CHAPITRE TRENTE-DEUX .4

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L'armurier fit monter le canon de la carabine sur le bloc culasse d'un fusil. Celui-ci s'adaptait parfaitement. Le magasin tubulaire était le même, juste un peu plus court pour la carabine. Tranit essaya à vide l'arme bricolée et se sentit plus à l'aise avec elle.

En fait, si la pompe pouvait aussi posséder une poignée verticale, la jeune femme pensait que cela serait encore mieux. La poignée du système d'armement était creuse, pour s'adapter autour du magasin. Il suffisait d'y visser une poignée de poignard.

Il retourna à son chariot pour le faire avec du matériel récupéré. Tranit en profita pour aller marcher dehors et fumer une petite pipe de chanvre. Elle observa les fantassins s'entraîner, comment ils s'organisaient sur trois rangs avant d'avancer en colonne en suivant le rythme donné par un tambour. Le but était de les faire réagir instinctivement ; rapidement. Leurs officiers réfléchissaient pour eux.

Plus loin, les cavaliers tiraient au petit trot sur des cibles placées sur un parcours. Ses deux enseignes étaient avec eux et s'exerçaient sous l'œil attentif d'un sous-officier à la voix rocailleuse. La petite Lonig, minuscule sur son dorkis semblait bien s'amuser.

Adacie appela Tranit, l'armurier étant revenu plus rapidement qu'elle ne le pensait. Le lieutenant lui montra les deux pièces modifiées. La crosse-poignée se fixait fermement sur le bloc culasse et la poignée de pompe était fixée à celle d'un poignard, facile à agripper.

L'armurier fixa l'ensemble à l'arme déjà modifiée et fit fonctionner plusieurs fois le mécanisme avant de laisser Tranit s'exercer.

Il lui sembla bien ressentir la différence dans ses gestes, la facilité que cela lui apportait. Tranit tendit la carabine à Adacie et lui demanda de s'y essayer à son tour. La jeune fille restait dubitative. Ils se rendirent aux cibles et l'armurier leur fit installer un coin à elles pour s'exercer.

Tranit n'engagea que quatre cartouches dans l'arme qu'elle avait fait modifier et visa les cibles à soixante pas pour un premier essai.

Elle avait vraiment l'impression de mieux tenir l'arme, que ce soit en position couchée, debout ou assise. À chaque fois, il lui semblait que le poids de la carabine était mieux réparti. Elle tira deux cartouches allongée et deux autres debout sans aucun souci.

Elle demanda à Adacie de s'y essayer aussi puis à l'armurier. Lorsqu'ils allèrent voir les cibles, chaque coup avait fait mouche, mais l'armurier remarqua un dispersement moindre.

Ils recommencèrent en comparant le pistolet long, la carabine à levier et celle à pompe. Tranit distribua assez de lunes d'argent pour que l'armurier accepte de faire un trou dans ses réserves de munitions.

Une heure de tir à eux trois ainsi qu'avec les trois armes fut suffisante pour confirmer l'impression de Tranit. La rapidité était légèrement supérieure ainsi que la précision, surtout sur des cibles à cent vingt pas.

Adacie et l'armurier le reconnurent aussi. La petite Lonig fut appelée pour essayer à son tour et malgré son petit gabarit, elle put la maîtriser plus facilement que l'arme à levier.

Lorsqu'ils se retrouvèrent à l'ombre de son chariot, l'armurier regarda Tranit avec une certaine admiration.

— Mon commandant, je ne sais quoi dire. Je doutais un peu lorsque vous avez commencé à en parler.

— Je n'en étais pas sûre moi-même, mais j'avais besoin de vous poser ces questions.

— Maintenant, ça ne peut pas rester comme ça. Je dois faire un rapport détaillé pour le sénéchal et sa seigneurie. L'adjudant Liénel va sans doute venir me voir. Vous pouvez me confier l'arme quelques heures.

— Je reste ici pour parler avec les officiers. Je voudrais seulement que la poignée au niveau de la pompe se rabatte pour que l'arme puisse se ranger dans un étui. Vous pourriez faire ça ?

— On va s'arranger mon commandant.

Tranit regarda Adacie.

— Tu veux aussi modifier ta carabine ? Nous serons les deux seules à posséder une telle arme.

La petite lueur dans ses yeux était déjà une réponse en soi, mais la jeune fille semblait hésiter. Tranit poursuivit.

— Et tu sais bien que nous pourrons remettre les armes en état s'il y avait le moindre souci.

L'armurier confirma.

— Évidemment mon commandant. Je vous laisserai les culasses et les crosses d'origine. En quelques minutes vous pourrez ramener la carabine dans sa configuration initiale.

Adacie se laissa convaincre et l'armurier retourna à son chariot pour y rédiger son rapport. Tranit et Adacie remontèrent dans le chariot de commandement et s'installèrent autour de la table. Les amusements étaient finis, il y avait des choses sérieuses à faire.

Un message fut envoyé au camp pour qu'un enseigne apporte les montures des deux jeunes femmes, Tranit appréciait le chariot et savait qu'Adacie avait besoin de reposer sa blessure, mais c'était un peu fatigant d'être toujours à l'intérieur.

Un retour en dorkis serait un moyen de prendre l'air, de souffler un peu. La petite Lonig s'occupa d'envoyer le message.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant