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La chaleur est réellement étouffante pour cette dernière semaine de cours. Toutes les fenêtres sont ouvertes, mais aucun brin de vent ne vient aider à supporter l'ennuie mortel des dernières heures. La semaine prochaine, le collège ferme ses portes pour préparer les salles pour le brevet, aussi la plupart des professeurs préfèrent meubler leur cours pour être tranquilles : ce matin, en sciences, nous avons visionné un documentaire sur l'eau. En sport, nous avons organisé des balles aux prisonniers, des relais, et autres jeux. Il n'y a qu'en mathématique, à une heure, que notre prof n'a rien voulu lâcher, nous faisant faire exercice sur exercice pour le brevet. Avant-dernière heure maintenant, art plastique, l'humeur est plutôt au bavardages qu'au travail. De toutes façons, l'enseignant ne semble pas pressé de nous rappeler à l'ordre, figé à son bureau en train de bouquiner une revue d'art.

-Tu as reçu ta convocation ? Me demande Marie, assise à coté de moi.

Malgré les innombrables chuchotements, certains dessinent malgré tout par plaisir. Marie fait partit de ces rares gens. Jusque là absorbée par le remplissage d'une robe d'été pourpre portée par une femme aux longs cheveux, elle semble satisfaite de son œuvre.

-Oui, et toi ? Je réponds en tapant le bout de mon crayon sur une feuille vierge.

Non pas que je sois en panne d'inspiration, mais je ne dessine qu'en noir ces derniers temps. Comme Marie me regarde, je préfère m'abstenir.

Elle acquiesce en souriant, commençant à esquisser des chapeaux fleuris à coté de son mannequin.

-Jérémy m'a dit qu'il n'avait toujours pas reçu la sienne...

-Et ça ne l'inquiète pas ? Je demande, surprise.

Elle sourit avec malice.

-Tu le connais, non ?

Nous rions sous cape, consciente que le brevet n'intéresse pas le moins du monde notre ami. Lorsque enfin la sonnerie retentit, les élèves sont beaucoup moins vivaces que le mois précédent. La chaleur et l'ennui n'aidant pas, tout tourne au ralentit. Nous ne dérogeons pas à la règle avec Marie. Alors que nous nous dirigeons vers le préau pour la pause de quinze heure, elle s'arrête net au milieu du chemin. Je ne le remarque pas tout de suite, continuant de quelques pas.

-Ça ne va pas ?

Tournée vers la fenêtre, elle semble absorbée par son observation, l'air soucieuse. Comme elle ne me répond pas, je m'approche et regarde la cour en contre-bas. Elle est presque vide, les élèves préférant l'ombre des arbres et du préau.

-Rien, dit-elle finalement. J'ai cru voir quelque chose en bas.

Elle semble troublée, alors j'insiste :

-Voir quoi ?

Elle secoue la tête, retrouvant son sourire.

-C'est la chaleur !

Mais elle n'est toujours pas à l'aise, je le sens. Abandonnant pour le moment, nous continuons notre marche en silence. Une fois dans le hall du bâtiment, nous interpellons Pierre qui nous attend à l'endroit habituel.

-Salut les filles ! Alors, c'est la dernière heure ?

Nous poussons un soupire de découragement commun.

-C'est pas sympa de te moquer, se plaint sa sœur. Où est Jérémy ?

Son jumeau lui désigne du menton l'énergumène en train de jouer au foot dehors, en plein soleil.

-Il est fou, marmonne-t-elle en se dirigeant vers les grandes portes vitrées.

Avant que son frère ne la suive, je lui fais un bref signe de la main. Comprenant le message, il ralentit l'allure pour mettre un peu de distance avec Marie, attendant patiemment que je lui pose ma question.

Les ElémentauxWhere stories live. Discover now