L'Ombre des Ombres

Chapitre 27 : Prises d'initiative

Je venais à peine de me coucher et de boire ma potion mais je commençais déjà à sombrer dans le sommeil. Au début, je crus donc que les voix faisaient partie de mes rêves. Comme elles ne cessaient pas, qu'elles retentissaient de plus en plus fortement, j'avais tout de même fini par comprendre que ce n'était pas le cas. Totalement réveillée, je m'étais levée et je m'étais approchée des escaliers. De là, je pouvais voir toute la scène et bien sûr, j'entendais parfaitement.

Je reconnus quelques unes de ces personnes comme étant des villageois d'Hirano que m'avait déjà présenté Kuroda. Tous paraissaient en colère et il était évident qu'ils étaient en train de reprocher quelque chose à ma bienfaitrice.

- Chitose, en la gardant, tu attires le malheur sur notre village ! Inutile de nous mentir, nous savons tous qu'elle est une ninja, et nous ne voulons pas que les querelles entre shinobis arrivent jusqu'ici ! Nous avons eu la chance d'être préservés de toutes ces guerres entre Konoha et les autres villages, il est hors de question que cela change ! Elle ne peut pas rester ici, ou d'autres finiront par rappliquer et nous serons perdus !

- Personne ne sait qu'elle est ici, répondit calmement l'aïeule. Par conséquent, personne ne viendra, vous n'avez pas à vous inquiéter. Quant à moi, il s'agit de mon devoir de prendre soin d'eux jusqu'à ce qu'ils soient complètement rétablis et vous ne me ferez pas changer d'avis. Est-ce clair ? Bien. Maintenant partez d'ici ou vous allez la réveiller avec tout le bruit que vous faites !

« C'est déjà le cas Chitose-Obâchan, pensais-je. »

Je restais là encore un peu après qu'ils soient partis. J'écoutais la guérisseuse s'activait à l'étage d'en dessous, m'attachant à ses actions pour éviter de me perdre dans mes pensées. Mais bien sûr, ce ne fut pas suffisant. Ce ne l'était jamais...

Les visions surgirent devant mes yeux avec une netteté toute nouvelle. Elles me montrèrent que j'avais encore un peu de temps devant moi, un peu plus d'un an d'après les indices que j'avais pu récolter. C'était si long et en même temps si peu...

Désormais, j'avais de quoi mettre mon plan au point.

***

La douleur que je ressentis cette nuit-là aurait presque pu égaler celle de mes longs mois de torture. Pourtant dans mes souvenirs, il ne s'agissait que d'un détail tout à fait insignifiant et surtout noyé dans un océan de bonheur et de soulagement. J'avais eu peur, tellement peur, que les choses tournent mal. Désormais, le plus dur était derrière moi : je pouvais profiter de cette chance inouïe que m'offrait la vie.

Oh, tout ne serait pas rose. Après tout ce qui s'était passé, il allait me falloir redoubler d'attention. Mais je savais pouvoir compter sur l'aide de Chitose. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais confiance en l'avenir, peu importe ce qui pouvait m'arriver. Et puis, il y avait cette conviction, cette conviction qu'après moi, tout s'arrêterait et que plus personne n'aurait à porter ce fardeau.

Je n'osais plus m'éloigner de la maison aussi longtemps, même si j'avais grand besoin de reprendre une activité physique digne de ma qualité de ninja. Mes randonnées tout comme mes entraînements se limitaient à quelques heures, et je faisais de mon mieux pour ne jamais trop m'éloigner. Malgré cela, je redevenais chaque jour un peu plus rapide, un peu plus endurante, un peu plus agile.

Mes pensées m'amenaient souvent vers Ame et notamment vers les premiers jours de sa vie. Cet enfant avait été ma lueur d'espoir, un concentré de joie et de couleurs quand je ne voyais plus qu'en noir et blanc. Les choses n'étaient pas exactement les mêmes mais il m'avait redonné confiance.

Parfois je m'imaginais le sourire qui ornerait le visage de l'amour de ma vie lorsqu'il l'apprendrait. Et mon seul regret était alors d'être convaincue de ne jamais pouvoir assister à cette scène.