CHAPITRE 11- SARAH

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Résumons. Véra est à l'hosto. Je dois aller à l'hôtel des Lys prévenir son amant qu'elle ne pourra pas venir le rejoindre pour cause d'appendicite aigüe. Amant qui, soit dit en passant, n'est autre que mon boss Bruno Scozza, l'un des meilleurs avocats de Paris. Petite cinquantaine, encore belle allure malgré une petite bedaine, marié depuis plus de 20 ans à Maître Nadine Scozza, notaire avec laquelle je travaille en étroite collaboration sur tous mes dossiers de divorce. Autant dire, je suis dans la merde !Encore une chose importante, j'ai mal aux pieds dans mes escarpins presque neufs. Véra aurait pu choisir un autre jour pour s'effondrer au bureau.

Je repère le resto Vegan à quelques mètres. Je ne suis plus très loin puisque l'hôtel est situé de l'autre côté de la rue. Les odeurs qui s'en dégagent me remuent l'estomac qui crie famine. Car, pour couronner le tout, je suis affamée. Avec toutes ces conneries de mise en beauté pour ces deux vieux types de chez HG&Co, qui ne sont même pas venus, je n'ai pas pris le temps de petit-déjeuner ce matin. Et donc...j'ai faim !!!

Je me faufile entre les voitures, qui klaxonnent à mon passage, pour changer de trottoir. Devant le grand tourniquet doré, je prends une profonde inspiration sous le regard de biais du groom.

C'est la première fois que je pénètre dans un hôtel cinq étoiles. Je n'ai jamais eu les moyens de m'offrir une chambre même pour une nuit dans ce genre d'établissement et je n'ai jamais eu de petit-ami suffisamment friqué pour m'inviter dans un endroit pareil. Telle une touriste, je balaie l'immense hall d'un regard admiratif, les lèvres entrouvertes de béatitude. Toutes les dorures me rendraient presqu'aveugle.

Je me présente à la conciergerie où un grand type à l'allure guindée me fixe depuis mon arrivée. Il me sourit aimablement et j'approche, peu rassurée. Je laisse le message à cet homme et je me sauve vite fait, ni vue ni connue.

— Bonjour Madame, bienvenue à l'hôtel des Lys !

— Bonjour Monsieur, réponds-je timidement.

— Vous avez réservé une suite ? demande-t-il en pianotant sur son ordinateur.

— Non, je dois laisser un message de la part d'une collègue pour un homme qui se trouve chambre 124 ! dis-je rougissante.

— Ah, je vois, reprend-il d'un air suffisant. Ce Monsieur est déjà dans la suite depuis quelques instants. Je vous invite à vous y rendre pour transmettre votre message.

— Non, il vous suffit juste de lui dire que cette dame ne pourra pas venir.

— Ce service n'est pas compris dans les prestations des chambres de jour ! me rétorque-t-il tout en me désignant les portes d'un ascenseur. Premier étage sur votre droite, Madame !

Je reste devant lui, gênée par sa façon de me snober puis me sens obligée d'aller vers les portes dorées qui s'ouvrent devant moi.

Dans la cabine qui se referme, je lâche un « merde, fais chier ». Je détaille mon reflet dans le miroir tout en maudissant Véra de me faire subir cela. Que vais-je donc dire à Bruno lorsqu'il va ouvrir la porte ? Je ne suis pas censée savoir qu'il est l'amant de Véra ! Et puis s'il était déjà à poil en train d'attendre Véra, popaul déjà prêt ! Oh mon Dieu, j'imagine déjà la scène des plus gênantes.

Mon téléphone se met à hurler dans mon sac à main et je mets quelques secondes à le dénicher au fin fond de mon capharnaüm. Alors que les portes coulissent devant moi, je réponds à l'appel de Gabriel.

— T'as transmis le message ? demande-t-il sans un salut.

— Non, je vais le faire !

— Qu'est-ce que tu fous ! s'énerve-t-il gentiment.

— Deux minutes, je suis à l'hôtel et le sale type de la réception n'a pas voulu prendre le message car ce n'est pas compris dans le prix des chambres de 12 à 14 ! Du coup, je vais prévenir Bruno dans la suite ! Je te jure que je hais Véra de me mettre dans une telle situation !

— La pauvre est sur le billard ! Alors un peu de compassion quand même !

— Je voudrais t'y voir toi ! grogné-je en chuchotant alors que je me retrouve, la gorge serrée devant la porte 124. Je vais peut-être me retrouver nez à nez avec le grand chauve à col roulé du boss ! Alors fous-moi la paix !

— Bonne chance, ricane-t-il.

— Oh vas te faire fou*** Gabriel !

Je toque tout doucement à la porte mais elle s'ouvre brusquement devant moi. Le téléphone encore à la main, j'ai à peine le temps de voir une ombre passer devant mes yeux. Le palpitant en mode grand galop, je fais quelques pas et me retrouve sur le seuil d'une immense chambre lumineuse.

Devant les grandes fenêtres, une silhouette en contrejour me force à plisser les yeux pour en distinguer les contours. Un homme se retourne vers moi mais son allure est bien trop longiligne pour être celle de Bruno.

Je me fige, totalement désemparée. Où est Bruno ?Je pivote vers la porte encore ouverte et vérifie le numéro. Le 124, c'est bien ça.

L'homme s'est approché et je le découvre devant moi, juste à quelques pas. Mes yeux le scannent en deux passages rapides sans oser m'y attarder et l'incompréhension me tétanise. J'ai dû me tromper lorsque Véra m'a donné le numéro de chambre. Je m'apprête à faire demi-tour sans demander mon reste mais il me dit d'une voix grave :

— Véra ?

Je me liquéfie et fais volte-face vers l'homme. C'est lui le rendez-vous de Véra ? Non, ce n'est pas possible !Je le détaille cette fois-ci, lentement, de la tête aux pieds et en reste époustouflée. Il est là, devant moi, jeune, beaucoup plus jeune que Véra, très séduisant, indéniablement plus séduisant que Bruno, dans un costume bleu soyeux bien coupé, chemise blanche et cravate impeccablement nouée autour de son cou musclé.

Il approche encore et je reste là, incapable de dire un seul mot, de faire le moindre mouvement. Il se penche vers moi et je retiens ma respiration. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il va me faire ?D'une main, il claque la porte derrière moi et je sursaute d'effroi, le nez presqu'enfoui dans son cou. Son parfum de luxe m'enveloppe doucereusement mais il ne suffit pas à m'empêcher de sentir l'odeur de sa peau, une fragrance qui me trouble aussitôt.

Je ne bouge pas d'un centimètre et un quart de seconde, je m'étonne à aimer ce fugace contact entre ma poitrine et son torse. Un frisson naît sur ma nuque qui me fait plisser les yeux. Fascinée, je bloque sur sa peau entre son col de chemise et la naissance de sa barbe de quelques jours.

Il se redresse mais ne s'éloigne pas de moi. Je n'ose toujours pas bouger ni parler. Ses doigts me surprennent à se saisir de mon téléphone pour le poser sur la console à ma droite. Mes yeux suivent son geste lent. Je me statufie lorsque je sens ses doigts ensuite venir caresser les quelques mèches qui se sont échappées de mon chignon flou.

— Tu es très belle, me dit-il d'une voix douce.

Je remonte alors les yeux vers son visage et je ne peux m'empêcher de retenir mon souffle lorsque je croise furtivement son regard. Bleu, vert, je n'ai pas le temps de vraiment le voir, juste suffisamment pour qu'il m'électrocute sur place. Cet homme est une tuerie. 

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⏰ Last updated: Mar 11, 2019 ⏰

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