- Tiens, Martin sans son Malefoyounet! ricana une voix. 

Hermione se tourna pour tomber nez-à-nez avec Augusta Yaxley, Cedrella Black et... Septimus Weasley. Le garçon brun ne les suivait pas, cette fois-ci. 

- Ecoutez les Bou... Gryffondors, je ne suis pas du tout d'humeur aujourd'hui. Soyez humains, laissez moi en paix. 

Cela sembla les déstabiliser un peu. Ils savaient que cette serpentard était... Différente, mais de là à ne pas proférer une seule insulte en deux phrases, malgré la provocation, c'était étonnant. Weasley se reprit le premier et lui sourit gentillement. 

- On voulait juste nous excuser pour t'avoir insultée de... Enfin. Et te remercier d'avoir pris notre défense. 

- Même si on en a jamais eu besoin, ajouta cependant Augusta d'un air hautain. 

Même si les deux filles affichaient un air vaguement méprisant, cela mit du baume au cœur d'Hermione. Si les gryffondors la remerciait, c'est qu'elle n'était pas si mauvaise. Pas encore. 

- De rien. Je n'aime pas ce genre d'insultes. 

- Hahaha, es-tu sûre d'être une serpentarde? 

Elle le regarda avec un air grave, fatiguée de toute cette mascarade. 

- Non... répondit-elle doucement. 

Elle se détourna des gryffondors, dont le regard ahuri la mettait mal à l'aise. Elle entra dans sa salle commune, la mine déconfite, les pensées toujours tournées vers le futur. Fallait-elle qu'elle tue Jedusor? Elle venait de comprendre que s'il avait su comment faire un horcruxe, il aurait déjà commencé la destruction de son âme. Pour le moment, il n'était... Il n'était encore qu'un humain, si ridiculement faible face à ce qu'il allait devenir! Elle n'avait qu'à souffler le sort interdit, et encore! Elle maîtrisait déjà parfaitement les sortilèges informulés. Il suffisait d'y penser, de le faire et tout serait terminé avant même que cela ne commence. Et pourtant... Elle savait qu'elle ne pouvait encore s'y résoudre. Rendre Jedusor humain était encore possible. Ou en tout cas... Elle voulait y croire. Elle ne voulait pas devenir un assassin. 

- Oh la la, tu as vraiment une sale tête! s'exclama Lola en la rejoignant. Suis-moi, je vais arranger ça! Aller dépêches-toi avant qu'on te remarque! 

Hermione se laissa traîner à l'écart par son amie, un vague sourire aux lèvres. La candeur de Lola était si touchante. Elle était encore si innocente pour une serpentard! Elle brandit sa baguette sur l'ancienne rouge et or et formula tout un tas de formules. Hermione sentit ses cheveux frissonner et quelque chose s'étaler sur ses lèvres. 

- Lola, on avait dit pas de rouge à lèvres... chuchota Hermione

- Oh oui, c'est vrai... Rabat joie! 

Elle lui enleva en fronçant les sourcils, murmura quelques autres formules, puis sourit d'un air satisfait. 

- Au moins, tu as l'air moins pâle et triste! Maintenant, retournons draguer. 

- Lola, je dois encore...

- Non, non, non, je n'ai pas fait tout ça pour rien. Et avec un peu de chance, Malefoy sera avec Avery, et tu sais à quel point Avery est... Mignon! 

Hermione sourit, mais en son fort intérieur elle se demandait comment cette fille pouvait apprécier autant quelqu'un qui semblait aussi mauvais qu'Avery. Lorsqu'elles revinrent, Hermione voulut se faire toute petite et saisit le premier livre qui lui tomba sous la main pour faire semblant de le lire. Elle n'était décidément pas à l'aise avec tous ces regards rivés sur elle, et il n'y avait rien de plus réconfortant que l'odeur des pages. Sauf peut-être... 

- Comment fais-tu pour être aussi jolie, Hermi? 

Hermione leva les yeux vers Abraxas et lui sourit doucement. Il passa le bras autour de ses épaules et lui adressa un clin d'œil. 

- Dis voir l'intello, tu voudrais pas me donner des cours... particuliers? 

L'ancienne gryffondor se mit à rougir très fortement, extrêmement gênée, alors que Lola s'esclaffait. 

- Je vais vous laisser vous deux, vous semblez avoir des choses à faire! 

Hermione leva son regard perdu vers son amie, mais elle se détourna pour discuter avec Avery et Lestrange. Abraxas s'installa près d'elle, puis se pencha pour lui chuchoter à l'oreille. 

- Désolé de t'avoir mise mal à l'aise, mais c'est tellement mignon quand tu rougis. 

Cela n'eut d'autre effet que de faire rosir une nouvelle fois Hermione. Elle jeta un regard noir à un Malefoy hilare. 

- Si tu continues à vouloir me ridiculiser autant, je pars dans le dortoir! 

- Ouh quelle menace Hermione! s'exclama-t-il en lui adressant une grimace dramatique. Tu n'oserais pas me blesser à ce point! 

Elle leva les yeux au ciel, sans savoir si elle devait se mettre en colère ou rire. Elle plongea donc dans son livre, sans lui adresser la parole. Mais, à sa grande surprise, lorsque tout le monde se fut détourné d'eux pour discuter ou travailler, Abraxas se pencha à nouveau pour lui chuchoter quelque chose. 

- Tu as failli me manquer... Et ne me fais plus peur comme ça. 

Certainement pour se donner une contenance, il l'embrassa dans le cou puis se détourna vers Avery et engagea la conversation avec lui. Outre le frisson qui l'avait parcourue lorsqu'il avait déposé le baiser dans son cou, Hermione sentit une nouvelle fois ses joues chauffer. Que lui arrivait-il? Que leur arrivait-il? Elle tenta, en vain, de continuer à lire son livre de métamorphose. Une bouffée de tristesse, de lassitude et de remords la prit. Cela faisait deux mois qu'elle était à Poudlard, le brouillard s'invitait de plus en plus fréquemment autour du lac et les écharpes fleurissaient peu à peu. Deux mois qu'elle évitait de penser à ses amis, deux mois où elle avait appris si peu de choses pour régler sa mission, deux mois où Abraxas s'était approché, lentement mais surement. Dans un geste presqu'inconscient, elle se saisit de sa main, posée sur l'accoudoir de son fauteuil. Abraxas lui jeta un regard rapide, puis continua sa discussion avec Avery, caressant le haut de la main d'Hermione avec son pouce. Elle avait besoin de tendresse, de repos, d'oublier tout ça. De se laisser aller, une dernière fois. 

Mais le destin en avait décidé autrement.

Les discussions se changèrent soudain en murmures. Pourtant, Tom Jedusor n'avait pas fait une entrée spectaculaire, ni même fracassante. Mais, comme d'habitude, son aura imposait un tel pouvoir et un tel respect que personne n'osait parler à voix haute. Il alla vers un fauteuil, s'y assit et sortit lui aussi un livre pour l'étudier. Les conversations reprirent doucement et l'attention des serpentards se dispersa. Jedusor releva le nez de son livre et son regard croisa celui d'Hermione. Tristesse, colère et volonté contre haine, fascination et dégoût. Ce fut cependant le préfet qui détourna le premier le regard. Hermione resta un instant interdite, puis replongea dans son livre. Elle avait cru déceler une pointe de pitié dans le regard du serpentard. Surement une illusion. 

Retour dans le passé [Terminée]Where stories live. Discover now