3. Otage (1/2)

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Face à l'indifférence de ses kidnappeurs, l'imagination d'Hedony suggéra de terribles scénarios. Elle se remémora, défilant comme la bande annonce d'un film, sa courte existence à n'en faire qu'à sa tête. Elle regretta nombre de ses gestes, désinvoltes et revêches. La jeune femme n'avait jamais été facile à vivre. Elle aurait pu faire des efforts, mais il était trop tard désormais.


« Qu'allez-vous... me faire ? », hasarda-t-elle, une énième fois.


Le passager jeta un regard vers le conducteur, mais le silence persista. Hedony frissonna, le vent s'engouffrait dans la voiture, vif et ravageur. Il soufflait dans ses cheveux et la gelée s'insinuait à travers ses vêtements.


« J'ai froid », fit-elle remarquer.


Iggy soupira. Son collègue remonta sa fenêtre. Par la vitre, Hedony distingua les immeubles des quartiers industriels se dresser devant eux. Ils arriveraient bientôt.


***

Adhara râlait. Il avait fait sa valise, nourri son poisson rouge et quitté sa maison en quatrième vitesse. D'humeur maussade, il intercepta un taxi qui l'amena à l'aéroport de Manchester où l'attendait un jet privé : un des privilèges dont il bénéficiait en travaillant pour Connor. Il ne lésinait jamais sur le confort, il avait l'argent pour ça. Une chance, se disait le jeune homme.


« Bienvenue à bord Monsieur Faraday, nous arriverons à Helsinki d'ici deux heures et quarante minutes. », l'accueillit une hôtesse affublée d'un costume sophistiqué.


Il acquiesça et s'installa confortablement sur son siège.


« Voudriez-vous bien me prévenir lorsqu'on arrivera ? Merci. »


L'hôtesse s'éloigna et Adhara ne put s'empêcher de reluquer ses fesses avec un sourire mutin. Lorsqu'elle disparut dans sa petite cabine, le anahera reporta son regard sur le hublot et la profondeur ténébreuse de la nuit.


« Helsinki putain... Tu ne pouvais pas m'envoyer plus loin que ça, Connor ? »


Il soupira, se renfonça dans son fauteuil et ferma les yeux en quête de sommeil. Il en aurait bien besoin, la nuit allait être longue.


***

Le paysage urbain défilait autour d'eux. À force de rester sans réponse, la captive se résigna au caractère imminent de sa mort prochaine. Chaque mètre parcouru l'amenait inexorablement plus près de son destin funeste.

Alors que ses pensées sombres s'acclimataient à l'idée de mourir, elle songea à sa vision.

Pourquoi l'ont-ils tuée ? se demanda Hedony. Cette femme aux boucles blondes, celle qui avait l'art de subjuguer son hôte d'un simple regard ? Pourquoi ? Rien ne lui avait paru aussi douloureux. À travers cet homme, elle avait ressenti le caractère permanent de sa mort alors que d'habitude, son hôte avait cette intime conviction de retrouver sa femme, un jour, quelque part. Rien désormais ne pouvait les réunir, son âme resterait esseulée à jamais.


La voiture bifurqua et s'engagea dans un chemin en terre. Quelques mètres plus loin, les pneus crissèrent sur le gravier et s'immobilisèrent. Le passager se retourna vers Hedony pour étudier l'expression grave qu'elle affichait.

Hedony : Le Pacte oubliéWhere stories live. Discover now