CHAPITRE 9 - SARAH

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Je ne suis pas mécontente de cette nouvelle journée qui commence. J'espère qu'elle sera moins éprouvante que celle d'hier. Je suis rentrée éreintée après une journée interminable passée à expliquer le droit des affaires à Gabriel.

J'étais sur le point de l'étrangler à force de répéter deux fois mes phrases tandis qu'il somnolait sur les feuilles du dossier HG&co. Ce type est une brêle en droit des sociétés. Je sens que le dossier va être chaud avec un co-équipier aussi novice en la matière. Son sex-appeal ne suffira pas à combler ses lacunes puisque les deux dirigeants de la société semblent être des hommes. Heureusement pour moi, il a dû me quitter prématurément pour se rendre à une reconstitution de meurtre. C'était ça où je finissais la journée inculpée de tentative d'homicide au coupe papier.

Au milieu des 340 pages du dossier, j'ai pu heureusement compter sur le spectacle de Véra pour ne pas sombrer à mon tour dans le coma, elle, totalement à l'ouest, baillant de tout son saoul et s'énervant sur la clientèle au téléphone, surtout sur la mienne, réfractaire à régler les honoraires. Bruno n'a pas arrêté de venir la voir et de lui chuchoter des choses à l'oreille.

Ce type est quand même d'un commun affligeant. La liaison adultère avec sa secrétaire, c'est d'un banal. Je ne sais pas mais il aurait pu se décarcasser pour trouver une maîtresse à la hauteur d'une héroïne de roman comme une juge, un huissier de justice ou mieux une meurtrière comme dans Basic Instinct. Dans la profession, il y a quand même d'autres choix qu'une assistante nom d'un chien ! Un peu de fantaisie mon gars !

Je suis ensuite allée me faire dépoiler d'où je suis repartie, grimaçante de douleur pour ce qui concerne le maillot ou plutôt le minuscule ticket de métro que ma tortionnaire a bien voulu me laisser au niveau de mon pubis. Quand au petit plus intime, j'ai eu le bonheur d'apprendre, une fois à quatre pâtes sur la table, le derrière à l'air, que je n'en avais pas besoin, mes fesses ressemblant selon Patricia l'esthéticienne, à celles d'un beau bébé. J'ose espérer que ce n'était pas de cellulite dont parlait Patricia mais bien de poils.

J'ouvre mon placard à chaussures et je m'écrie toute seule dans mon couloir :

— Ne me regardez pas comme ça les filles ! Je vous adore mais le boss a dit « au placard pour aujourd'hui » !

Je donne un coup de pied dans mes baskets en toile pour les fourrer un peu plus au fond dans le meuble du vestibule et sors d'un sac en feutrine, une paire d'escarpins que j'avais achetée l'an passé pour le mariage de ma cousine Solène.

Mes chevilles se tordent légèrement lorsque j'enfile mes pieds dans les chaussures aux talons vertigineux. Je grimace en réalisant un premier pas. Une journée là-dedans, ça va être l'enfer mais il faut souffrir pour décrocher sa place d'associé au sein du cabinet. Pense à ton nom gravé sur la plaque en laiton ! J'espère qu'il ne le sera pas inscrit plutôt sur ma pierre tombale lorsque je me serais brisé la nuque à cause de mes escarpins trop hauts.

Je lisse ma tenue sur mes hanches et hallucine en voyant ma poitrine plus que généreuse, moulée dans cette robe fourreau noire. Je sais que l'on ne me regardera pas dans les yeux aujourd'hui. Je me contorsionne pour zipper la fermeture éclair dorsale jusqu'en haut. Un truc que mon canard vibrant ne peut pas faire à la place d'un homme. Il m'en faudrait quand même un pour ce genre de corvées. Je ricane en repensant à ma soirée télé hier soir, bien au chaud sous ma couette, devant mon feuilleton préféré et à cet extraordinaire lâcher prise devant la musculature dévoilée de cet acteur rouquin. Cette série sur les écossais est d'un érotisme !Ryan, mon vibro a failli finir projeté contre le mur dans ce moment de pur plaisir. La preuve que les hommes sont remplaçables même par un bout de machin en plastique. Enfin sauf pour remonter une fermeture éclair ou sortir les poubelles.

COUPABLE I love youWhere stories live. Discover now