Texte 36

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Voilà plusieurs fois que je la vois déambuler dans les couloirs du lycée avec un si joli sourire aux lèvres. Quelques fois, nos regards se sont croisés et une crampe se saisissait de mon ventre. Ses yeux sont pétillants et rempli d'une chose inconnue qui la rend encore plus belle. Je crois qu'on appelle ça l'amour. J'ai retenu chacun des lieux dans lesquels elle reste ainsi que l'heure à laquelle elle y est. J'invente n'importe quelle excuse à mes amis pour passer près d'elle, entendre le son de sa voix, sentir son odeur. Je me fais violence pour ne pas venir derrière elle enroulant mes bras autour de sa taille tout en posant délicatement mes lèvres sur les siennes. Elle ne sait même pas que j'existe, je ne suis sûrement qu'un lycéen parmi tant d'autres me fondant dans la masse. Alors je m'enferme dans cette douloureuse bulle de l'amour à sens unique. Enfin je dis amour mais je ne sais pas ce qu'est ce sentiment dont tout le monde parle. Je sais juste ce que l'on raconte, les papillons dans le ventre, le sourire bête quand , la folle envie d'enlacer sa taille, d'entremêler ses doigts, de coller ses lèvres aux siennes. C'est plus ou moins ce que je ressens quand je pense à elle mais en mille fois plus puissant. Je ne connais même pas son prénom, sa couleur préférée, son passe-temps en dehors des cours, si elle partage déjà son cœur avec un autre garçon, je ne sais même pas si les garçons l'attire. Perdu au milieu de ces dizaines de pensées, une carte égarée au milieu de ce long couloir attire mon attention. Je prie les étoiles chaque soir pour que ce soit la sienne. Je cherche désespérément le propriétaire de cette carte, je commence par ses amis en espérant avoir une réponse favorable. Merci Grande Ours d'avoir écouter et réaliser mes prières, j'ai réussi à avoir son numéro grâce à toi. Après quelques textos échangés, je comprends pourquoi les gens amoureux sont si heureux et parle de leur amour partout et tout le temps. J'essaye de cacher les sensations qu'elle provoque en moi mais mes yeux et mon sourire lorsque son nom s'affichait sur l'écran de mon téléphone. Mes amis ont tout de suite compris que la flèche de Cupidon avait transpercé mon cœur. Je n'attends plus que le lendemain pour pouvoir lui remettre en mains propres ce qui lui appartient, pouvoir l'espace de quelques minutes la regarder et toucher sa peau. Je ne veux pas aller dormir, continuer à parle avec elle jusqu'à une heure pas possible mais d'un autre côté je veux que la nuit ne dure qu'une seconde pour pouvoir être auprès d'elle le plus vite possible. Je me demande à quoi elle pense à cet instant, si elle est aussi impatiente que moi, j'imagine son corps dans son joli short mettant en valeur la cambrure de ses fesses et sa brassière laissant dévoiler son ventre et ses hanches. Je n'imaginais pas ce qu'elle venait de me dire, des cicatrices couvrait ses cuisses et son poignet. Elle me racontait l'enfer qu'elle vivait, à quel point elle était fragile, qu'elle avait juste envie d'en finir avec sa vie.

Quand elle arrive, je la prends dans mes bras et la serre aussi fort que je le peux pour essayer de la réconforter. Lorsqu'elle relève la tête, des larmes coulent le long de ses joues et elle mordille sa lèvre pour arrêter de pleurer. Sans crier garde, elle se met sur la pointe des pieds et me regarde intensément. Je prends ce regard comme un appel alors je viens poser mes lèvres sur les siennes. Elle ne me repousse pas, au contraire elle vient chercher ma langue et ressert son étreinte. Le temps s'arrête et rien autour de nous n'a d'importance. Elle était devenue la raison pour laquelle je me lèverai le matin pour le reste de ma vie. Du moins c'est ce que je pensais. Elle glisse un morceau de papier dans ma poche et sort du lycée. C'était sa dernière action, les derniers instants de sa vie, elle venait de mettre fin à son existence.

Sentiments libérésWhere stories live. Discover now