Chapitre 32

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< 08 Janvier 2018 >
Cameron

— Attends ! Tu parles de quel livre ?

— Celui que j'ai lu pendant les vacances. Je t'en ai déjà parlé !

— Ah celui dont tu m'as envoyé une photo de la couverture ?

— Voilà ! s'écrie Clay me faisant revenir brutalement à la réalité.

Malgré tout, je ne bouge pas. Les bras croisés sur la table devant moi, la tête posée dessus, je ferme les yeux avec force comme si cela allait m'aider à ne plus écouter la conversation que Clay et Sophie ont à un mètre de moi.

— Je comprends mieux. Dans ce cas-là, je suis d'accord avec toi !

— C'est... C'est vrai ?

Clay me semble étonné par les paroles de Sophie comme si c'était impossible que quelqu'un puisse être de son avis. Il faut dire qu'après des années d'amitié avec Nana, ça doit réellement surprendre.

— Bien sûr ! L'auteure a voulu montrer les conséquences d'un manque de communication, pas seulement une énième tromperie de bas étage.

— C'est totalement ça. Avec un mélange de manque de confiance en soi et de fierté mal placée, c'est...

J'entends les voix de mes amis mais elles s'éloignent lentement de moi comme s'ils partaient et pourtant, je sais qu'ils sont toujours à côté de moi dans le foyer du lycée. La tête me tourne et j'ai des sueurs froides. Depuis hier, je suis dans ce pitoyable état. Clay et les autres ont pensé que j'avais la grippe ou un truc comme ça quand je leur ai dit mais je sais que ce n'est pas ça.

C'est pire... C'est bien pire...

Je respire à fond comme pour essayer de calmer mon rythme cardiaque parce que je commence à paniquer. Je le sens. Ça vient toujours au moment où mon cerveau semble peu à peu s'éteindre. Et il le fait encore. J'ouvre les yeux en grands comme pour essayer de m'accrocher à ce qui m'entoure mais tout deviendra noir à un moment ou à un autre.

*****

Dix minutes ? Deux heures ? Une journée ? Je n'en sais rien. Je reste juste allongé sur mon lit, le regard fixé sur mon plafond. Et j'écoute. Une mélodie mais je ne sais plus si elle se trouve autour de moi ou dans ma tête. Tout est flou. Trop flou.

— Tu m'inquiètes...

Les mots tranchent l'air comme un couteau. La voix est claire, nette et implacable. Si inquiétude, il y a vraiment,  il ne laisse rien transparaître et je ne m'attendais pas à ça venant de lui.

— Je ne sais pas ce qui t'est arrivé pendant les vacances mais il va falloir que tu te reprennes et rapidement, parce que tu tombes, mec. Tu tombes réellement.

Je cligne des yeux pour simple réponse. Il a raison. Je le sais. Il faut que je m'accroche mais garder les yeux ouverts ne m'est plus d'aucune aide parce que je ne vois plus rien en dehors du néant.

— Mec, j'te parle !

Sa main passe sur mon front puis se pose sur mon torse. Je devrais être gêné ou au moins me demander ce qu'il fait mais mon cerveau ne fonctionne plus réellement, je crois.

— Je suis là, tu peux me parler. Je peux tout entendre.

Mais je n'ai pas envie de lui parler. Je n'ai envie de parler à personne. Surtout pas de ça. Et je me rends compte qu'il n'y a plus de musique. La mélodie qu'elle soit réelle ou imaginaire, est partie.

— La chanson...

Ma voix est enrouée de ne pas avoir été utilisée depuis deux jours, depuis l'émission de radio.

Walls Could TalkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant