Chapitre quatorze : Tu veux rire ? On va rire.

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C’est six bonnes heures plus tard que on père se réveille, me trouvant dans une pose nonchalante, presque provocatrice.

-Bien dormi ?

Il me regarde longuement, puis dit d’une voix rageuse :

-Tu veux rire ? On va rire.

Il sort un minuscule pistolet de sa poche. Je fronce les sourcils, n’ayant aucune idée de ce que c’est.

-Si tu me tires dessus, ta carrière de Sheriff est foutue.

-Ce ne sont que des fléchettes, ça ne fera aucune marque, donc impossible à prouver.


Des fléchettes ? Pourquoi est ce qu’il me menace avec des fléchettes ? Ca ne fait pas mal…
Il sourit.
Je fronce les sourcils.
Il tire.
Je hurle.

J’ai l’impression qu’on m’a planté un couteau dans la cuisse et qu’on le tourne en l’enfonçant. J’ai le réflexe presque immédiat d’enlever la fléchette, mais la douleur reste une dizaine de secondes, où je dois me mordre la langue pour ne pas pleurer.

Quand la douleur devient supportable, je remonte mes yeux embués de larmes vers mon père, qui a toujours son arme pointée vers moi.

Je n’ose plus faire un seul mouvement. C’est seulement là que je me rends compte que j’ai basculé de ma chaise et que je suis maintenant par terre, à genoux.

-Debout, dit-il alors qu’il s’assoit sur sa chaise.

Je me lève, mettant tout mon poids sur la jambe qui n’a pas prise de fléchette. 

-Assis-toi.

J’obéis sans poser de question.

-Bien. Maintenant, tu vas me dire… Où est ce que les loups se cachent ?

J’écarquille les yeux d’horreur : je ne peux pas les dénoncer, pas plus que je ne supporterai une autre de ces fléchettes. Mon souffle s’accélère.

-J’attends ! Crie-t-il au bout d’une dizaine de secondes.

Je secoue négativement la tête. Son regard se durcit, il range son arme, me prend par le bras et me fait sortir de la salle. Il m’emmène à l’accueil en disant qu’il annule la garde à vue et qu’il me ramène à la maison, mais je ne comprends rien du reste de la conversation tant je suis terrifié.

Il me traîne dehors par le bras avec une force monstre. Il me fait monter de force dans sa voiture de fonction, puis démarre en vitesse. Totalement paniqué, je ne fais pas attention de où il m’emmène. Je ne comprends absolument plus rien, sinon qu’il s’éloigne de la ville pour ne pas que je puisse être secouru. Mon cœur commence à se calmer alors que j’analyse le paysage par la fenêtre, toujours recroquevillé sur le siège passager.
La voiture s’avance dans la forêt, il fait nuit. On ne doit pas être loin de la cabane du garde forestier actuellement.

Je dois me maudire une bonne centaine de fois intérieurement pour avoir laisser mes armes chez les Yukimura. Je n’ai aucun moyen de me défendre sinon la force brute, ce qui se révèle bien inutile face à mon père, chasseur entraîné. De plus, il y a de grandes chances qu’il me tue après que je lui ai révélé les informations qu’il cherche. Je calme ma respiration, sèche mes larmes de ma manche. Si je dois mourir, que ce soit dans l’honneur. Et oui, on dirait que je suis un héros de film où je ne sais pas trop quoi avec cette phrase.

Soudain, la voiture s’arrête. Il en descend, fait le tour et me fait descendre de force. A partir de là, il me pousse contre un arbre contre lequel je m’affale, ne pouvant plus m’appuyer sur ma jambe gauche.

Need to be savedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant