Assise sur le banc en métal de l'arrêt de bus, je repliais mes cuticules pour rendre plus esthétique mes ongles. Harry lui marchait devant moi, faisant des demi-tours à chaque fois qu'il arrivait à la fin de l'abri en verre.
On ne s'était que peu parler après le déjeuné chez Anais. Il avait passé le reste de l'après-midi avec Miller, hors de la maison, me laissant encore une fois seule avec Anais. Pendant ce lapse de temps, elle m'avait avouée que Lis était la dernière famille qu'Harry possédait, et que c'était pour cela qu'il vivait avec lui. Elle m'avait confié que leur parent avait disparu quelques années plus tôt, sans laisser de mots, ni même une explication. Ils étaient justes partit.
J'avais eu de la compassion pour eux. Pour Harry.
Je m'étais imaginée perdre mes parents sans savoir la raison et rien que cette idée me donnait la chair de poule. Le vivre réellement devait être cent fois pire.
« Je ne veux pas perdre mes parents et ma soeur. » dis-je soudainement.
Harry se tourna, me fixant avec incompréhension.
« Anais m'a raconté pour tes parents. » Au son de mes mots, je vis son regard devenir plus sombre. Je ne savais pas si c'était parce qu'il était en colère après Anais, ou si c'était parce qu'il était triste.
« Tu dois savoir mieux que moi ce que c'est de perdre sa famille. » rajoutais-je, les larmes aux yeux. « Ne me force pas à les quitter s'il te plait. »
Il se rapprocha, s'asseyant à côté de moi. Mon corps opéra un mouvement de recul, mais avant qu'il ne puisse le faire, je repris le contrôle, restant immobile.
« Je ne te demande pas de les abandonner, Bamby. »
« Mais tu m'empêches de retourner chez moi, c'est tout comme. » lui dis-je.
« Je te le permettrais si j'étais sûr que tu me reviendrais. »
Ses yeux me fixaient me suppliant de comprendre son point de vue. Mais je ne pouvais pas. Malgré qu'il soit gentil et attentionné avec moi, il restait le garçon qui m'avait enlevé et me gardait prisonnière.
« Tu ne pourras pas me garder à jamais avec toi, tu sais. Je suis sûr que ma cousine a déjà prévenue la police de ma disparition. » rajoutais-je pour le dissuader de me garder.
« Melanie ne nous posera pas de problème. » m'annonça-t-il en se redressant.
« Comment ça? » demandais-je paniquée.
Il l'avait-elle aussi enlevé? Torturé? Tué?
« Anais t'a expliqué la particularité des Dryas n'est-ce pas? » j'hochais positivement de la tête. « Et bien, j'ai en quelque sortes usé de mes charmes pour qu'elle pense que tu es tombé follement amoureuse de moi et que tu es venu passé un peu de temps chez moi. »
Comment peut-elle croire une chose aussi absurde? Personne ne tombe amoureux en quelques heures et décide de tout laisser pour passer quelques jours avec une personne qu'elle ne connait à peine!
« Mais c'est impossible! »
Quand le dernier mot est tombé de mes lèvres, j'ai remarqué que j'avais blessé Harry. Cela lui faisait mal de savoir que je pensais impossible que je puisse un jour l'aimer.
