Je devais mourir.
Ça, on me l'a bien fait comprendre. 450 journées restantes, au mieux. Par contre, on a omis de me préciser que je serais forcée de revenir à la vie.
Dans la peau d'une ado mineur de dix ans plus jeune que moi, qui sort tout juste...
Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Je sais que je suis morte. Je le devine à ce monde immaculé qui m'entoure, ni chaud, ni froid, immobile et hors du temps. Je suis une puce dans le duvet d'un cygne. Ou un morceau de barbapapa dans un univers de barbapapa.
C'est triste, mais j'ai senti mon heure venu. Je l'ai senti, mais je m'en souviens pas. Aucune idée de la façon dont j'ai poussé mon dernier soupir. C'est pas plus mal, de toute façon, les souvenirs servent à rien dans le trépas. J'en aurai pas besoin au paradis, pas vrai ?
- Sauf que tu n'iras pas au paradis.
Je sursaute même pas au son de cette voix masculine. Elle me paraît naturelle, à sa place. Je devine de-suite à qui je parle. Je tourne tout de même sur moi, quand bien même il ne semble y avoir aucune provenance particulière. Et là, je tombe sur quoi ? Un oiseau. Un petit machin plein de plume, posé sur l'espèce de sol cotonneux.
- Yo conscience. Pourquoi t'es si défaitiste, voyons ? Et pourquoi cette intonation de mec ? T'as oublié qu'on avait pas de chromosome Y ?
Le piaf, qui est un mélange étrange de tout pleins de couleurs, me regarde comme s'il peut lire à travers moi.
- Je ne suis pas ta conscience.
- Ah non ? Tu es quoi alors ?
Et là, j'ajoute avec la main devant la bouche et en prenant un ton caverneux :
- "Je suis ton père".
- Absolument pas, rétorque ma menteuse de conscience. Je suis un Archange.
Je ricane.
- Rien que ça ? T'as pas trouvé mieux ? Dis donc, t'aurai pas pris la grosse tête ? Petite coquine.
L'oiseau s'immobilise et me fixe en silence.
- Allô ? dis-je en m'approchant.
Plus je m'approche, et plus la vision s'éloigne, sans bouger d'un iota. WTF, c'est quoi ce bazar ?
- Tu n'es pas forcée de me croire maintenant, tu finiras par admettre la vérité.
- D'accord conscience, ne te vexes pas. Toi et moi, on est copine, pas vrai ? dis-je en m'asseyant sur le nuage qui tient lieu de terre. Bon, tu disais quoi, déjà ? Je vais pas au paradis ? Et pourquoi ça, grosse maligne ?
- Parce que tu retournes sur terre.
- Cool, m'exclamé-je. T'aurais pu le dire plus tôt ! C'est partie alors. Comment je me réveille ? Je ferme les yeux et je me visualise sur mon lit d'hôpital ?
Tout en parlant, je joins le geste à la parole. Le silence m'entoure, j'attends quelques secondes durant lesquelles je pense très fort à mon corps qui dépéri et j'ouvre brusquement les yeux.
- Hé, conscience, y a une erreur d'atterrissage. J'ai pas bougé.
