premier été (+1)

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« Monte dans ta chambre !
- Mais maman, je te jure que c'est pas moi !
- Je veux rien savoir Jisung. Tu montes. »

Le susnommé soupira avant de s'exécuter. Frappant des pieds contre le sol, il grimpa les escaliers de bois deux à deux faisant de son mieux afin de faire le plus de bruit possible et, par extension, de montrer son grand mécontentement. Il avait peut être mordu son frère cadet, mais à ses yeux, ce dernier l'avait bien mérité. Après tout, il avait cassé sa si jolie petite voiture de plastique rouge, sa préférée, et Jisung était persuadé qu'il l'avait fait exprès.

Puis c'était pas comme si il l'avait mordu super fort en plus, le noiraud avait à peine planté ses dents dans la chair de son avant bras que le plus jeune avait hurlé à la mort. C'était sûr qu'il faisait du cinéma puisque, alors que le plus vieux montait les marches le conduisant à l'étage supérieur, il avait profité du dos tourné de leur génitrice pour lui tirer la langue.

Jisung avait alors grondé, tapé des talons jusqu'à sa chambre et claqué la porte derrière lui pour bien faire entendre à quel point il était en rage. À l'étage inférieur, sa mère - habituée au caractère de presque cochon de son fils - leva les yeux au ciel avant de retourner vaquer à ses occupations.

Le noiraud couru jusqu'à son lit avant de s'y jeter tête la première. En colère, il ne put s'empêcher de doucement hurler sa frustration, étouffant ses cris au creux de son doux coussin bleu.

C'était vraiment trop pas juste. Jiwoo passait son temps à le faire passer pour le plus mauvais des deux alors que c'était lui qui passait son temps à lui chercher des noises.

Du haut de ses 9 ans, Jisung était loin d'être un mauvais garçon. Il n'était ni turbulent, ni mesquin, ni arrogant, ni désagréable ; seul son frère parvenait à le faire sortir de ses gonds. Au contraire, le noiraud n'était autre qu'un enfant sympathique, souriant et rigolo bien qu'un tantinet bruyant ; mais au fond, il n'y pouvait rien si sa voix portait si fort.

Tout le monde dans le petit quartier résidentiel l'aimait ; ils ne pouvaient s'empêcher de sourire quand ils apercevaient le garçon sortir dés que les premiers rayons du soleil pointaient le bout du bout de leur nez. Jisung était toujours là, perché sur son vélo à écumer la rue en long et en large, assis près du porche à jouer avec ses voitures et ses dominos ou dans son jardin à hurler après les aliens-zombies venus de la planète plutork765 qui semblaient vouloir envahir son humble maisonnée.

Cependant, c'était loin d'être rare que sa propre mère le punisse de la sorte ; surtout depuis que son cher et tendre Jiwoo avait appris l'art de la comédie - qu'il maîtrisait déjà si bien -.

Habituellement, pour rentabiliser son temps si précieux, Jisung aurait profité de se faire envoyer dans sa chambre pour compléter certains devoirs ou relire ses leçons. Cependant, puisque les vacances d'été étaient déjà bien entamées, il n'avait absolument rien à faire.

Il soupira donc, se lamentant sur son propre sort de prisonnier enfermé à tort.

Jisung laissa le temps passer ; il rangea un peu sa chambre, laissa ses doigts glisser le long des contours de ses posters légèrement déchirés et tria même ses crayons de couleur tant il s'ennuyait. Puis il écouta les cris amusés de son frère qui jouait à l'étage inférieur alors que lui, assis sur son lit, laissait ses pieds se balancer au gré d'une chanson qu'il avait en tête.

Le noiraud avait envie de le rejoindre et de récupérer sa petite voiture brisée afin d'essayer de la remettre sur pieds - sur roues - mais pour ça, il devait attendre la venue de sa mère ou le retour de son géniteur qui était encore au travail.

Au fond, le jeunot avait surtout envie d'aller se dégourdir les jambes. On était en fin d'après midi - et même presque en début de soirée - mais Jisung aurait donné chacune de ses précieuses cartes pokemon afin de pouvoir aller jouer dehors - sauf les légendaires, fallait pas exagérer - mais cela semblait trop inatteignable dans l'immédiat. Le garçon se contenta alors d'ouvrir la fenêtre, se perchant sur la chaise de son bureau pour y parvenir.

Ses sourcils se froncèrent alors qu'il écoutait le tintamarre de l'extérieur.

Ça faisait des mois que la maison blanche en face de la sienne, grise, était vide. Donc, quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut un garçon - sûrement d'à peu près son âge - assis sur les marches qui s'étendaient devant la porte d'entrée de cette fameuse dernière.

Du haut de son perchoir, Jisung l'observa sans dire mot. Il laissa ses pupilles dilatées se poser sur sa figure presqu'invisible qui n'exposait ni sourire ni moue disgracieuse ; seulement une immense fatigue qui ne devait avoir de place sur un visage aussi juvénile.

Penchant sa tête sur le coté droit, Jisung se posa milles et unes questions mais en s'intéressant finalement au camion garé en face de l'habitation ; l'enfant comprit.

La maison vide semblait avoir enfin trouvé des occupants.

SUMMER » jilixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant