Chapitre 2 - L'odeur des frites -

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Bonjour ! Comme j'ai changé la couverture ça m'a donné envie de reprendre ♥

*

Je lance de toutes mes forces le sac encore plein de bonnets dans un recoin de ma chambre et me laisse tomber sur mon lit en soupirant. Bien que Ruben soit encore au bar avec Alec et les autres je peux presque l'entendre se moquer de moi. Tout l'après-midi j'ai tenté de vendre ses foutues bonnets alors que le soleil du printemps pointe enfin le bout de son nez.

Il y a bien Germaine, la mamie d'en face qui a bien voulu en prendre deux pour ses chats. Mais je ne me voyais lui demander de me les payer. Les bras étendus sur mon lit, je regarde le plafond et distingue les traces de colle que Ruben avait laissé en arrachant une par une mes étoiles fluorescentes. Quand mon téléphone portable vibre à côté de mon oreille. Je m'en saisis maladroitement, l'objet de cinq pouce, me tombant au coin du visage.

– Maudit téléphone, râlé-je en me redressant et m'asseyant en tailleur sur mon lit.

Je devine sans mal que c'est mon meilleur ami qui vient de m'envoyer un message :

T'as tout vendu j'espère ! R

J'ai envie de l'envoyer se faire voir chez les grecs, de lui dire qu'il n'a qu'à s'étouffer avec son Ricard. Et si je lui avoue la terrible vérité, je vais en entendre parler toute la soirée. Je dois trouver une tenue parfaite pour ce soir en plus, quelque chose qui plaise à Gabin. Une seconde vibration m'interrompe.

Tu réfléchis à ta réponse je le sais, t'en fais pas on partagera les gains de mon talent ;). R

Va te faire Ruben. C

Moi aussi je t'aime Castille. R

Je balance mon téléphone à l'autre bout de ma chambre, il rebondit sur ma chaise de bureau et tombe sur le tapis à poils longs plus loin. Je l'entends encore vibrer et l'écran s'allumer à plusieurs reprises. D'un bond je fonce vers ma penderie, il doit bien y avoir une robe que je n'ai jamais mis. Mais est-ce que ça vaut le coup que je porte des talons ? Le sol du gymnase est une vraie patinoire. Et si je m'étalais de tout mon long, que ma robe se déchirait alors au même moment et que tout le monde verrait ma culotte à petits cœurs roses. C'est ma favorite, celle qui me porte chance et que j'aurai le jour où je devrais le faire avec Gabin.

Si Ruben connaissait ce secret, ce ne serait déjà plus un secret et il ferait en sorte de la brûler. J'ai l'impression qu'il n'aime pas beaucoup Gabin, ça me brise le cœur mais j'ai l'intime conviction qu'il faudrait que je m'éloigne de mon ami pour attirer le capitaine des basketteurs dans mes bras.

Je fouille mon armoire à la recherche d'un jean tout neuf à trou, j'ai presque du mal à fermer le bouton et je pense qu'il est temps de faire régime. Je ne dois plus prendre un gramme pour plaire à Gabin, toutes les pompons girl sont bien mieux foutu que moi. J'enfile un T-shirt avec un décolleté en V, prenant soin de mettre le soutien-gorge le plus pushup que j'ai. Je mate mes cheveux et les coiffe d'une queue de cheval et applique une bonne couche de mascara pour agrandir mon visage.

Je ne suis pas parfaite, mais je pense avoir toutes mes chances. Je saisis ma veste en cuir et fonce à l'arrêt de trame. Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle je vais rentrer, si ma mère sera à la maison ou si Ruben prendra sa voiture. Tout ce que je sais c'est que ce soir c'est mon soir !

*

Je soupire d'aise en ayant pris la bonne décision, mettre des converses pour réussir à rentrer dans le gymnase alors qu'une foule immense stagne devant la porte. Je reconnais quelques têtes mais sans en être certaine, je cherche Gabin et son équipe en vain. Je dégaine mon téléphone portable de ma poche, évidemment dans la précipitation je n'ai pas pensé à le charger. Je devrais faire avec les trente pourcents qu'il me reste. J'ouvre les messages de Ruben.

Vraiment. R

Tu pourrais au moins répondre. R

Il va faire froid ce soir, n'enfile pas une minijupe. R

Tu sais on dit bien en avril, ne te couvre pas d'un fil. R

Normalement c'est à ce moment-là que tu réponds, et en mai fait ce qu'il te plait. R

Ce qu'il peut être lourd, il est trop protecteur c'est aussi pour ça que je n'ai jamais embrassé personne. A part lui à sa fête d'anniversaire de ses treize, c'était un pari ridicule. Et aujourd'hui à force d'être collés ensemble, de faire les quatre cent coups, tout le monde pense la même chose. Que nous sommes en couples. Je sais que Ruben se cache derrière cette amitié fusionnelle pour dissimuler sa véritable orientation sexuelle. Son père est un homme sévère, il ne le tolèrera jamais.

Prenant mon courage à deux mains, j'avance vers la porte où la foule s'agite toujours plus. Le match commence dans une petite heure et des Food trucks se sont installés à l'extérieur du bâtiment. L'odeur de gras et des frites baignant dans l'huile me rappelle que je n'ai rien avalé depuis midi. Je meurs d'envie d'aller me chercher une barquette de frite, recouverte de ketchup et de mayonnaise. Mais je ne peux pas me le permettre, pas avec mon jean qui me serre déjà au niveau des hanches. Mon téléphone sonne cette fois-ci, je reconnais la photo de Ruben et moi dans la piscine cet été quand son nom apparait en dessous. Je décroche humant une dernière fois l'odeur de frites.

– Est-ce que tu sens cette odeur de friture, et tu as vu qu'il y avait aussi des saucisses blanches ? me demande Ruben à l'autre bout du combiné.

– Je préférerai éviter ?

– Pourquoi ? Tu n'as plus de sous ? En même temps quand on enfile un jean avec des trous, se moque-t-il.

– Tu me vois ?

Je suis vexée, il pourrait au moins faire un compliment sur ma tenue, il n'a pas du tout l'œil avisé. Une jolie fille pourrait se présenter à lui qu'il n'aurait aucun tact, c'est un bourrin brut de décoffrage.

– Rejoins moi devant la buvette.

Et il raccroche subitement comme il a l'habitude de faire, en plus d'être brute, il est maladroit, insupportable et sans gêne. La faim finissant par avoir raison de moi, je daigne rejoindre mon meilleur ami devant le stand des boissons. Je suis surprise quand je l'aperçois enfin, lui aussi a fait un effort vestimentaire, il porte son cuir noir fétiche, un slim bleu marine et des chaussures de ville en cuir. Ses cheveux sont pour une fois coiffés, il a tenté de plaquer quelques mèches en arrière, mais certaines retombent sur son front.

Il est presque charmant, une bière dans un gobelet en plastique dans la main en train de bavarder avec Alec et sa troupe. Des filles, trop jolies, se sont rajoutés au groupe, ils sont une dizaine à discuter en cercle. Alec donne un coup dans le dos de Ruben qui renverse un peu de sa boisson au sol.

– Attention mon gros, ce breuvage a été béni des dieux ne le sacrifie pas de cette manière !

Ils rient en cœur, il y a quelque chose entre eux que je n'arrive pas à identifier mais je n'aime pas la sensation que cela me procure. J'ai un nœud à l'estomac et mes oreilles se mettent à siffler. Je me précipite pour interrompre leur échange, bousculant par la même occasion Ruben qui perd la moitié de sa bière cette fois-ci.

– Castille !

– Pardon excuse-moi, je n'ai pas fait exprès !

Je tente de m'excuser comme je peux, je ne sais pas pourquoi s'agit de cette façon. Je devrais pouvoir comprendre que mon meilleur ami était en train de draguer un autre garçon. Contre toute attente, Ruben sourit et me tend son verre à moitié vide.

– Tu n'as qu'à la finir si tu en voulais vraiment, pas besoin de me sauter dessus.

– Je ne t'ai pas sauté... commencé-je avant d'être interrompu par les nouvelles filles qui se sont incrustées.

– On va choisir une place tout en haut des gradins, Ruben tu te mettras à côté de moi ? lance une des blondes de la troupe.

Mon sang ne fait qu'un tour, cela fait des années que mon ami se met toujours à côté de moi. Et je regrette de les avoir rejoint quand Ruben répond :

– Avec plaisir ma belle.

*

Alors vous en pensez quoi ? ❤️

Be my Lover [Terminé]Where stories live. Discover now