Chapitre un

Depuis le début
                                        

—Oui, mais j'apprécie mieux ta compagnie quand tu n'es pas bourré, dis-je en le provoquant, ne tenant plus sur place en remarquant les secondes défiler sur l'horloge. Je dois vraiment partir-

—Et si je te disais que je partais voir les jumeaux ? me demande-t-il en connaissant très bien ma réponse.

—Ils sont déjà de retour ? mes yeux s'enflamment.

—Ils vont atterrir cet après-midi, m'explique-t-il en faisant tournoyer ses clés de voiture autour de ses longs doigts. Je pars les chercher maintenant. Tu veux venir ?

—Je vais ignorer le fait qu'ils ont demandé à toi d'aller les récupérer et non à leur propre sœur, puis dire oui, souris-je grandement.

Toutes les pensées concernant mon cours s'envolent par la fenêtre. Il a raison : je connais la majorité du contenu des cours enseignés, je ne manquerai rien. C'est comme ça que ça se passe quand tu es très seule étant enfant ; tu trouves quelque chose d'intéressant et soudainement tu apprends tout sur le sujet. Je n'ai jamais su si je devais bénir ou maudire ma nature introvertie.

La route vers l'aéroport est courte, par contre il fait anormalement chaud ; nous avons difficilement ce genre de température en Angleterre, donc quand ça arrive nous tentons d'en jouir autant que possible. Je baisse la fenêtre et pose ma tête contre le rebord, ignorant l'effroyable Spencer qui chante tandis que je laisse mes cheveux voler à cause de la brise. Ça doit faire un mois que je n'ai pas vu ma sœur et mon frère adoptifs ; ils voyagent partout où leurs compétences au tir à l'arc les amènent, alors parfois ils passent des mois à faire des championnats. Comme chaque personne de ma famille adoptive, ils sont vachement doués dans ce qu'ils entreprennent. À des moments je me sens comme une maladroite lapine entourée de parfaits cygnes : c'est pourquoi j'ai autant amélioré mes connaissances sur l'histoire grecque. J'ai l'impression que je dois être douée afin de rester à leurs côtés.

—À quoi est-ce que tu penses si profondément E ? me questionne-t-il, me regardant brièvement. Ça te donne d'horribles rides tu sais.

—Que je suis une lapine, lui dis-je honnêtement, et son visage se froisse de confusion.

—Je dois dire que c'est pas la chose la plus bizarre que j'ai entendu venant de ta part. Mais tu es une magnifique lapine alors ça va, glousse-t-il.

Il tape ses doigts sur le volant tout en jetant un coup d'œil au parking. Il fait un bruit sec avec sa langue tapant à son palais, agacé.

—Tu veux t'avancer et essayer de les trouver ? Je pense pas que je vais avoir une place ici.

—Ouais bien sûr, débouclais-je ma ceinture pour sortir. Envoie-moi un message quand t'as une place, d'accord ?

Il hoche la tête et s'éloigne, chantant à tue-tête du George Ezra, sa voix fait écho dans tout le parking. Je rigole bêtement à ses conneries et entre dans l'aéroport.

Il ne me faut pas beaucoup de temps pour trouver les jumeaux. Je dois juste suivre la foule. Ils bavardent avec agitation entre eux tandis qu'ils se promènent dans le terminus, complètement ignorants du monde qui les admire. J'ai grandi autour de leur beauté céleste, par conséquent je ne suis plus fascinée ; néanmoins c'est un sentiment étrange de voir ces gens les fixer intensément. Non que je sache comment ils se sentent : j'ai toujours été cachée fermement derrière leur ombre, et parfois quand une personne me remarque, ses yeux glissent loin de moi comme si je suus invisible. Ça ne me dérange pas vraiment. Je sais que je ne suis pas extrêmement belle, je ne l'ai jamais été ; j'ai toujours souhaité l'être, mais c'est comme ça que je suis.

—Evie ! s'exclame Selene aussitôt qu'elle m'aperçoit, un large sourire se forme sur ses lèvres. Ça fait longtemps que je t'ai pas vu, ma belle !

—Hey Selene ! souriais-je, lui faisant un geste de main et en voyant l'endroit à sa droite inhabituellement vide, mon sourire faiblit légèrement. Où est-

Hadès (Trilogie Hadès #1) [VF]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant