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  Mon corps était mon journal intime, j'y gravais les moments forts de mon existence pour ne pas les oublier ou pour les surpasser. J'étais recouvert de tatouages de la tête aux pieds. Oui, aux pieds aussi. Mais je devais les cacher sous des chemises pour mon travail. Les patients pourraient prendre peur ou me demander ce qu'ils signifiaient. Parfois, ils fixaient mes mains tatouées, avec étonnement puis reprenaient leurs histoires.
Je les observais, souriant en me rappelant mon premier amour que j'avais symbolisé avec un cœur poignardé.

Elle était brune, ses longs cheveux venaient caresser ma nuque. Sa peau était laiteuse et son parfum était de caramel. Non, ce n'était pas mon premier amour. C'était l'amie de la fille que Ray avait rencontré. Elle était à présent nue à mes côtés et plongée dans un profond sommeil. Nous avions passé la nuit ensembles et je ne me rappelais plus son nom. Cliché.
Je me levais, attrapais mes habits éparpillés de ça et là de la pièce, et partais en silence. Cliché encore. Je n'aimais pas me retrouver face à une aventure du soir le lendemain matin. Elles semblaient déçues quand elles remarquaient que je ne leur avais pas fait leur petit déjeuner.

Je sortais de son appartement, l'air frais me frappant le visage. Un soleil doux venait éclairer mon visage. Je souriais. Une bonne journée se préparait. Un samedi comme les autres en fait. Je me décidais de rejoindre mon appartement à pieds. Je déverrouillais mon téléphone et le premier message était de Gerard. Il me demandait comment j'allais. Je l'appelais, j'avais tout mon temps aujourd'hui, je ne travaillais pas.
Sa voix était faible, il respirait fort.

« Gerard ? Tout va bien ? Je demandais, inquiet.
- Je suis juste à peine réveillé. Mais oui, pour une fois, oui. Et vous ?
- Parfaitement bien.
- Je vous ai menti, Frank.
- Comment ça ? »

Je m'arrêtais au bord du canal traversant la ville et me penchais un peu pour prendre appuis sur le rebord du pont qui passait au-dessus.

« Mon frère est mort. Il est parti, mais il est mort. Accident de voiture alors qu'il allait accomplir le rêve de sa vie. Faire un road trip avec ses potes.
- Je suis navré, mais pourquoi m'avoir menti ? Et Ray aussi m'a...
- Vous avez parlé de moi à Ray Toro ? »

Sa voix faible était maintenant plus aggressive. Je sursautais, surpris par cette réaction soudaine.

« Vous avez un problème avec Ray ? Demandais-Je. Il est mon secrétaire à mon cabinet.
- Pas exactement... Il... était en couple avec mon frère au lycée. Mais ils ont rompu et ils n'ont plus parlé depuis.
- Depuis quand votre frère est mort ?
- Ça va faire un an. C'était en août. »

Je ne savais pas que Ray était bisexuel, mais il ne cachait pas trop bien son jeu. Il m'avait déjà parlé des gars qu'il croisait dans la rue et ne continuait jamais leur anecdote sur eux, quelque chose le bloquait à chaque fois. Il n'assumait pas vraiment.

« Vous aimez le cinéma ? Demanda Gerard.
- Oui.
- Mon film préféré est Donnie Darko. Et vous ?
- Sept vies. C'est un film magnifique. Gerard...?
- Oui...?
- Est-ce que vous pourriez vous décrire physiquement, s'il vous plaît, je voudrais vous imaginer. Vous voir, mais pas réellement.
- Si vous voulez. »

Je fermais les yeux. Cette voix masculine m'apaisait. Elle disait des choses négatives, mais elle dégageait une bonne humeur qui ne demandait qu'à être retrouvée.

« J'ai les cheveux noirs. Ils tombent parfois sur mes yeux, je n'ai pas de mèche, c'est juste que j'ai pas le temps d'aller au coiffeur. J-j'ai des yeux verts qui deviennent légèrement bleus au soleil. Mais je suis pas trop fan du soleil. Je suis plutôt grand de taille, un peu maigre, mais pas du tout musclé. Quand j'ouvre ma main droite, mes doigts s'écartent de façon assez étrange. Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Puis... mes lèvres sont roses pâles, ma peau beaucoup trop blanche, ma mère dit que je suis un vampire. C'est parce que je m'habille tout en noir aussi. Voilà. »

Pendant qu'il me racontait comment était son corps, mon ventre m'avait fait mal et mon cœur s'était serré. Je n'avais pas ressenti cela depuis le collège, peut-être. Cette sensation m'était inconnue mais si familière à la fois. La voix de Gerard en était la cause.



*Bien le bonsoir ! Combien de temps que je n'ai pas écrit cette histoire ? Beaucoup trop longtemps ! Je n'étais pas inspirée et les cours m'ont pris mon temps libre. (Ouais on va dire ça mdrr)

J'espère ne pas vous décevoir avec ce chapitre et que pensez vous de cela ?

Merci 😊

Livia.*

Vous méritez de vivre [En énorme pause]Where stories live. Discover now