6 - Une dernière journée

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Lorsque je rouvre les yeux, je me tiens debout dans ma chambre, la main tendue vers le vide. Je regarde partout autour de moi, surprise par la téléportation. Je suis seule dans la pièce, et pas un bruit ne vient troubler le silence de la maison. Un coup d'œil par la fenêtre m'apprend que le soir est en train de tomber sur la ville. Je m'approche pour les ouvrir, me penchant vers le vide en savourant les derniers rayons de soleil. Même à cette heure, la chaleur est encore très forte.

Aurais-je rêvé cette salle circulaire ? Ces sabliers ? Et ces... Protecteurs ? J'ai la certitude que non. Je me rappelle du moindre détail, du moindre son avec netteté. Je n'ai pas rêvé, j'étais bien là-bas avec ces quatre personnes.

Sur le bureau, la sonnerie de mon téléphone portable retentit. Je l'attrape et décroche, peu surprise de voir le nom de Marie s'afficher sur l'écran.

-Allô, Clair ? Demande une petite voix.

-Oui, tu es où ?

-Chez moi... Je me suis réveillée dans ma chambre. Et toi ?

-Pareil.

Nous gardons le silence quelques instants.

-Tu en as parlé ? A ta mère, je veux dire.

-Non, elle n'est pas encore rentrée. Et vous ? Vous en avez discuté ?

-Avec Pierre oui, mais pas encore à mes parents... Tu y crois, toi ?

Je ne répond pas tout de suite, réfléchissant sérieusement à la question.

-Je ne sais pas... ça paraissait tellement réel. Tu as vu la poussière dans sa main. Le feu dans celle de Raphaël...

-Et si ce n'était qu'un tour de passe-passe pour qu'on les croient plus facilement ? Pour qu'on les suive aveuglément ? Ils veulent peu être nous enrôler dans une organisation louche.

Tout en retournant à la fenêtre prendre l'air, je met Marie sur haut-parleur, posant le portable sur le rebord.

-Je ne pense pas. S'ils avaient voulu nous embarquer, ils auraient pu le faire tout à l'heure. J'ai la sensation qu'on peut leur faire confiance.

-Nous aussi... Il s'est passé quelque chose, pendant leur discours. Quelque chose en nous a eu envie de les suivre, c'est incompréhensible.

Je souris.

-J'ai eu la même sensation. Et aucun embobinage au monde ne peut faire ça. Et puis...

Je ne fini pas ma phrase, me remémorant le visage de Héria.

-Clair ?

-Cette femme, Héria. Je rêve d'elle depuis des mois. Je suis certaine qu'elle était présente lorsque mon père est mort. Les médecins qui m'ont soigné après tout ça m'ont affirmé que nous étions seuls, et je m'en suis convaincue. Mais maintenant que je la vois... ça ne peut pas être une coïncidence.

Marie garde le silence, méditant mes paroles.

-Tu vas en parler à ta mère ? Demande-t-elle finalement, indécise.

-Et toi ? Je réplique avec un sourire.

-Je ne sais pas... On a pas trouvé de réponse, avec Pierre. Si seulement on pouvait avoir un moment avec eux après les Épreuves, ce serait plus facile.

-On peut aussi faire exprès d'échouer.

-Mais si l'un de nous réussi ? Je ne veux pas vous perdre...

Je soupire.

-Moi non plus... Je ne veux plus perdre personne.

Un silence s'installe entre nous, où chacune ressasse ses pensées noires.

Les ElémentauxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora