Chapitre 21-Ne jamais le regarder

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"Et c'est pourquoi, je déclare que l'ONU s'engage à envoyer une aide militaire, financière et matérielle."

La jeune femme appuya sur le bouton off du micro, reposa son casque, se retourna vers son collègue de gauche, lui sourit gentiment et poussa un soupir.

La conférence de quatre heures venait de se terminer et traduire tout cela en direct était compliqué. Elle secoua la tête, faisant bouger tout doucement ses cheveux châtains clairs qui lui arrivaient aux épaules. Elle les avaient lisser pour l'occasion, avait revêtu son traditionnel tailleur.

Tous les traducteurs se levèrent en même temps, comme une seule entité et se dirigèrent vers la sortie.

Ils s'engagèrent dans un des long couloir de l'ONU, et croisèrent toutes sortes de personnes, de la femme de ménage aux plus hauts dignitaires.

La jeune femme faisait claquer ses talons sur le sol en bois.

Les traducteurs finirent par entrer dans la salle de réception. Ils retrouvèrent les personnes les plus influentes du milieu des affaires internationales.

La femme attrapa un verre de champagne, le porta à ses lèvres.

Une femme d'une soixantaine d'années, d'origine coréenne s'approcha d'elle. C'était la secrétaire de l'ONU.

"Bravo mademoiselle McConnor, le président français et l'ambassadeur n'ont pas tarit d'éloge sur votre traduction, claire, précise, rapide et naturelle. Je voulais aussi vous parler de la prochaine conférence sur la situation en Corée du Nord et..."

Le regard d'Intissar s'était posé sur l'homme derrière son interlocutrice, et dès lors, elle n'avait plus prêter importance aux paroles de la femme.

Le monde s'était arrêter de tourner. Le garde du corps de la secrétaire avait lui aussi regarder Intissar.

La lèvre de la jeune femme se mis à trembler, elle s'excusa, prétexta un mal de tête pour se retirer.

Une fois hors de la salle, elle enleva des talons et couru aux toilettes, elle s'y enferma, rabaissa la cuvette et se prit la tête dans les mains.

C'était lui, il faisait plus homme, plus déterminé, il avait prit de la carrure, mais sinon, il était le même. Ce sourire en coin, ses yeux rieurs, ce regard fier, les muscles de sa mâchoire...

"Hugo..." Murmura Intissar.

Elle resta dans les toilettes pendant deux heures, deux heures à repenser au passé, à lui, à eux, à Jawed... Son cœur se serra. Déjà six ans depuis qu'ils étaient morts.

"

Hugo" ce nom ne quittait pas son esprit. Le nom du premier amour d'Intissar, les années avaient passé, elle n'avait pu de l'avouer que quelques mois auparavant. Elle avait été amoureuse.

Des larmes perlaient aux coins de ses yeux, elle les essuya, ressortir et se planta devant le miroir. Elle prit appui sur le lavabo et se fixa tout en se répétant de ne pas pleurer.

Une fois son assurance retrouvée, elle se résigna à quitter son refuge et à sortir du bâtiment.

Elle dévalait les marches à toute allure et une fois arrivée en bas, elle se figea.

"Tu m'évites ?

-Non. répondit la femme. Mais la secrétaire n'est pas en danger sans toi ?"

Hugo esquissa un de ses sourires dont il avait le secret et répondit :

"Non. Un autre a prit la relève."

Il était appuyé contre sa moto. La même qu'avant. Intissar déglutit nerveusement et rétorqua :

"Sur ce. Au revoir"

Elle tenta de s'en aller mais Hugo la retint par le bras.

"Tu te fous de moi ? Tu es partie il y a six ans, six ans sans nouvelles et quand je te retrouve tu tentes encore de t'en aller ?"

Intissar se retourna vers l'homme. Elle ne pu retenir ses larmes. Elle pleurait en silence, soutenant le regard d'Hugo.

"JE SUIS PARTIE SONT MORTS, QUE JE ME SENTAIS FAUTIVE ET QUE TOI ET MOI ÇA N'AURAIT JAMAIS MARCHER. Non, jamais." La phrase criée par la jeune fille se finit dans un souffle.

Hugo de passa la main dans les cheveux, il ne savait pas quoi répondre, oui Jawed et Mara étaient morts, mais c'était de leur faute. Ils avaient voulu jouer. Ils avaient perdu.

Quand à India, elle avait fait don de sa vie.

"Je suis désolé Intissar, mais je n'ai pas le pouvoir de les faire revenir. Bien que je ressemble à Mario Casas et que c'est perturbant, on est pas dans trois mètres au dessus du ciel, tu ne vas pas me hanter toute ma vie. Jusqu'à aujourd'hui je n'ai jamais rencontré une femme comme toi, mon cœur a toujours été tien malgré ces six ans malgré que l'on ne se soit jamais dit que l'on s'aimait. Mais si, maintenant, tout de suite, tu me dis que tu m'as oublié, que tu ne m'aimes pas ou plus, alors je remonterais sur cette moto sans toi, et je te laisserais ici, et hors de ma vie. Je suis pas romantique, je ne vais pas t'attendre plus, pas te faire de promesses. Alors c'est ici et maintenant. Ou jamais."

Intissar regardait l'homme qui se dressait devant elle avec incertitude. Venait il de lui dire qu'il l'aimait ?

Elle était divisée en deux, entre son cœur et son esprit. Sa raison et ses sentiments.

Mais obéir à ces sentiments, n'est ce pas une preuve de faiblesse ?

Hugo semblait lire dans ses pensées, il tenta une dernière fois de lui parler :

"Tu n'es pas faible."

Face a aucune réactions de la part de la jeune femme. Il secoua la tête. La regarda une dernière fois comme pour graver son visage dans sa mémoire et tourna les talons. Il monta sur sa cylindrée, fit rugit le moteur, regarda l'horizon, au fond de lui il espérait que la jeune fille monte derrière lui comme avant. Mais la vie n'est pas comme dans les films. Sa taille ne fut pas serrée. Il contracta sa mâchoire et partit à toute allure, laissant Intissar à jamais derrière lui. Il ne se retourna pas.

La jeune femme ferma les yeux quelques instants et murmura : "Pardonne moi, je t'aime et je t'aimerais"

Elle retourna dans l'enceinte du bâtiment. Quittant Hugo à tout jamais.

Elle espérait ne jamais le revoir, heureusement qu'elle croisait rarement voir jamais la secrétaire de l'ONU.

Le passé, les souvenirs peuvent ressurgir à tout moment, mais parfois, certaines choses doivent rester au passé. On ne peut pas revivre deux fois la même histoire, chacune est unique.

Mais certaines fois, le passé laisse aussi quelques marques indélébiles.

Fais moi taireWhere stories live. Discover now