VII

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Mélanie

L'eau coule dans mon dos, trempant mes cheveux bruns au passage. Je penche la tête en arrière, profitant du répit et de l'effet apaisant que l'eau chaude à sur mon corps. En fond, j'entends vaguement les paroles de Leaving tonight de The Neighbourhoods. C'est une chanson que j'apprécie énormément. On pense au premier abord qu'elle parle d'une rupture amoureuse difficile alors qu'elle parle du suicide.

Je me savonne vigoureusement le corps et les effluves de mon gel douche aux citrons envahissent la salle de bain. Je me rince rapidement après m'être également lavé les cheveux avant de sortir à regret de sous le jet brûlant. Je saisis rapidement ma serviette et enroule mon corps pâle et humide dedans, quand je la sens.

Je me retourne vivement, persuadée qu'il y a quelqu'un qui m'observe. Pourtant il n'y a pas de fenêtre dans la salle de bain et je suis désespérément seule. Je panique légèrement de me sentir épiée sans savoir par qui, mais la présence n'est pas malfaisante. Je sens alors comme un souffle chaud dans ma nuque, comme des petites braises qui vienne doucement caresser ma peau, mais je ne bouge pas. C'est alors comme si des bras m'enlaçaient et qu'un corps se serrait contre le mien. Je sentis quelque chose d'humide dans mon cou, comme si on m'y embrassait. Mon souffle s'accélérait, je savais à qui appartenais ce corps, ces gestes, ce touché, ce souffle de feux, mais je ne pouvais pas mettre un nom ou un visage dessus. Les sensations s'arrêtèrent aussi vite qu'elles étaient arrivées et je me senti toute drôle, presque déçue.

Je pus enfin bouger et me précipitais vers la glace pour vérifier si j'avais une quelconque marque sur ma peau qui me prouverait que ce n'était pas que mon esprit qui me jouais des tours et que je ne devenais pas complètement folle. Mais il n'y avait rien.

Je sortis perdue de la pièce, à cheval entre le désir un peu fou que quelque chose de spécial se passe avec moi et la peur qui me faisait plus tôt croire que je devenais folle au point d'avoir de telles hallucinations.

Après environs une heure à retourner le problème dans ma tête, je me décidais finalement à en parler à Lucie par message. Elle ne fut pas surprise et me répondit qu'elle avait cru le sentir elle aussi mais que ça n'avait pas été aussi fort et bien plus bref, juste l'impression d'être frôlée et observée. Je n'en fus qu'à moitié apaisée. Tant de choses bien plus réalistes pouvaient jouer. Ma passable folie et nos esprits d'adolescentes férues de livres fantastiques en étant. Je soupirais, ça ne pouvait pas devenir simple ?

Je ne mangeais pas ce soir là, je n'avais pas faim alors que je n'avais rien avalée depuis la veille. Ma mère pensait que j'avais trop ingurgité de sucreries et autres gâteaux et chips pendant que j'étais chez Lucie. Pour la rassurer et pour pas qu'elle ne me force à manger, je lui laissais croire ça avec un petit sourire faussement coupable.

Je fermais fermement la porte de ma chambre derrière moi et n'alluma que ma lampe de chevet. Je pris avec délicatesse mon carnet et y retranscrit tous les évènements étranges et sombres m'étant arrivés depuis la dernière fois que j'avais écrit. Je me sentais mieux. Ce carnet était comme mon seul véritable ami, un à qui je pouvais tout confier sans me retenir et mesurer mes mots, sans avoir peur des représailles. Je le serrais contre moi quelques instants avant de le reposer. Si jamais quelqu'un venait à le trouver et à le lire je n'imaginais même pas al réaction de cette personne. Il devrait être en hilarité, peur et pitié, trois émotions que je détestais, en particulier quand elles m'étaient destinées.

Je ne ressortis pas du weekend, me terrant dans ma chambre et sortant quelques fois pour boire du coca et manger un fruit quand la faim se faisait enfin ressentir pour s'effacer aussi vite qu'elle était arrivée. Ma mère travaillait toute la journée et ne s'en rendait pas compte. Mon père était trop occupé avec mon petit frère et ma petite sœur et ce n'était pas plus mal. Je répondais de temps en temps aux messages de Kira et Lucie et me concentrais dans mes recherches.

Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant