Je fais en sorte que son ton amer ne me touche pas.

—Arrête de me mentir. Tu sais que j'aime pas quand on me ment.

—C'est ironique, crache-t-il amèrement.

—Qu'est-ce qui est ironique ?

Maintenant, c'est à mon tour de froncer les sourcils. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir blessée par ses mots, même si je suis au courant qu'il est déjà en bonne voie vers l'ivresse.

—Spencer, combien de mensonges tu vas devoir me raconter avant de réaliser que j'aime pas les gens qui me dissimulent des secrets, surtout quand ça me concerne ? Je pensais que notre amitié valait plus que ça.

—Mets pas toute cette connerie émotionnelle sur moi Evie, ça fonctionne pas avec moi, dit-il et sa tonalité est semblable à un couteau pointu. Et je suis sans aucun doute autorisé à garder des secrets si la vérité te blessera. Ça s'appelle être un ami bienveillant.

—Un ami bienveillant, mon cul, lui lançais-je un regard furieux. Tu sais quoi, Spencer ? Je peux très bien me prendre soin de moi-même. Je me suis protégée avant de te connaître et je le fais encore.

—Je connais beaucoup de choses sur toi, assez pour me nommer tout seul comme étant ton meilleur ami bienveillant. Par contre toi, tu sais quoi de moi ? Parce que pour l'instant, j'ai pas l'impression qu'il y ai beaucoup de bienveillance venant de ta part, rigole-t-il moqueusement.

La vérité me frappe de l'intérieur, je le fixe. Je pensais le connaître ; évidemment, je ne sais pas beaucoup sur sa famille ou son passé, mais j'ai fait preuve d'efforts et de tentatives. Il a toujours été vague quand on abordait ces thèmes et il changeait rapidement de sujet aussi facilement que possible. Tout ce que je suis au fait c'est qu'il est mon meilleur ami ; il est bizarre et amusant bien qu'il possède un petit problème d'alcool, mais je l'aime, peu importe. Je n'avais jamais vu ce côté de lui, cette amertume et ce côté tordu. Je le regarde dans les yeux, et ils sont inhabituellement vides d'émotions.

—Qu'est-ce qui se passe ? C'était quoi cette conversation ? Pourquoi tu m'attaques ? T'essaies de me mettre en furie contre toi ? dis-je doucement.

—Ça fonctionne ? arque-t-il un sourcil.

—Bordel, qu'est-ce qui a été dit dans cette conversation téléphonique ? plissais-je des yeux en me mettant debout.

Spencer boit d'un trait le reste de la bouteille et essuie sa bouche, se levant. Il chancelle légèrement sur ses pieds.

—Comme je l'ai dit mademoiselle Autumn, cela ne sont pas vos affaires et je ne pourrais pas donner moins d'information de merde si cela vous dérangez, bien que vous n'aimiez guère que je vous mente, ricane-t-il. Maintenant, je vais partir et être extrêmement ivre à une réception et j'ose vous demander de ne pas me joindre avec votre négativité. Mes salutations.

Il fait une révérence d'un air dramatique et s'éloigne, se cognant dans l'encadrement de la porte. Je l'entends faiblement dire à quelqu'un "c'est fait," avant de sortir de la maison, il est parti.

Je cille ravalant mes larmes et claque ma porte dans une crise de colère. Je me jette sur mon lit, mon oreiller étouffant mes cris de frustration. Je sais qu'il est ivre et n'a probablement pas réalisé ce qu'il a dit, mais ça n'enlève toujours pas l'amertume de ses mots. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il a soudainement décidé de m'attaquer ; ça n'a aucun sens, il allait bien avant cet appel.

Cet appel téléphonique. Je lance un regard noir à mon oreiller. Je ne sais pas qui était à l'autre bout du fil, mais peu importe la personne qui discutait avec mon meilleur ami, peu importe qui est cette personne qui l'a retourné contre moi, je la déteste.

Hadès (Trilogie Hadès #1) [VF]Where stories live. Discover now