Colin: Bring Me Back To Life

12. La rancoeur de Doris

Sandy

Les jours suivants ont été très intenses, ponctués par des enregistrements le matin, des répétitions chez Colin l'après-midi et pour finir, le travail le soir au bar. 

Grâce à Colin et Adam, nous avons pu ajuster la composition de ma chanson qu'on a décidé d'intituler "Délivre-moi". Le résultat est vraiment canonissime ! La batterie d'Adam ajoute de la puissance à la mélodie tandis que la guitare de Colin accentue le côté enragé des paroles. Il ne manque plus qu'à mettre Doris au courant et je sens que ça ne sera pas une partie de plaisir. Colin a prévu de la voir ce soir pour lui annoncer la nouvelle et l'entraîner sur sa partie. Il m'a assuré qu'il saurait la gérer comme il le fait à chaque fois, mais j'ai comme un mauvais pressentiment. J'ai donné beaucoup de moi-même pour écrire ce texte et composer la musique, et j'ai vraiment envie de la chanter avec le groupe.

Ma relation avec Colin évolue petit à petit. Je ne suis plus où j'en suis. Quand je suis avec lui, je ne vois pas le temps passer. Il m'éblouit par son talent, son intelligence, sa beauté, sa prévenance. Je suis en train de m'attacher à lui dangereusement et mes sentiments nouveaux m'angoissent. Colin est entouré de groupies prêtes à assouvir tous ses fantasmes. Que voudrait-il d'une fille comme moi ? 

Pour le moment, nous ne faisons que flirter gentiment, et lui aussi ne semble pas être pressé à aller plus loin. Même si j'en meurs d'envie, je n'arrive pas à dépasser le stade "baisers enflammés". La seule fois où nous avons failli sauter le pas, je me suis enfuie comme une malpropre. J'ai peur de franchir ce cap avec lui, de ne pas être à la hauteur. Je n'ai eu qu'un seul partenaire sexuel pendant toute ma vie alors que lui est visiblement beaucoup plus expérimenté que moi. De plus, j'ai peur de revoir le visage de Jeff, d'y lire sa déception s'il venait à apprendre que j'ai permis à un autre homme que lui de me toucher. 

Une boule se forme dans mon estomac. Sandy, reprends toi en main ! Repense aux paroles que tu as écrites !

Nous sommes tous les deux installés sur le canapé du Colin, repos bien mérité de notre longue semaine de travail acharné, en attendant que je me rende au bar pour une nouvelle soirée de travail. Vêtue d'une robe courte à demi-manches, je suis adossée contre le bord du canapé et mes deux cuisses sont posées sur les genoux de Colin. Nous regardons un télé-crochet à la télévision mais j'avoue ne pas être concentrée sur les multiples amateurs de chant qui défilent sur l'écran. 

En effet, Colin caresse mes cuisses du bout de ses doigts, faisant naître en moi de délicieux frissons. Conscient de l'effet de ses caresses, il arbore son mythique et indémodable sourire en coin que je déteste tant aimer. Ma robe remonte doucement à une hauteur proche de l'indécence. Mon corps tout entier est brûlant, telle une roche en fusion au beau milieu d'un volcan. Le regard de Colin décroche enfin de la maudite télévision et se prend à la contemplation de la parcelle de mon tatouage non dissimulée par le tissu de ma robe. Ses doigts parcourent les lignes d'encre et je crois distinguer un éclair traverser ses prunelles.

— J'me demande c'que c'est... 

— Mon tatouage ?

— Ouais ... je l'avais aperçu quand tu dansais avec Adam en boite, mais j'arrive pas à r'connaitre le dessin. 

— Ah ça, c'est mon petit secret !

— Tssss... tôt ou tard, je l'verrai, chaton.

— Je suis pas sûre que tu tiendrais le coup...

— Ah mais j'pense que c'est toi qui ne supporteras pas mon r'gard sur ta peau nue.

Un frisson d'excitation me traverse la chair. Mon tatouage est imposant et grimpe du milieu de ma cuisse jusqu'au creux de mes reins. Sentant mon hésitation, Colin m'attire vers lui et dépose son front sur le mien. Ce contact m'électrise et des pensées friponnes se bousculent dans mon esprit.