Chapitre 9| Le Cambrioleur

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Onze ans plus tôt -

- Nous ne devrions pas nous attarder dans cet entrepôt, commenta une voix féminine tandis que la lumière du jour entrait par un trou dans la toiture.

Jason se retourna, braquant le regard sur la porte du hangar, qui était verrouillée de l'intérieur. Il se tenait assis sur une caisse qui devait faire sept fois son poids, et attendait patiemment que les rotors de l'hélicoptère s'éloignent. C'était le troisième en une journée. A ce rythme-là, ils ne resteraient pas cachés bien longtemps. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils ne se décident enfin à explorer l'entrepôt. Et alors quand ce jour arriverait, ils seront tous les trois piégés.

Moyennement rassuré, Jason reporta son attention sur les deux autres. Arya était occupée à consulter le plan du bâtiment accroché au mur désaffecté, et cherchait du doigt les éventuelles sorties, au cas où la police débarque subitement. Pour une raison qui lui échappait, cette dernière était déterminée à suivre son petit ami jusqu'au bout, quitte à se faire abattre par leurs assaillants si cela pouvait lui faire gagner un peu de temps. Jason se disait souvent qu'il avait de la chance d'avoir une âme-sœur aussi dévouée, prête à se sacrifier au besoin pour le protéger, aussi attentionnée et bienveillante. Cela lui rappelait quelque fois sa propre mère.

- Ils ne peuvent pas nous laisser tranquilles ces bestioles ! grommela une voix éraillée, entre deux bouchées.

Et enfin il y avait David. David le voleur de pacotilles, qui n'en avait volé qu'une seule dans sa vie, pour l'avoir rendu tout aussitôt à ses propriétaires en s'excusant. David le cambrioleur, qui n'arrivait même pas à tenir une arme sans trembler des mains. David l'escroc de bon marché, qui perdait tout le temps aux jeux. David l'ancien millionnaire submergé par ses dettes et ses prêts non-remboursés. Un vaurien alcoolique comme on n'en avait jamais vu auparavant. Un bon à rien sans un sou en poche pour se payer une bouteille. Et en plus de ça un compagnon de voyage plutôt désagréable.

Il était tranquillement accoudé à un chariot-élévateur, et grignotait les restes d'un sandwich thon-moutarde déniché dans les poubelles d'Intermarché. Sur une caisse à côté de lui trônait une bouteille de bière à demi-vide, qu'il avait eu le bonheur de trouver sur une table de pique-nique.

« Ça fait des heures qu'ils tournent en rond, ajouta-t-il.
Je me demande bien pourquoi ils ne sont pas partis depuis ! »

Le ton qu'il employait toujours pour faire des remarques avait beau être un peu désobligeant, pour une fois Jason fut d'accord avec lui.

Depuis ce matin, trois hélicoptères passaient le secteur au peigne fin, Jason était convaincu qu'ils les avaient trouvé depuis longtemps, alors pourquoi n'attaquaient-ils pas ? Ils attendaient peut-être que les trois fugitifs sortent de leur trou pour les abattre comme des lapins ? Ou peut-être leur objectif n'avait jamais été de les tuer mais plutôt de les capturer ? Peut-être les voulaient-ils vivants ?
Depuis quelques jours la présence des autorités s'était fortement accrue dans toute la région. Des centaines d'hommes et de femmes s'étaient mobilisés pour les attraper. Il y a cinq jours, la présence de l'armée dans les égouts les avait contraint à abandonner le réseau de souterrains de Carabest, la ville voisine, pour la surface. Traqués sans relâche dans chaque village, chaque contrée habitée, Jason et Arya avaient fuis jusque dans le secteur industriel désaffecté de Carabest. Mais ils avaient compris trop tard que c'était un piège et qu'ils venaient de s'y jeter la tête la première. Les autorités encerclaient en ce moment-même le périmètre. Ils savaient où les fugitifs se cachaient, mais ne venaient pas.

Ce que Jason n'était pas parvenu à comprendre, c'est que personne en France ne se posait de question par rapport à ce mouvement de l'armée. Personne ne semblait se rendre compte qu'une traque était à l'œuvre depuis plus d'une semaine. Plus précisément depuis la dernière fois qu'Arya et lui s'étaient évadés de prison. Mais pourquoi les recherchaient-ils une fois encore alors qu'ils savaient pertinemment qu'aucun mur ne lui résistait ? Les autorités étaient trop entêtées à l'idée de le mettre en cage qu'ils en oubliaient la façon dont il s'évadait à chaque fois. Si seulement personne ne l'avait dénoncé la première fois... si seulement il n'avait pas utiliser accidentellement ses pouvoirs sur un élève de la classe il y a huit ans.
Ça aurait changé bien des choses. Arya et lui seraient probablement toujours en orphelinat, et sans doute finiraient-ils leur scolarité ensemble, sans problèmes. Mais il a fallu que six ans après l'incident, alors qu'il pensait que tout le monde l'avait oublié, un type en uniforme débarque à l'orphelinat :

ONE LEGACY T02 : Protension [En Pause]Where stories live. Discover now