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Quand Coline se réveille, elle est dans les bras d'Isidore. Cette remarque fait court-circuiter son corps. Elle ouvre les yeux, un par un, se frotte les paupières pour bien réaliser que c'est réel. Contre toute attente, elle se sent bien, alors elle reste allongée un petit moment contre lui, à regarder la personne différente qu'elle est en train de découvrir.

Elle l'a embrassé la veille. Ils ont continué à s'embrasser longtemps, assez longtemps pour qu'ils soient rattrapés par la fatigue. Coline arrête de somnoler pour de vrai quand elle aperçoit les suçons qu'elle a laissés sur le cou du blond. C'est démoniaque. Il va se faire lyncher.

Son nez frotte contre le sien et petit à petit, elle assiste au réveil d'Isidore. Quand il se réveille, les bras entourant encore Coline, il lui sourit d'un air content et posé avant de la câliner. Elle se moque de son attitude. On dirait un gosse. Peut-être que c'est parce qu'elle l'a filszoné une fois.

Ils passent un moment interminable à se regarder et Isidore se lance dans l'imitation de Co'. Quand elle fronce les sourcils, il fait pareil. Alors elle tente un sourire, qu'il renvoie. Puis ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle ait une illumination : elle doit puer de la gueule.

— Salut toi, lance Isi' en passant un doigt sur le nez de la blonde.

Elle sourit, sans savoir pourquoi.

— Salut moi, répond-elle facilement.

Il pince sa peau et le « hé » de Coline le fait marrer. Ils ont l'air cons d'un coup, à rigoler pour de la merde.

— T'as l'air d'être de bonne humeur, remarque Co'.

Le blond acquiesce comme un robot.

— Grave, répond-il simplement.

Leurs haleines ne sont pas tops alors Coline se propose d'aller manger puis se brosser les dents. Isidore reste comme un nounours un peu plus longtemps.

— Je pensais que ça allait être plus gênant, dit-il finalement en sortant du lit.

Coline aussi. Il l'invite à monter sur son dos.

— Tu crois qu'on est dans le déni ?

— Ouais, un peu, avoue-t-il.

— Moi aussi.

Ils descendent les escaliers et Isidore allume ses enceintes pour mettre sa playlist du matin. Juste après avoir sorti ses céréales et les tartines, Isi' lance à Coline la bouteille de lait qu'elle réceptionne parfaitement.

Ils petit-déjeunent sereinement et la blonde repense à ce qui s'est passé cette nuit. Elle se souvient de tout. Tout. Surtout de sa main dans les cheveux d'Isi', mais ça c'est un détail insignifiant face au nombre détonnant de baisers.

Elle se souvient aussi de détails un peu plus intimes qu'elle n'arrive pas à oublier. Comme sa main qui enlève le soutien-gorge de la blonde et du toucher électrisant de ses doigts avec sa poitrine. Rien que d'y repenser, elle rougit brutalement. C'est très visuel soudainement dans sa tête.

Mieux vaut rester dans le déni, le temps de manger, pour ne pas s'étouffer.

— Lève tes cheveux, ordonne Isidore.

Elle obéit et il fait la grimace.

— Je t'ai laissé des suçons, remarque-t-il.

La blonde ne peut s'empêcher de rire.

— T'as vu ton cou ?

Le visage d'Isidore se décompose. Il sort son portable et admire le reflet global.

— OK, t'es un vampire Coline.


Co' baisse les yeux, honteuse, et avec l'envie irrépressible de se moquer.

— Suceuse de sang ! souligne-t-il.

Il veut la faire rire. Elle le voit. Alors elle laisse ses épaules se détendre et soupirer de joie. Elle lui lance une tranche de pain en pleine tronche et Isidore affiche un air flatté. Il va flirter. Co' lit entre toutes les lignes de sa personnalité.

— Je trouve ça pas mal, ment-elle en trouvant les taches complètement dépassées.

Elle en a tellement vu sur le cou des autres que celles qu'elle a faites elle-même ne l'atteignent pas.

— T'es charmante au réveil, se moque Isidore en buvant son jus d'orange.

— Ha ha ha, très drôle gros nounours.

Il fronce les sourcils.

— Gros nounours ?

Elle le laisse patauger dans son incompréhension avant de se relever et de plaquer un baiser sur son front. Il essaye de la rattraper quand elle court s'enfuir dans la salle de bain.

— Tu ne m'échapperas pas !

— Mais je veux pisser ! se plaint-elle.

— Bah j'irai pisser avant toi !

— Je te jure, je vais te niquer Isidore, affirme Coline en le voyant entrer dans la salle de bain avant elle.

C'est seulement une heure et demie plus tard qu'ils se décident à en parler. Ils sont bien réveillés, en forme et tous beaux et propres. Coline ne sait pas trop ce qu'ils sont l'un pour l'autre pour l'instant. C'est tellement ambigu et naturel que ça la désoriente. Elle sait que c'est son meilleur ami, mais elle sait qu'il pourrait être bien plus que cela maintenant.

— On fait quoi ? demande Isidore.

— Pour toi et moi ? lance-t-elle.

Il confirme ses dires.

— Tu veux qu'on fasse quoi Co' ?

Elle n'en sait trop rien.

— Déjà c'est bien qu'on en parle, assure la blonde.

— Grave.

Sur le canapé, leur distance paraît étouffante.

— On fait quoi ? répète une des deux voix.

Silence. Ils ne savent pas. Le blond propose quelque chose, sourire aux lèvres :

— On réessaie ? Et on voit si on n'a pas halluciné hier ?

Elle ne va pas dire non, mais n'ose pas dire oui. Il est très tchatcheur.

Finalement, Isidore l'embrasse. Et elle sourit pendant que leurs lèvres se frôlent. Encore. L'avoir à proximité est bien plus rassurant que l'avoir à distance.

— OK, bah moi, je sais ce que je veux, lâche-t-il de but en blanc.

Elle l'écoute.

— Je veux t'embrasser autant que j'en aurai envie. Parce qu'on n'a pas halluciné du tout dans mon lit.

Coline rougit et lève les yeux au ciel parce qu'il l'a dit d'un air beauf.

— Est-ce que c'est bizarre si je deviens ta copine ou toi mon copain ? questionne-t-elle sérieusement.

Les deux s'échangent un regard. Oui, ce sera bizarre du jour au lendemain, juste comme ça "pif paf pouf, on sort ensemble", mais elle ne sait pas si elle a envie de se lancer dans quelque chose d'officiel alors qu'elle vient de brouiller tous ses repères.

— Au pire, attends, on tape la question sur Google.

— Non, ça pue là ton idée ! répond Co' sur-le-champ.

Isidore et ses idées de merde.

— On fait comment alors ?

Elle réfléchit.

— Au pire, on sort pas ensemble tout de suite, mais on est dans le projet de le faire. Très bientôt si tout se passe bien, ça te va ? propose Coline en essayant de faire un compromis.

Isidore a l'air satisfait. Elle aussi. C'est encore un peu bizarre pour elle de se dire qu'elle aspire à pécho son meilleur ami.

— Parfait.

— Parfait, répète-t-elle en boucle.

OupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant