Isaac - 33

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 — Ah ben t'es là ! Ça doit faire dix minutes que je te cherche partout ! Les portables, tu connais ? Et c'était qui la fille avec qui tu parlais ?

Olivier traverse le couloir jusqu'à moi. Il m'a l'air bien énervé.

— Tu te souviens de la fille qu'on a surprise entre les griffes de Maxence ?

— Oui.

— Ben, c'était elle. Elle s'appelle Tessa. J'ai réussi à avoir son prénom. Et toi, ça va ? Tu es tout rouge !

— Oui, ça va. Je viens de le croiser justement, le Maxence.

— Et ?

— Et rien du tout, on y va !

En quelques secondes, il est dehors, sur notre banc, à m'attendre.

— Raconte.

Il astique ses mains comme si une sorte de crasse invisible les recouvrait.

— Il commence à me taper sur le système ! Il n'en rate pas une pour se faire remarquer. Quand je suis passé devant lui tout à l'heure, il a ricané comme un imbécile. Il faudrait le remettre à sa place une bonne fois pour toutes. Qu'il arrête de se prendre pour Dieu. Même Dieu, s'il existe, fait moins parler de lui !

— J'ai l'impression que tu as un peu oublié, non ?

— De ? Ah... tu veux parler de mes sentiments ?

— Hum...

— Non. Toujours pas. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer ! Qui aurait envie d'aimer un mec de ce genre en plus ?! C'est une tare !

— Oui. C'est clair que c'en est une. Mais ce n'est pas ton cas, tu finiras bien par arrêter d'y penser un jour. Puis, plus tard, tu regarderas tout ça d'un œil nouveau et tu te rendras compte de beaucoup de choses.

— Merde, Isaac, tu veux faire psy ou quoi ?! Bon, et Tessa, alors, elle va bien ?

— Je ne dirais pas ça, non. J'ai l'impression qu'elle se cache derrière une peur qu'elle n'arrive plus à gérer. On dirait qu'elle commence à se résigner, à être d'accord avec ce que les autres disent d'elle, qu'elle a fini par l'entendre et considérer toutes ces insultes comme une simple vérité. Elle se trompe complètement...

— Et donc... tu aimerais bien l'aider, c'est ça ?!

— Je ne sais pas si je pourrais mais j'ai bien envie d'essayer, oui ! Ça me fait mal de la voir comme ça... Je ne la connais pas, mais s'il y a bien une chose dont je suis sûr, c'est que personne n'a le droit de mettre qui que ce soit dans un état pareil.

— J'avais raison, t'es un psy, toi ! Tu as prévu quelle fac pour l'an prochain ?

La fac... Déjà ! Je n'y ai même pas pensé.

— Aucune idée... Tant qu'à avoir l'air d'un psy, autant en devenir un, non ?

— Tu rigoles ?! Isaac Paul Lowell, psychologue ? Ça en jette !

— Au moins je suis sûr d'avoir un client récurrent !

Il se met à rire.

— Oui, ben rigole pas trop, je serai peut-être ta seule source de revenus !

A l'Encre des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant