Chapitre 38

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<12 Janvier 2018 >
Cameron

Tout s'est accéléré. Tout a été bousculé. Tout a été chamboulé. Mon cerveau n'est plus qu'un champ de bataille abandonné après une énorme défaite. Ça me perturbe tellement que je ne peux m'empêcher de penser à ce que je lui réponds :

— Mais tu aurais dû me dire tout ça avant. J'aurais compris et surtout, je t'aurais dit que Sophie était très gentille mais qu'elle ne m'intéresse pas du tout. Pas elle.

Et là, je m'arrête, ne sachant pas ce qui m'a pris de lui dire ça. C'est bête, mais j'ai une appréhension. Il m'a embrassé, m'a dit à l'instant qu'il craquait pour moi mais j'appréhende sa réaction. Qui tarde à arriver. Qui n'arrive pas. Je baisse le bras et remarque que mon écran de téléphone est noir. J'appuie sur tous les boutons, une bonne dizaine de fois pour être sûr mais rien ne se passe.

Je fixe bêtement mon téléphone sans vie qui gît à présent dans ma main et je reste figé abasourdi par ce qui vient de se passer. Les mots de Tee... De Théodore... Tournent en boucle dans ma tête et je prends enfin le temps de réfléchir. Il ne voulait pas faire de mal à Sophie. Sophie est sa petite sœur. Il craquait pour moi...

Je relève la tête, retrouvant peu à peu toutes mes capacités intellectuelles et me précipite vers ma porte en appelant Callie de manière un peu trop désespérée à mon goût. Je suis surpris quand je me rends compte qu'elle est adossée sur le mur en face de ma chambre, les bras croisés devant elle. À un mètre l'un de l'autre, nous nous regardons un instant avant qu'elle brise le silence, un sourcil levé :

— Vous avez déjà fini ?

— Non, non, c'est la merde, je n'ai plus de batterie et je sais pas où j'ai mis mon chargeur et il faut que je le rappelle sinon il va croire que je ne veux pas lui parler et moi je veux qu'on parle et...

— Calme-toi, m'ordonne Callie en posant ses mains sur mes épaules.

Je respire à fond en fermant les yeux. Elle a raison, je deviens hystérique. Pour un garçon. C'est stupide mais en même temps, maintenant qu'il a commencé à m'expliquer les choses, j'ai envie de tout savoir. J'ai envie de comprendre tout ce que j'ai loupé.

Callie me lâche et va tranquillement dans sa chambre. Quelques secondes plus tard, alors que je n'ai pas bougé, elle revient en me tendant le Saint-Graal, enfin son chargeur. Je retourne dans ma chambre suivi par ma sœur et branche mon iPhone. Étant donné qu'il était complètement à plat, je ne peux pas le rallumer aussitôt alors je reste assis au bord de mon lit, le téléphone toujours entre les mains, juste pour être sûr qu'il ne va pas disparaître.

Ma jambe tressaute. Mon cœur tambourine. Je suis en plein stress de devoir attendre. Finalement, c'est peut-être un signe. Le signe que je cherchais partout. Tee – ou Théo, peu importe – et moi nous n'avons peut-être rien à nous dire... Peut-être rien à vivre ensemble.

— Tu crois que... Peut-être que le destin, le hasard ou l'Univers veulent nous faire comprendre que j'avais raison de couper les ponts. Il a joué un double jeu avec moi et...

— Mais c'est impressionnant le nombre de conneries que tu peux dire à la seconde ma parole ! s'exclame Callie.

Au lieu de me vexer, ses mots me rassurent. Elle vient s'asseoir à côté de moi, pose sa main sur mon genou et me murmure gentiment :

— Je comprends que tout ça te fasse peur, Cam. C'est la première fois que... Tu tombes amoureux et la nouveauté fait toujours peur. Mais ce mec et toi... Sérieusement Cam ! Tu m'as dit que Tee et Théodore te plaisaient. Si c'est pas le signe que vous êtes faits pour être ensemble, je veux bien me faire bonne sœur.

Walls Could TalkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant