OS // Unité // (Pansarry)

Start from the beginning
                                    

Crier ne sert plus à rien, elle se sent prisonnière d'une boucle où les cris font échos dans sa tête comme des éclats de rires, son propre rire se fondant en sanglot qui jamais ne cessent. Personne ne voit rien, lorsqu'elle enfonce ses doigts dans sa gorge jusqu'à vomir tout ce qui lui permet de tenir debout, pour détruire son corps et se sentir vide, enfin, personne n'est là quand elle fait voler en éclat tout ce qu'il y a autour d'elle, quand ses poings s'écrasent contre son visage, ses côtes, quand son nez saigne à en vider son corps, tache ses vêtements, personne n'entend rien quand elle crie si fort qu'elle en a la tête qui vrille contre le vide, le visage enfoncé dans un vieil oreiller qui s'emplit de larmes et d'hémoglobine jusqu'à l'implosion. Personne. Jamais.

Quand les gens sont là, tout va mieux, son corps est rafistolé, se laisse balloté comme un pantin désarticulé, son âme cassée renvoi un reflet pâle de vie et de désillusion, dans ses yeux clairs et ses lèvres roses. Et personne ne s'en soucie. Personne ne voit, personne ne sent, personne n'entend. Il n'y a qu'elle, et elle se noie.

Pansy s'accroche à des ombres pliées qui errent elles aussi sans but, qui s'auto-détruisent en la tirant vers le fond. Elle tient bon, elle se tue pour eux, elle fait tout ce qu'on lui dit, elle crache sur son propre corps pour pouvoir continuer d'exister pour ces lambeaux humains qui sombrent. Elle subit les injures, de ses égaux, de ceux avec qui elle a grandi, subit le regard plein de dégoût que Draco pose sur elle chaque fois qu'il la regarde, elle qui n'a jamais cherché que son amour, elle subit les mains qui se glissent contre ses courbes au détour d'un couloir, lui donnant des nausées destructrices, le souffle de Zabini lorsqu'il l'a force à l'immobilité dans les ombres du soir, ses mains serrant si fort ses poignets mutilés qu'elle les sent se briser. Elle subit les sortilèges qui fusent dans ce manoir vide où elle a grandi, les marques gravées de force dans sa chair par un père mécontent, qui n'attend d'elle que la résurrection d'une époque de noirceur. Elle obéit, subit l'ignorance de ceux qui peuvent aimer sans en mourir à chaque seconde. Et elle a honte de son corps, honte d'elle même, honte de vivre.

Pansy mord son poing, elle mord ses doigts de toutes ses forces pour tenter d'étouffer tout ce qui s'échappe de son corps sans qu'elle ne le contrôle. Ses hurlements résonnent dans les couloirs déserts, jusqu'aux tréfonds de son âme, ses yeux exorbités sont congestionnés de larmes intarissables qui se déversent sans discontinuer, le sang de répand dans sa bouche, coule contre ses bras, imbibé ses manches déchirées, et elle ne parvient pas à cesser de crier. Ses poumons sont vides, l'air ne rentre plus, il lui échappe, mais les sanglots éclatent toujours d'elle entre deux râles de douleur, insupportables à ses oreilles. Elle ne sent pas ses dents qui déchirent sa propre chair, ses lèvres qui se fendillent, la bile qui brûle son palais, elle ne sent rien à part son cœur qui déborde, et ces cloches dans sa tête qui frappent, frappent, frappent.

Et Pansy ne sait même plus comment tout faire cesser, comment tout arrêter.

Elle a mal, mal, mal.

Tassée, son corps replié sur lui même, elle frappe le sol encore et encore, avec sa tête, avec ses mains en sang, et ses os se brisent contre la pierre sans qu'elle ne sente rien. La panique se mélange à l'horreur de l'existence, la panique de ne plus rien comprendre, de ne plus se sentir humain, de ne plus pouvoir faire semblant, de ne plus supporter. Elle crie, elle crie sans s'arrêter, parce qu'elle ne le peut pas, parce que son cerveau a cessé de fonctionné, parce que plus rien ne lui obéit.

Lorsque son prénom fuse au bout du couloir, c'est à peine si elle l'entend, couvert par tout ce qui tourne autour d'elle. Les images, les sons, les sensations. Elle a l'impression que ces mains étrangères se faufilent toujours entre ses cuisses tandis qu'elle retient ses nausées, elle a l'impression que le regard des autres brûle son épiderme, que les mots se gravent dans son bras, que les ongles s'enfoncent partout dans son corps, que tout est transpercé par des aiguilles de verres qui se brisent à chacun de ses mouvements.

Ꮚizard's Ꮚorld Ꭶtory Ᏼook Where stories live. Discover now