Maxence - 61

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Mardi 19/01/2016

Ma mère déboule dans ma chambre, un papier dans les mains.

— Qu'est-ce que t'as encore foutu ?! C'est quoi cette histoire ?!

Je lâche ma console et pars fermer la porte. Qu'est-ce qu'elle me veut encore ? Elle va faire gueuler les voisins. Je rêve...

— Quoi ?!

Je pose mes fesses sur le lit.

— Quoi, quoi ? T'as besoin que je t'explique ou tu devines tout seul ?

Putain...

— Tessa Verdier, ça te dit quelque chose ? Tu lui as fait quoi à cette fille ?!

— Fous-moi la paix, chui occupé !

— Ah oui, et à quoi ?! À part t'enfermer dans ta chambre et emmerder les gens au lycée, tu fais pas grand-chose de tes journées, à ce que je sache ! En primaire, tu commençais déjà à te faire remarquer. Puis il y a eu la fille l'an dernier, et maintenant Tessa ? T'as dix-neuf ans, je te rappelle ! Tu cherches quoi ? À finir en taule avant tes vingt ans ? Laisse-moi te dire que t'es bien parti ! Alors maintenant, tu te bouges ! Dans dix secondes, je veux te voir au salon, on doit avoir une sérieuse discussion avec Didier. Magne. Que je revienne pas te chercher.

Allez ! C'est reparti. Et elle croit avoir de l'autorité ? Non, mais quelle blague !

— Maxence ! commence à hurler l'autre con.

— J'arrive !!!

Je claque la porte derrière moi.

— Il a rien à foutre là, le microbe.

Ma mère soupire.

— Assieds-toi.

— J'dirai rien tant qu'il est là.

Elle capitule. Un point pour moi.

— Bon, Thibault, monte dans ta chambre...

— Mais j'ai rien fait, moi !

— Tu montes et c'est tout !

Deux, zéro.

— Bon, explique maintenant, reprend-elle une fois qu'il est sorti.

— Quoi ? Y'a rien à expliquer.

Mon beau-père se lève d'un coup et se poste juste devant moi.

— Ne commence pas à jouer à ça avec nous, Maxence. Je peux être encore plus con que toi, crois-moi ! Tu risques d'être déçu.

— T'as répété ton texte ?! T'as peur que tes cinquante-cinq balais te fassent perdre la mémoire ?

Il se rassied, les poings sur les cuisses. Combien ça fait maintenant ? Trois, zéro ?

— Laurence, ton fils est irrécupérable. Deux fois en moins d'un an, bravo !

— Je comprendrai jamais...

— Vous avez fini ?

Ils braquent tous les deux leur regard sur moi.

— Bordel, mais t'as quel âge pour être aussi puéril ?!

— Il serait peut-être temps de grandir un peu, mon gars !

Mais bien sûr. Et tromper son mari pour le foutre ensuite à la porte, ça s'appelle comment, ça ?! Et ce vieux croûton de Didier qui débarque et me force à lui obéir, c'est quoi ça, c'est normal ? Quelle bande de... Sans parler de Thibault, le têtard de onze ans qui ne sert à rien et qui barbote dans la maison sans savoir ce qu'il fout là. De la glu pour me rattacher à ce pauvre con de Didier, voilà tout ce qu'il est ! Pathétique. Ils continuent de m'engueuler... Et ça recommence ! « Tu vas te faire convoquer, les parents risquent de porter plainte ! », « Tu te rends compte que ça peut aller très loin cette histoire ? », « Et en plus, ça te fait rire ?! »

Entre deux envies dévorantes d'envoyer Didier au tapis, ouais, j'avoue que ça me fait rire.

— Raconte. Tu lui as fait quoi à Tessa ?

Ma mère baisse le ton. Elle cherche quoi là, à m'attendrir ? Qu'elle retourne avec mon père... là, on en reparlera.

— J'ai rien à t'dire. T'as fini ?

— Bien sûr que non, j'ai pas fini, tu... mais tu fais quoi, là ?! Reviens ici tout de suite ! Je te signale que t'es convoqué pour un conseil de discipline mardi 26 janvier ! Dans trois jours !

— J'irai pas.

— Oh que si tu iras ! Reviens ici !!

Je stoppe mon pied alors qu'il appuie déjà sur la première marche des escaliers.

— Autre chose ?

— T'as plutôt intérêt à ce qu'on découvre pas quelque chose d'aussi horrible que ce que la lettre nous laisse imaginer, Maxence ! Sinon tu risques de passer un sale quart d'heure. T'es prévenu !

— Super, je vais noter ça sur un post-it.

— Me parle pas comme ça, Maxence, attention !

— Bien reçu.

— Maxence, tu ferais mieux de te la fermer, là !

— Va me falloir plus de post-it.

— Arrête, tu...

Je claque violemment la porte de ma chambre. Qu'est-ce qu'ils croient, que je vais rappliquer comme un vieux chien docile ? Ils perdent leur temps.

Je n'ai plus rien à leur prouver.

En fait, je n'ai plus rien à prouver à personne.

A l'Encre des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant