Week-end inespéré

2.2K 103 22
                                    

Chelsea, New York - Appartement de Colin


Elle ouvre les yeux sur un Colin paisiblement endormi. Tandis que les rayons du soleil s'infiltrent au travers des persiennes, elle prend le temps de l'observer.

Sa respiration est lente et régulière, synonyme d'un sommeil encore profond. Les traits de son visage ovale sont sereins, détendus. Ses longs cheveux épars sur l'oreiller l'auréolent comme un ange des ténèbres. Elle réprime une envie de venir caresser sa joue puis ses lèvres, préférant lui laisser le répit de quelques heures de sommeil supplémentaires qui ne seront pas du luxe.

Ils ont passé la nuit à s'aimer, dans une urgence rarement vécue mais en silence, sans se parler et elle sait que le moment arrivera bien vite où il leur faudra mettre sur la table ce qui s'est passé, de Miami à New York puis de chez elle à chez lui.

En attendant, elle décide de se pencher un peu sur l'écriture d'une prochaine chanson. Ne lui a-t-il pas demandé de lui en écrire d'autres et quel meilleur moment que celui-ci, quand leurs corps épuisés de tout l'amour qu'ils se sont donné sont encore chauds et lascifs, doucement enveloppés du cocon de leur nuit ?

Du coin de l'oeil, dans la pénombre elle remarque un crayon de bois et un bloc-notes sur le bureau de Colin. Lentement et avec précaution, elle s'extirpe des draps dans lesquels leurs jambes à tous les deux se sont emmêlées, se figeant l'espace de quelques secondes quand son beau ténébreux se met à remuer, visiblement dérangé dans son repos. Il se tourne sur son autre côté, offrant son dos à la vue de la jeune femme, qui embrasse des yeux la musculature élancée qui part de sa nuque et descend jusqu'à ses reins, dissimulés par le bord du drap. Elle marque une légère pause sur le tatouage, à hauteur des omoplates, se demandant bien ce qui a pu se passer un dix-neuf juillet pour qu'il ressente le besoin de graver cette date à même sa peau.

Ramassant son sous-vêtement au pied du lit, elle l'enfile, ainsi que le débardeur de son pyjama puis, son matériel en main, elle efface toute trace de sa présence en ce lieu, pour se rendre dans le salon. Elle ouvre les volets et le soleil y pénètre, irradiant toute la pièce de ses ardents rayons, dardant leur chaleur sur sa peau blanche. Elle s'installe en tailleur dans le canapé et ferme les yeux. Elle repense à leur nuit, elle revoit chacun de ses gestes, elle entend leur souffle rapide et court, elle ressent encore le toucher de sa peau contre la sienne.

Ses doigts se crispent sur le crayon et sa volonté leur ordonne de lui appliquer une suite de mouvements qui remplit bientôt de pleins et de déliés le morceau de papier.

Tu dors encore et je m'éveille, 

Sur la plus douce des merveilles.

Ton corps allongé près du mien,

Je goûte la chaleur de nos matins.

J'en redemanderais bien encore,

Te chérissant comme un trésor.

Mais je te sais insaisissable...

Et déjà tu m'échappes...

Son esprit est en pleine concentration, perdu dans une réflexion si intense, presque bouillonnante, qu'elle remplit des pages et des pages de bloc-notes, ne percevant pas la présence de Colin, à l'entrée du salon.

Quand ce dernier est enfin sorti de sa rêverie, il s'est tourné, prêt à enlacer la jeune femme qu'il pensait encore à ses côtés, pour ne pas l'avoir sentie se lever ni même entendu quitter la chambre. Sa main ne découvre qu'une étendue froissée et froide, son bras n'englobe qu'un vide effrayant.

Pieni KukkaUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum