XL.1

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Je le regardais. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'étais qu'à peine étonnée. Lui, avec ses yeux gonflés et humides, me dévisageait avec un air attristé. Il me fixa un moment, puis détourna le regard. 

"Tu n'es pas obligé ... Lui dis-je. Il releva les yeux vers moi, et haussa les sourcils avec une expression quelque peu hautaine.

-Je sais."

Il m'attrapa par le poignet et m'entraîna contre la tente. Allait-il réellement ... M'amener dehors ? Je commençai à me dire qu'il était peut-être réellement sincère, depuis le début ... Morgan tenait à ce point à moi ...?

Il avait l'oreille collée contre la paroi de la tente, et essayait certainement de repérer du mouvement à l'extérieur. Il ferma les yeux un instant pour se concentrer entièrement sur le bruit. Moi, je retenais ma respiration, par peur qu'elle le gêna. Le vent soufflait dehors ; il était difficile de comprendre l'extérieur, et une odeur de poussière commençait à envahir l'atmosphère. 

Je le regardais, ce garçon. Je ne sais pas pourquoi, je ne pus, à ce moment là, détourner mon regard de lui.

Il ouvrit les yeux, et ces yeux noirs, maintenant, étaient plus foncés que jamais. Était-ce la détermination qui les rendait ainsi ? Ou l'amertume de ce qu'il était entrain d'accomplir ? Il n'était pas bien, c'était sûr, pourtant, il n'y avait nul doute dans son expression. Il allait me faire sortir de là.

"Ne fais aucun bruit. le soleil se couche, donc les ombres n'en seront que plus grandes, alors marche bien à côté de moi. 

-Je comprends pas bien ...


-On va mêler nos ombres." 



Cette phrase raisonna en moi. Pourquoi ? Peut-être avait-elle un sens cacher à ma raison que mon cœur comprenait. 

Du moins, j'acquiesçai. Cela allait être délicat, je le savais, je le sentais. 

Morgan souleva discrètement la bâche de la tente, et passa dessous. Avant que tout son corps ne soit passé de l'autre côté, il me fit signe de la main de le suivre. Comme convenu, je passai à mon tour, et me collai à lui. J'eus d'ailleurs un étrange réflexe ; celui de lui attraper le bras, et de le serrer contre moi. Mais il ne fit pas attention et, moi non plus.

Nous nous collâmes contre la paroi. Nous étions maintenant à l'extérieur, et oui, le soleil se couchait ; l'air était entrain de changer, plus pétillant, plus frais, plus doux ... Et les couleurs ... Plus chaudes, plus vives mais aussi tellement plus calmes ... Celles du ciel à ce moment là. J'avais les yeux rivés vers les nuages, et je sentais un tel apaisement, pourtant inapproprié dans une situation comme la mienne. Je pensais qu'il s'agissait probablement de tout ces dires, toutes ses choses que nous avions gardé en nous, et que nous avions pu extérioriser aujourd'hui. J'étais légère, voilà tout. Mais ... Je ne savais pas si je devais vraiment l'être. Du moins, à présent, je n'avais plus la pression de savoir que mes amis attendaient quelque chose de moi. Non, je les avais suffisamment repoussés, suffisamment déçus aujourd'hui, pour en être libérée, et de tout regret désenchaînée. 

Morgan se mit soudainement en mouvement, me ramenant à la réalité. En face de nous, il y avait encore de nombreuses tentes, assez hautes. Enfin de compte, ils étaient venus bien plus nombreux que ce que Charlie et moi pensions ! Il n'y avait pas que la classe spéciale à être sur le coup ... Cela m'effraya, de me dire que depuis tout ce temps, nous avions tant d'ennemis. 

Light OutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant