CHAPITRE QUARANTE-TROIS .2

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Tranit vit à quelques pas d'elle Adacie s'installer à l'angle des deux tables. La jeune fille lui lança un regard attristé et haussa des épaules. Le service avant tout.

Suwane et son cousin s'installaient à la table d'Erwan. Officiers et druides de différents grades s'installaient là où les enseignes le leur indiquaient.

Les trois tables n'étaient occupées que du côté extérieur, permettant à tout le monde d'avoir une vue d'ensemble des convives. Les officiers des différentes unités étaient mélangés, ceux du Barcus, ceux de Benwan, les hallebardiers de la garde du prince, les hussards de Cydrac.

Une majorité d'hommes, les deux tiers sans doute, mais les femmes présentes semblaient se sentir à l'aise en telle compagnie. Il y avait aussi quelques officiers, tous de taille fort moyenne, mais semblant dégager une impression de puissance contenue, couverts d'une étrange coiffure rouge qu'elle n'avait jusqu'à présent jamais rencontrée.

Plusieurs maîtres druides que l'enseigne lui indiqua comme appartenant à l'état-major de leur seigneur prophète prirent place parmi les invités. L'un d'eux présidait la table faisant face à la sienne.

On donna à Tranit un jeune capitaine de hussard comme voisin de droite et un lieutenant à l'étrange coiffure rouge à sa gauche.

Tous deux se raidirent en la voyant s'approcher de son siège et se mirent au garde-à-vous puis s'inclinèrent lorsqu'elle s'assit. Tranit leur rendit leur salut d'une brève inclinaison de la tête et les invita à prendre place.

La soixantaine de convives une fois assise se lava d'abord les mains comme le voulait la tradition puis Erwan se leva et désigna le vieux maître druide.

— Que le vénérable Oranax nous offre sa bénédiction pour ce repas.

L'homme faisant face à Tranit se leva et invoqua la protection des dieux et divinités sur l'assemblée. Tranit s'étonna qu'Erwan ne s'arrogeât pas le droit de la faire, reconnu comme prophète il pouvait s'en prévaloir, mais personne ne s'en étonna.

Les rites observés, les enseignes apportèrent les hors-d'œuvre alors que des musiciens commençaient à jouer des airs divertissants.

Tranit reconnut le petit pain carré dégusté lors du repas avec le prince et Lonig s'occupa de le lui ouvrir avec l'étrange couteau courbé d'un geste assuré.

La jeune femme tourna rapidement la tête vers ses deux voisins qui restaient bien silencieux alors que des conversations reprenaient à voix basse.

— C'est mon premier repas de ce genre avec vous tous. Je n'ai pas encore appris à ouvrir ce pain comme vous le faites, leur expliqua-t-elle.

— Mais avez-vous déjà mangé, lui demanda le capitaine de hussard, en ouvrant le sien d'un geste assuré.

— Oui, lors d'un repas avec le prince voici... Tranit hésita un bref instant en tentant de se rappeler quand cela s'était passé et se rendit compte que cela faisait seulement dix jours que c'était arrivé, une décade exactement.

Les deux officiers hochèrent la tête. Un enseigne arriva entre les tables et un petit gong retentit avant qu'il ne s'exclame.

— Ragoût de sauterelles fondantes aux champignons rissolés.

Des murmures appréciateurs se firent entendre alors que des serveurs venaient leur verser une louche d'un délicieux ragoût blanchâtre fort odorant dans lequel flottaient quelques morceaux de champignons. Le lieutenant se pencha vers Tranit.

— Sa seigneurie aime lors de ces repas faire annoncer les plats. Son cuisinier a dû faire un séjour chez les dieux, ajouta-t-il, en souriant.

Jamais personne ne peut l'égaler. Laissez quelques instants au ragoût pour imprégner le pain mon commandant, c'est divinement bon.

Le hussard intervint, amusé.

— Certes, certes, mais ce n'est que le premier service. C'est Mousse qui est aux commandes de la cuisine, il y aura d'autres plats. Si vous mangez tout votre pain, vous ne pourrez plus rien avaler par la suite.

Le lieutenant rougit de confusion.

— Je l'avais oublié. Un réflexe du terrain où souvent c'est notre seul repas quotidien.

— Ne vous excusez pas, intervint Tranit. Mais pardonnez-moi, je n'ai jamais vu une coiffure comme la vôtre. Vous n'êtes que cinq ou six parmi nous à la porter.

Le capitaine est un hussard de Cydrac, je connais ses hommes, mais vous ?

Tranit n'osait l'interroger plus, tant le jeune lieutenant tentait de rester naturel. Il cherchait ses mots et ses yeux brillaient d'une joie féroce, celle d'un chasseur.

— Oui mon commandant, nous ne sommes pas très nombreux. Je suis des dragons de la garde. Nous sommes une petite unité d'élite au service de sa seigneurie.

Il jeta un regard, que Tranit jurait être d'amour, à Erwan avant de poursuivre à voix basse.

— Comme nous ne sommes pas très nombreux, nous sommes en général toujours sur le terrain ou en garnison temporaire pour nous entraîner. Nous avons besoin des montagnes.

Luin, le premier commandant de Tranit était à la droite du dragon et se pencha vers Tranit.

— C'est un fantassin d'assaut mon commandant et ils n'ont pas besoin d'être géants comme ceux des chars pour être redoutables.

* * *

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant