Chapitre 3

3.2K 141 29
                                    

Deux jours plus tard, les gens furent encore plus nombreux et excités que d'habitude. Le fait qu'un des tickets ait été trouvé les rendait plus réels, et pour eux le rêve devait paraitre encore plus accessible.

Le soir, devant leur télé, les sœurs Bucket firent la connaissance d'une jeune anglaise : Veruca Salt.

« Veruca, tu peux m'épeler ton prénom s'il te plaît ? » demanda un journaliste perdu dans la masse.

« A. Veruca Salt. », répondit la petite fille.

Au moins une trentaine de journalistes semblaient s'être pressés dans le magnifique manoir dans lequel vivait la famille Salt. Les parents se tenaient tous deux fièrement devant une petite fille aux beaux yeux bleus et aux cheveux bouclés : la famille aristocrate par excellence.

Le père prit la parole, comme s'il avait appris sa tirade par cœur, le dos droit et le nez relevé, comme s'il snobait l'assemblée.

« Dès que ma petite Veruca m'a dit qu'il lui fallait absolument un de ces tickets d'or, je me suis mis à acheter toutes les tablettes Wonka que j'ai pu trouver. Des milliers de tablettes. Des centaines de milliers. Je suis dans la cacahuète voyez-vous, alors j'ai dit à mes ouvrières : « Bonjours mesdames, désormais au lieu de décortiquer des cacahuètes, vous décortiquerez le papier qui enveloppe ces tablettes de chocolat ». Trois jours ont passé, et toujours rien, c'était affreux. Ma petite Veruca était chaque jour un peu plus contrariée. « Où est mon ticket d'or ? Je veux mon ticket d'or ! » me répétait-elle inlassablement. Vous savez messieurs, je ne supportais plus de voir ma petite fille si malheureuse. J'ai juré de poursuivre les recherches jusqu'à ce que je puisse lui trouver ce qu'elle voulait. Et finalement, je lui ai trouvé un ticket. Maintenant ma petite Veruca est tout sourire, et le bonheur est revenu dans notre maison. »

Les journalistes montraient un père apparemment fier de céder aux caprices de sa fille, et une Veruca qui minaudait devant les appareils photos, fière d'elle. Visiblement ces gens ne savaient pas ce qu'était un foyer malheureux, contrairement à ce que monsieur Salt assurait.

C'en fut trop pour la petite Charlotte, qui se leva et s'enfuit en courant dans les rues glacées de la ville. Carlie se leva à sa suite, et après avoir claqué la porte de leur petite maison bancale, commença à lui courir après.

« Charlotte attend ! Charlotte ! S'il-te-plaît ! »

Elle n'était que quelques mètres plus loin, mais rien n'y faisait, la petite courait comme si sa vie en dépendait, comme si elle essayait de s'éloigner de sa vie, de ce qu'elle venait de voir, et de son malheur. Après encore quelques minutes, Charlotte s'effondra au sol, n'étant pas habituée à tant d'efforts physiques, et continua de pleurer silencieusement. Carlie se rendit compte qu'elles étaient devant les grilles de la chocolaterie, l'endroit où elles aimaient s'arrêter pour s'imprégner de la délicieuse odeur qui émanait des cheminées. Et aussi ironique que cela puisse paraitre, sa sœur s'était arrêtée devant la cause même de son malheur. Une fois qu'elle l'eut rattrapée, Carlie s'agenouilla auprès de sa sœur, la fit s'asseoir, et la serra dans ses bras du plus fort qu'elle le put.

« Je suis désolée mon cœur, la vie est injuste … »

Les deux filles restèrent un long moment comme cela, elles finirent même par s'asseoir en s'appuyant sur les grilles, ne sachant plus quoi faire.

« Cette petite fille ne mérite pas ce ticket d'or, malheureusement, dans notre monde, nous pouvons presque tout acheter lorsqu'on a de l'argent … mais il y a une chose qu'elle n'aura jamais … »

Pour lui dire cela, Carlie s'était tournée vers Charlotte, et avait pris son visage entre ses mains

« C'est l'amour sincère et désintéressé … ces personnes ne voient que par l'argent, et ils pensent pouvoir acheter l'amour de leurs enfants, mais le jour où ils n'en auront plus, ils n'auront plus rien … alors que moi je serai toujours là pour toi, et quelles que soient les épreuves qu'on traversera, je serai toujours là … quoi qu'il arrive … tu ne seras jamais seule … tu mérites tellement mieux que cela … tu es si douce et gentille … un jour le vent tournera, et tu auras la vie que tu mérites … je te le promets … »

Ensemble nous adoucirons nos peinesحيث تعيش القصص. اكتشف الآن