Chapitre 15

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Il se voyait dans un coin de l'arrière-boutique de son magasin de Cherry street, travaillant sur une nouvelle tablette de chocolat, et de nouveaux bonbons avec une textures inédite. Comme à son habitude, il réfléchissait à voix haute, en marmonnant des « Non ce n'est pas ça », « Ça a déjà raté la dernière fois », « Je ne comprends pas ce qui ne va pas ». Sans qu'il ne sache d'où elle venait, une petite voix lui adressa la parole.

« Avez-vous essayé de nuancer le chocolat au lait avec du chocolat noir ? Des fois la simplicité est votre meilleur atout … Et pour ces bonbons, vous devriez peut-être essayer la confiture … Ce n'est qu'une intuition, mais je suis sûre que ça ferait des miracles ! »

Willy avait écouté attentivement ce que la petite voix lui avait dit, mais ne trouvait pas d'où elle venait.

« Excusez-moi ? » demanda-t-il en fouillant les alentours du regard.

« Ici ! Derrière le comptoir ! »

Willy regarda derrière son bureau, et ouvrit de grands yeux en voyant une petite fille d'environ 8 ans. Elle lui souriait de toutes ses dents, et semblait attendre qu'il lui réponde.

« C'est toi qui a eu ces idées ? » demanda-t-il incrédule. Il ne pouvait imaginer qu'une fillette de son âge puisse déjà avoir de si grandes idées.

« Bah oui ! Vous voyez quelqu'un d'autre ici ? »

« C'est ... brillant ! ». Willy n'en revenait pas. Il n'arrivait pas à lâcher les beaux yeux marrons de la petite fille, qui au passage, de par sa spontanéité et sa bonne humeur, avait de suite attiré sa sympathie, ce qui était plutôt rare. Il fit alors le tour du bureau pour venir s'accroupir devant elle.

La petite, elle, était très impressionnée de se retrouver devant Willy Wonka : à tout juste 20 ans, il arrivait déjà à faire parler de lui presque tous les soirs à la télévision. Et son grand-père lui en parlait souvent, alors elle connaissait beaucoup de ses exploits, ce qui renforçait son admiration.

« Dis-moi, d'où est-ce que tu viens ? Comment tu as fait pour venir ici ? ». Willy ne savait pas pourquoi il posait ce genre de questions inutiles, alors qu'il avait devant lui une petite fille qui semblait être un petit prodige de la confiserie, tout comme lui.

« Mon grand-père travaille ici ! Je viens souvent le rejoindre et j'ai profité qu'il ne me surveille pas pour venir dans l'arrière-boutique. J'espérais vous voir ! » répondit-elle le plus naturellement du monde. Alors que Willy allait lui répondre, un de ses employés arriva vers eux, essoufflé.

« Mais qu'est-ce que tu fais là ma chérie ? Je t'ai déjà dit que quand tu venais me rejoindre il fallait que tu restes dans la boutique. Je suis désolé monsieur Wonka, la petite a échappé à ma surveillance, mais cela ne se reproduira plus » débita le vieil homme.

« Non, ne vous inquiétez pas, votre petite-fille est charmante et très intelligente. Elle vient de me donner de brillantes idées. » répondit Willy en se relevant.

« Je suis tout de même désolé monsieur. Viens ma chérie, nous devons y aller. », dit le grand-père en emmenant la petite.

Willy les regarda s'éloigner en espérant revoir la petite fille : si les idées qu'elle lui avait soufflées fonctionnaient, il se devrait de la remercier et de la féliciter comme il se devait.

Carlie, pour cacher son malaise, chercha sa sœur de là où elle était. Cependant, elle fut ramenée à la réalité quand Willy se mit à murmurer, les yeux encore à moitié dans le vide.

« C'est vous ? C'était vous tout ce temps … », une fois qu'il fut totalement revenu à la réalité, il prit ses mains dans les siennes, et la regarda de la manière la plus sérieuse possible. « Vous êtes la petite Candy … Candy sweety … mon petit prodige de la boutique de Cherry street … la petite-fille qui échappait à la vigilance de son grand-père pour venir me voir … » dit-il, encore sous le choc. « Vous avez les mêmes yeux … et vous venez de me suggérer cette idée de la même manière que quand vous êtes venue la première fois … »

Carlie fut incapable de répondre. Tout se bousculait dans sa tête. Toutes ces années, elle pensait avoir rêvé, inventé ce surnom, ses rencontres avec Willy Wonka, et son lien avec sa tablette de chocolat favorite. Et maintenant, il était en train de lui dire que c'était réel, qu'il se souvenait d'elle … Elle était totalement perdue, incapable de revenir à la réalité.

Willy, lui, ne pouvait exprimer le sentiment qu'il ressentait au fond de lui. Tout se mélangeait : il était tellement heureux de l'avoir retrouvée, il comprenait pourquoi il était tant focalisé sur elle depuis le début de la visite, et aussi étrange soit-il, il ressentait encore plus maintenant cette attirance qu'il avait pour elle. Autrefois ils avaient passé tant de temps tous les deux, à imaginer toutes sortes de bonbons, de chocolats. Ils avaient ri et grandi ensemble, ils avaient été complices malgré leur différence d'âge. Elle lui avait tant manqué tout ce temps, et maintenant qu'il l'avait devant elle, il ne pouvait que constater combien elle avait changé : elle était une magnifique jeune fille, avec du caractère, courageuse et digne malgré les épreuves de la vie. Willy éprouvait un sentiment encore inconnu pour lui, mais comment pouvait-il en être autrement auprès de quelqu'un d'aussi extraordinaire ?

De nombreuses interrogations se bousculaient dans sa tête, mais il se concentra sur celle qu'il considérait comme la plus importante.

« Pourquoi Candy ? Ou Carlie ? Quel est votre véritable nom ? » La jeune fille du se faire violence pour revenir à la réalité et répondre à cette question.

« Etant petite, je n'aimais pas mon prénom. J'étais fascinée par la confiserie, alors quand vous m'avez demandé mon nom, « Candy » sonnait bien. Après ça, je me suis fait surnommer de la sorte quelques temps. Mais quand mes parents sont décédés, j'ai voulu de nouveau utiliser tout le temps mon véritable prénom. Mes parents l'aimaient, et je considère ça comme un héritage venant d'eux. »

Cette explication se tenait, alors Willy ne répondit rien. Il regardait toujours la jeune fille dans les yeux, incapable de s'en détacher, repensant à tous ces merveilleux moments qu'ils avaient passé ensemble. Il était incapable de réaliser qu'elle se tenait devant lui, après toutes ces années.

Malheureusement, ils furent tous deux obligés de sortir de leur petite bulle quand des voix résonnèrent dans la grande salle, signe que les autres invités désiraient eux aussi obtenir un peu de l'attention du chocolatier.

Ensemble nous adoucirons nos peinesWhere stories live. Discover now