IX

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Mélanie

Je fixais mes pieds depuis déjà quinze bonnes minutes. J'étais dans le tramway en direction de chez Mélissa et, à cette heure là, cette ligne n'était clairement pas recommandable. Je doutais donner envie à qui que ce soit de m'embêter, me violer ou autre, mais on n'était jamais assez prudent. Je ne croisais le regard de personne dans le wagon, je ne me concentrais que sur ma musique et la voix automatique annonçant les arrêts. Le mien arrivait dans quelques minutes et s'était presque si je ne trépignais pas d'impatience. 

Quelques secousses plus tard, je sortais enfin du tram et me retrouvais à l'air libre. J'étais claustrophobe en plus du reste, mais je n'avais pas eu d'autres choix que de prendre cette sorte de grande boîte de métal sur rails où s'entassaient chaque jours des dizaines et des dizaines de gens transpirants, désagréables et bruyants. 

Alors que je tentais de me repérer dans le quartier pour trouver la rue de Mélissa, je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sortis, m'attendant à un message de Mélissa me sommant de me dépêcher ou un autre de ma mère me questionnant sur l'avancée du trajet. Personne d'autres n'avait de raison de me parler. 

Je fus néanmoins surprise par une phrase d'Akariel, me demandant si je ne m'étais pas perdue en chemin. Le jeune homme avait rapidement cerné mon sens de l'orientation presque inexistant et s'inquiétait à chaque fois que je sortais un peu loin de mon quartier habituel. Enfin, disons plutôt qu'il cachait cette inquiétude derrière une moquerie. 

De Akariel:

Alors Méli-Mélo, tu n'as pas pris le tram dans le mauvais sens cette fois?

Un sourire en coin vint naître sur mes lèvres, comme à chaque fois que je recevais l'un de ses messages. Un vrai sourire, un honnête, que je ne forçais pas à paraître naturel. Un sourire qui apparaissait sur mon visage si froid presque sans que j'y fasse attention. 

Moi:

Hé non, dommage pour toi, je suis sûre que tu aurais adoré venir me chercher juste pour te moquer encore plus ;p

Je continuais d'avancer, je venais de trouver la rue de Mélissa. Je gardais mon portable à la main, attendant la réponse d'Akariel qui ne tarda pas à arriver.

De Akariel:

Oh oui! Si tu savais comme je suis déçu ma belle, j'aurais put t'inviter à passer chez moi ;)

Je soupirais, il me faisait de plus en plus de rentre-dedans. Je savais pourtant que ce n'était pas vraiment sérieux, qu'il se fichait plus de moi et de ma pseudo-innocence qu'autre chose, mais ça me désespérait et me donnait un pincement au cœur à la fois. 

Moi:

Je dors chez Mélissa, tu sais, ma meilleure amie,  et je suis presque arrivée, c'est tellement triste pour toi, il va falloir que tu te trouves une autre pouffe pour occuper ta soirée ;p

J'arrivais devant la porte et tapais le code. Je ne reçu le dernier message que quand les portes de l'ascenseur s'ouvrir à l'étage de Mélissa. 

De Akariel:

Mélissa n'est pas ton amie Mélanie, fais attention à toi, elle va se retourner contre toi à un moment ou à un autre. Et pour la pouffe ça aurait été avec plaisir mais la dernière m'a pompé tout mon argent hier (sans mauvais jeu de mot si tu vois ce que je veux dire petit ange d'innocence ;p)

Je mimais un facepalm et une soudaine nausée me prit quand je me mis à imaginer Akaraiel se faire "pomper tout son argent" par une pouffiasse ramenée de soirée en talon aiguilles et avec des lèvres énormes tartinées de gloss. 

Moi:

Je te hais. 

Je l'imaginais ricaner en lisant le message. Cet imbécile me rendait dingue, je ne comprenais même pas qu'un gars comme lui soit aussi proche d'une loque comme moi, je n'arrivais même pas à me définir comme une fille. 

Ses paroles sur Mélissa ne m'inquiétait pas plus que ça à l'époque. J'avais confiance en elle, elle était comme ma sœur après tout, pourquoi me ferait-elle du mal. Il est vrai que ses remarques répétitives sur mon physique ne sont pas ce qu'il y avait de plu sympas, mais je me disais qu'elle ne faisait que jouer un rôle devant les autres, sans arriver à accepter que, même quand nous étions seules, elle continuait à me rabaisser et à me briser psychologiquement. 

Je sonnais à la porte, toute contente. Ce fut sa sœur, Alysée, qui vint m'ouvrir. Mélissa et sa sœur ne se ressemblait pas du tout. L'une était blonde aux yeux bleus avec des formes généreuses, l'autre était brune avec des yeux noisettes et un corps longiligne, comme celui d'une ballerine. 

-Salut Mel'! Elles sont dans la chambre de Mélissa tu peux monter. 

Je la remerciais d'un signe de tête et gravis les marches avec entrain. J'étais persuadée que j'allais passer une bonne soirée, me changer les idées avec mes deux meilleures copines. Je voulais que tout se passe bien enfaîte, je refusais que même ici quelque chose n'aille pas. 

Pourtant, Mélissa ne me laissait aucun répit, même à l'époque.

-Et bah alors Mel-Mel, tu t'es habillée dans une poubelle ce matin? Il va falloir arranger tout ça ma chérie si tu veux que demain on t'emmène avec nous. Mais je vais t'arranger la face ne t'inquiète pas. 

Et alors que je perdais mon sourire et que je venais m'asseoir par terre, devant elle, en baissant la tête, honteuse, je sentie mon téléphone vibrer une nouvelle fois. 

De Akariel:

Je te l'avais bien dit sweetie

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⏰ Última actualización: Sep 30, 2018 ⏰

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