ONE LEGACY T02 : Protension [En Pause]

Prologue

A mes amis, à ma sœur, à mes parents.

______________________________________

Onze ans plus tôt -

- Jason !

Le sol était froid, froid et dur, le plafond et les murs faits du même matériau froid et dur, et la pièce humide sentait le renfermé. Une goutte tomba du plafond pour s'écraser sur son nez, et il apprécia un instant ce petit rafraîchissement momentané, qui le débarrassait de la poussière omniprésente des lieux. Des voix se faisaient entendre de l'autre côté de la cavité, mais elles paraissaient tellement lointaines, à peine audibles, presque irréelles. Il sentit une deuxième goutte se former au plafond, mais il n'avait pas besoin de la voir pour la sentir, il sentait l'humidité se former en un seul point, pour la première fois l'eau avait pris une forme. Mais il gardait toujours les paupières closes.

« Jason ! »

Quelqu'un lui agrippait le bras en lui faisant de petites secousses pour le réveiller. Oh ! Et c'est alors que cette deuxième goutte se décrocha du plafond pour s'écraser sur son menton, il la lécha et goûta délicieusement le frais parfum d'eau douce, lui propageant une brève once de plaisir. Ah ! Et puis une troisième goutte vînt à se décrocher elle-aussi et...

« Jason !! Je t'en pris, allez ! Lève-toi ! » supplia une personne près de lui.

Ce n'est qu'à ce moment que Jason ouvrit pleinement les yeux. Il reconnut Arya à ses côtés, puis tendit l'oreille vers la porte de la cave dans laquelle ils avaient trouvé refuge. Des bruits de pas se faisaient de plus en plus entendre en haut, et les voix se rapprochaient jusqu'à pleinement devenir compréhensibles.

- Où sont-ils ?! demanda quelqu'un.

- Il faut les trouver au plus vite ! répondit fermement une autre voix, plus masculine et plus forte que la précédente.

- Allez ! Cherchez encore ! ordonna sèchement une autre voix, d'un ton toujours plus froid et plus acerbe.

Quand il entendit cette voix, les poils de Jason se hérissèrent et tout son corps frémit, il connaissait cette voix... mais ne saurait dire à qui elle appartenait. Pendant un instant qui dura une éternité, le jeune couple restait là, à attendre, à espérer qu'ils ne les repèrent pas, osant à peine respirer, et priant silencieusement pour que les intrus s'en aillent au plus vite.

- Ah ! s'exclama soudain la première voix avec une pointe de satisfaction. Et à ce mot, une sueur froide parcourut l'échine des deux fugitifs.

« Je crois que j'ai trouvé ! dit-il triomphalement à ses supérieurs. Regardez par ici, il y a une échelle qui descend dans la cave. »

- Ça doit être ça ! beugla aussitôt la troisième voix, et Jason pût entendre environ une vingtaine de pas précipités qui couraient vers l'accès indiqué.

- Nous devons partir ! le pressa Arya en lui pinçant plus fortement le bras.

- D'accord. finit-il par répondre d'un ton indifférent, essayant toujours de deviner le nombre de soldats qui devait y avoir en haut. Puis c'est alors qu'il remarqua la troisième personne allongée, qui avait, comme eux, trouvée refuge dans cette cave.

- David ! jura-t-il entre ses dents avant de se précipiter sur lui et de remuer l'intéressé étendu pénardement sur sa couchette, pour le réveiller.

- Mmmh, quoi qu'est-ce qu'il y a ? marmonna ce dernier en ouvrant difficilement les paupières, visiblement contrarié d'avoir été interrompu en plein rêve, un rêve qui ne pouvait pas être si désagréable que ça.

- C'est les flics ! expliqua Jason le plus posément possible. Ils nous ont trouvés !

David était un voleur et un escroc de premier choix. Dernier descendant d'une famille nombreuse, d'abord riche propriétaire d'une villa, avant qu'il ne dépense tout son argent dans les jeux et qu'il se voit petit à petit endetté et dépossédé de tous ses biens, pour être finalement jeté dans la rue, complètement ruiné. Depuis lors, il était devenu très exactement ce qu'il méprisait par le passé, un mendiant. Un pauvre sans-abris essayant de gagner suffisamment pour satisfaire ses deux repas, par charité ou par vol. Il avait appris à vivre dans la crasse, parmi les ordures des riches et la misère des vivants, apprenant à voler une miche de pain, une couverture, ou même un oreiller aux autres parias, pour survivre à cette misérable pauvreté. Il s'était partagé avec Jason la dernière cellule de prison où ils avaient mis les pieds. Mais dès que Jason avait fait exploser le mur extérieur, son instinct lui avait incité à les suivre, pensant que le couple d'adolescents représentaient son salut. Mais en leur compagnie, il était bien loin de la rédemption.
Au départ ils n'apprécièrent pas sa compagnie, mais sa connaissance des égouts de la ville et son sens de l'orientation dans les sous-sols ainsi que son don pour trouver de bonnes cachettes furent maintes fois profitables au jeune couple. Mais s'ils ne se dépêchaient pas à quitter les lieux, ils allaient une nouvelle fois être découverts.

- Cette cave n'était peut-être pas aussi sure que tu le présumais. objecta Arya qui s'activait à remballer les affaires de sortes qu'il ne reste plus aucun signe de leur passage.

- Ah mademoiselle ! répondit narquoisement l'ancien voleur. Comment pouvais-je deviner qu'il y avait une maison juste en dessus ?

Jason lui décocha un regard noir.

- On se posera des questions plus tard, dit-il. Maintenant il faut vraiment qu'on bouge !

Il avait raison, les bruits de pas commençaient vraiment à se rapprocher de la pièce dans laquelle ils se trouvaient.

- D'accord, murmura David d'une voix éraillée tout en se levant, je prends la tête, par-ici suivez-moi !

Il s'engouffra par la brèche qui menait aux égouts, suffisamment large pour laisser passer un être humain, une lampe torche à la main. Arya le suivit, Jason prit le dernier sac, balaya une dernière fois la cave du regard pour s'assurer qu'ils n'avaient rien oublié, entendit la troisième voix dans les tunnels qui donnait des instructions à ses hommes, cette voix... à qui appartenait-elle ? Un premier soldat immergea de l'entrée de la cave, et Jason plongea aussitôt dans l'obscurité de la brèche, pour rejoindre ses compagnons en quatrième vitesse.