc que quand il lui apporta le travail. Elle semblait triste. Pensant que c'était juste sa maladie, Mélis ne lui en parla pas et finit par rentrer chez lui.

Il décida de na pas continuer Les Aventures De Satoru car ce soir là, il hésitait sur la suite. Il écouta le nouvel album d'un chanteur qu'il aimait bien et termina sa journée.

Mais il y pensait encore. C'était un événement qui était survenu lors du divorce de ses parents. Un événement qui le rongeait de culpabilité. Il essaya de dormir mais il savait qu'il ne pourrait plus supporter ça longtemps.

Mélis regardait son réveil et y lisait tour à tour « 26/03, 23:52 » puis « 00:54 » et ainsi défilait les heures sans qu'il ne ferme un œil. Mélis trouva néanmoins le sommeil vers quatre heure du matin.

Il voulait essayer de parler à Margaux le lendemain. Il la retrouva donc à l'arrêt de bus habituel. Elle avait l'air guéri. Seulement, Mélis sentait que quelque n'allait pas. Après tout, il la côtoyait depuis toujours. Mais il n'osa pas lui en parler.

Ensuite, il fut surpris qu'elle n'utilise pas son téléphone dans le bus comme elle avait l'habitude de le faire. Et il se trouva ridicule. Elle ne devait tout simplement pas avoir envie de l'utiliser.

Il regarda alors le sien et y trouva une notification: « À l'aide ». Un message de Margaux qui datait de la veille et qu'il n'avait pas vu. Il regarda alors plus en détail et vit qu'en dessous Margaux avait envoyé « désolé ma petite sœur s'amuse à envoyer des messages avec mon téléphone ».

Mélis, qui s'était posé quelques questions, fut soulagé et reposa son téléphone. Lui et Margaux entrèrent dans l'enceinte du collège et y retrouvèrent leurs amis.

Les trois furent heureux de la retrouver si vite guérie. Si seulement ils avaient su...

Mélis, lui, la trouvant toujours étrange, la prit à part et lui dit: « Écoute Margaux. Je sais pas ce qu'il t'arrive mais tu m'as pas l'air bien... Il se passe quoi ?
- Moi ? Ah si ça va... »

Margaux regardait quelqu'un derrière Mélis. Quand ce dernier s'en rendit compte, elle tourna vite les yeux pour le regarder.

Mélis décida de ne pas insister d'avantage et l'alarme sonna. Les élèves marchèrent jusqu'à la salle de classe.

La peinture défraîchie sur les murs rendait le bâtiment presque angoissant. « Heureusement qu'on est six-cent là dedans... » se disait Mélis.

Il s'installa sur sa chaise dans un cours de Français. Il était assis à côté de Margaux et ils avaient l'habitude de discuter.

Mais Margaux ne semblait pas prédisposé à parler. Elle ne cessait de regarder autour d'elle, comme-ci tout le monde la regardait.

« Calme-toi Margaux, on est pas en EPS ! » Plaisanta Mélis.

Le silence qu'il reçu suffit à lui faire regretter ses paroles. Le cours se termina et les élèves sortirent dans les couloirs pour se rendre au prochain cours.

Mélis voulait réessayer de parler à Margaux mais avant qu'il n'y parvienne, un garçon appelé Clément lui attrapa le bras et se mit à sa hauteur.

Mélis ne lui avait jamais vraiment parlé. Il savait juste qu'il avait voulu sortir avec Margaux mais qu'il n'avait pas fait de demande quelques mois avant.

Il était brun et portait des lunettes autour de ses yeux gris.

« Eh Mélis..., commença-t-il, je voulais savoir... c'est quand la sortie théâtre ? »

Mélis état délégué de classe. Et il prenait ce rôle très à cœur. Alors il répondit: « C'est le jeudi de la semaine prochaine, deux jours avant les vacances. Tu vas retenir ?
- Ça devrait aller... » Prononça Clément avant de s'éloigner.

Quand ce fut enfin l'heure de la récréation, Mélis décida de reparler à Margaux. Alors qu'elle avait l'intention de parler avec Alix, il l'intercepta et lui demanda de lui parler.

« Tu veux me parler de quoi ? L'interrogea Margaux
- Écoute, je sais que tu fais tout ton possible pour le cacher mais... tu as changé depuis la dernière fois que tu es venue en cours, lui répondit Mélis
- De quoi tu parles ? Demanda faussement Margaux gênée, esquivant le regard de son ami
- Margaux je... s'il te plaît... arrête...
- Bon et bien on ne peut rien te cacher à toi ! S'exclama mollement Margaux, et bien en fait... je dois te dire quelque chose... Enfin voilà je... j'aime quelqu'un. »

Margaux remonta petit à petit son regard jusqu'à fixer Mélis dans les yeux. Mélis sentait son cœur trembler dans sa poitrine.

« Mais le problème c'est que c'est compliqué avec lui... » Le cœur de Mélis s'accéléra tandis qu'il regardait Margaux dans les yeux.

« Et ce garçon c'est... Margaux avait fait un pas et s'était rapprochée de Mélis. Quand à lui, il avait l'impression que son cœur allait lui déchirer la poitrine. « Ce garçon c'est... ils se regardaient tout deux dans les yeux,
Clément... »

Margaux tendait son bras vers Clément, qu'elle pointait du doigt.

Mélis, lui, eut l'impression qu'on lui donna un grand coup en plein visage. Un coup si violent qu'il fit disparaître toutes les couleurs qu'il voyait, comme ça, d'un coup. Le reste de la journée fut compliqué. Il ne pensait plus qu'à ce qui lui arrivait. Il trouvait ça presque comique.

Alors il rentra chez lui et décida directement d'arrêter Les Aventures de Satoru. Il enfoui sa tête dans son oreiller, il avait l'impression d'être tombé d'un arc-en-ciel et d'avoir atterri sur du bitume. Du bitume gris terne.

Le monde de Mélis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant