2 Gay z HeR

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-Viens, on va le faire ensemble si t'as peur
Il lui prit la main et la serra, doigts entremêlés, il la fit courir jusqu'à une petite maison.
Au coin de la rue, elle paraissait fermer le pas, comme un adulte qui protège les plus jeunes et les délimite.
L'intérieur était plutôt neutre, et la décoration n'était guère au goût du jour, mais ils s'en fichaient. Oui ils s'en fichaient, tout ce qui comptait c'était ses escaliers. Le chemin de leur premier pas main dans la main, la première fois qu'elle découvrait le monde d'une autre manière.
Les murs étroits renfermaient de nouvelles couleurs aux saveurs inconnues. Elle était étrangère à tout, et ça lui plaisait. Chaque pièce signifiait quelque chose de spécial ; plusieurs planètes dans une même galaxie.
C'était la porte du bout, celle tout au fond, repliée et mystérieuse. Un bleu océan, des écritures, des numéros, un fil, une clé.
Derrière cette porte, celui qui lui avait appris à ré-apprendre.
Son nouveau monde à elle, son premier baiser, ses premiers gestes maladroits et sourires volés par le temps. C'était beau, et surprenant. Tout n'était que découverte.
Et puis il y avait ce nouveau continent que personne n'avait exploré à sa juste valeur. Qu'est ce qu'il était beau, c'était brillant. Une terre douce, ferme, fertile, inoccupée, libre : c'était ça, tout était libre.
Leurs premiers instants ensembles, together, c'était pur et le temps était volatile. Les cloisons, les barrières, les chaises, le lavabo, le miroir, la plante séchée. Tout le décor s'envolait quand ils étaient réunis, ils étaient heureux.
-Tu vas voir, je t'aiderai, on devra être complice et se comprendre.
Je te regarderai et, ton regard répondra au mien
Promet moi que tu vas venir, promet moi qu'on le fera tout les deux, toi et moi réunis.
Les autres autour de nous ne seront qu'un bruit de fond, il ne restera plus que nous, nous deux, pianos accordés, notes complémentaires, plus de solitude.
Tu te rappeleras de ce moment où nos mains se sont touchées par inadvertance. Ce moment où chacun de nous s'excusait à tour de rôle, comme si nous enfreignions la règle. On en mourrait d'envie pourtant, ça se voyait, c'est pourquoi tu te rappelleras le deuxième choc, celui où nos regards se sont croisés, cet instant où le désir a dépassé la raison. Plus de limite, plus d'interdit.
N'oublie jamais ce premier instant et la température de la pièce, si oppressante.
Remémore toi, le souffle dans la nuque, cette étreinte sincère, et ce "merci" doucement prononcé.
La tête dans les nuages, le rêve devenu réalité, tout n'est pas que mirage et à cet instant, plus rien d'autre n'avait jamais autant compté.

HéautontimorouménosWhere stories live. Discover now