Chapitre 5| La Traque

24 4 0
                                    

Onze ans plus tôt -

Dans le bureau n°13 du troisième étage existait une araignée. Une araignée de petite taille suivant l'opinion publique mais de taille moyenne pour ses frères et sœurs de même espèce. Elle était ni grosse, ni poilue, ni venimeuse, et ne correspondait donc pas aux critères de beauté à proprement parlé chez les arachnides. Ce pouvait être pour cette raison qu'elle tissait toujours seule dans un coin de la pièce, délaissée et abandonnée. Ou peut-être qu'en réalité notre petite couturière aimait pleinement sa solitude, peut-être avait-elle choisit de quitter ses congénères pour vivre à l'écart et fonder sa petite famille ?
Mais voyez-vous, notre araignée ne s'était pas encore décidée à fonder de progéniture, elle aimait trop son indépendance pour ça. Cela faisait donc quelques années déjà qu'elle tissait son propre réseau de toiles dans un sombre recoin mal-éclairé de la pièce qui était devenu son foyer.

Elle se nourrissait de mouches, papillons et autres pauvres insectoïdes volants qui avaient le malheur de se prendre dans son filet. Notre petite couturière pensait à tort ne pas être la seule à se partager les dix-sept mètres carrés, alors qu'en fait tous les frères et sœurs qu'elle avait connu - avaient depuis longtemps été aspirés par la femme de ménage. Elle était donc la seule araignée du bureau n°13, une survivante qui ignorait en être une. Mais hélas cette petite arachnide solitaire qui n'avait fait de mal à personne commit une erreur impardonnable, comme bon nombre d'araignées avant elle. Elle profita d'un mois de congé payé réclamé par le propriétaire du bureau, pour étendre sa toile au-delà des limites qu'il lui était permise. A mesure que son âge s'avançait, son appétit vorace ne fit que croître avec le temps et notre bonne couturière solitaire étendit son territoire de chasse dans toutes les directions.

Malheureusement pour elle, la maligne se fit surprendre par la femme de ménage, et se réfugia dans le grand pupitre qui occupait l'espace central. Des semaines passèrent et notre vieille araignée vierge et solitaire, qui avait commis l'erreur de s'étendre plus loin que le propriétaire du bureau le lui permettait, sortit enfin de sa cachette. Elle pensait sans doute que la faim finirait par avoir raison d'elle, mais elle se trompait. Elle aurait sûrement pu vivre encore longtemps si un classeur ne l'avait pas écraser un dimanche 26 novembre, mettant fin à ses pensées négatives, ainsi qu'à sa misérable vie.

- Ah ça non cela a assez duré !

était assise à son bureau, les doigts encore crispés sur le classeur qu'elle venait d'abattre sur la table avec fureur. Elle avait les yeux rivés sur la personne qui lui faisait face et le fusillait du regard. Difficile de fusiller du regard une personne qui porte des lunettes tout de même.

- Allons calmez-vous ! dit l'homme debout, d'un air désintéressé. Je vous ai déjà expliqué mes motivations.

La femme qui le fixait des yeux avec un mélange de colère et d'angoisse répliqua aussitôt :

- Vous me demandez d'engager plus d'agents dans votre traque de ces deux énergumènes !

- Ce ne sont pas des énergumènes mais bien des fugitifs, corrigea l'homme. Des délinquants qui se sont échappés de plusieurs de vos prisons grâce aux mystérieux et fabuleux dons du garçon.

- Mais ce ne sont que des enfants ! protesta ouvertement la femme en abattant de plus belle ses mains déjà moîtes de sueur sur le bureau pour manifester son mécontentement.

- Croyez-vous que de simples enfants s'évaderaient d'une cellule sous haute surveillance comme si ce n'était qu'un vulgaire bac à sable ? Vous pouvez toujours penser que ce ne sont que des enfants, mais pensez bien qu'ils se sont récemment associés avec un cambrioleur bien connu de vos services, rétorqua l'homme d'un ton d'extrême gravité.

ONE LEGACY T02 : Protension [En Pause]Where stories live. Discover now