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Tout est allé tellement vite.

Je n'ai pas eu une seule seconde pour réfléchir et penser à tout ceci correctement. J'étais totalement dépassé par la situation. Son corps était là, tout près de moi, allongé sur le siège passager, tandis que son esprit, lui, se battait entre partir ou rester. Mais, se battait-il vraiment? Elle avait fait son choix. J'ignore si elle avait réfléchi à tout ce que ce geste pourrait engendrer par la suite ; à ce qu'elle laisserait derrière elle ; aux personnes qu'elle abandonnerait une fois la chose faite, et réussie. Mais c'était elle. C'était Rose, et je savais qu'elle n'allait pas bien. Pourtant, je n'ai rien fait. Je n'ai pas fait plus de choses. Je lui ai simplement reproché ce qu'elle faisait de mal, ce qui veut dire : se mettre en danger. Et c'est le plus souvent dans des moments comme celui-ci que l'on se rend de compte de tout, parce que l'on prend soudainement un recul énorme par rapport aux événements passés. Et bordel, je suis vraiment con. M'imaginer sans elle est comme un cauchemar sans fin. M'imaginer, chaque jour, sans sa présence, sans son si joli visage, sans son sourire angélique, sans son mélodieux rire, et sans sa douce voix, me fait terriblement mal.

« Monsieur... Styles? »

Mon corps s'immobilise le temps de quelques secondes, me faisant prendre conscience que je faisais des allés et retours dans la salle d'attendre des urgences. Un homme, portant une blouse blanche — sûrement un médecin — se tient dans l'encadrement de la porte, un calepin dans les mains.

« Faites-vous partie de la famille de Rose Adams? » me demande t-il par dessus ses lunettes, puisqu'il semble lire quelque chose en même temps.

Will bondit brusquement de sa chaise.

« Elle est ma petite-amie. » répondis-je silencieusement, mes pieds étant toujours collés contre le sol, m'empêchant de faire quoique ce soit.

« Et moi, je suis son père, » intervient Will, maintenant debout devant ce médecin. Ses mains ne cessent de trembler, « ai-je le droit de savoir comment va-t-elle? »

Le silence de cet homme et sa blouse blanche me glace le sang. Je suis prêt à exploser tout ce qui se trouvera sur mon passage à l'entente de ces nouvelles. Objets et personnes comprises. Je refuse de croire un mot de ce qu'ils diront. Rose ne peut pas me laisser, elle me l'a promit, et j'ai tellement de chose à lui montrer, à lui dire, ou à faire avec elle. Notre vie à deux vient à peine de commencer et j'aimerai qu'elle continue sans jamais s'arrêter.

« Elle va bien. »

Je me surprends à soupirer longuement après avoir retenu ma respiration durant de courtes secondes. Je ne peux décrire les sentiments qui me parcourent en cet instant. C'est un mélange d'excitation, de chagrin, de frayeur, d'amertume, et d'euphorie. Un mauvais — et très étrange — mélange.

« Vraiment? » les yeux de Will se mettent à briller tandis que je m'approche d'eux, « peut-on la voir? »

« Vous pourrez, mais avant, j'ai besoin de vous parler de son état. »

Il se penche un peu plus sur son calepin et fronce les sourcils. Ce n'est finalement que quelques secondes plus tard qu'il le range complètement dans la grande poche de sa blouse.

« Oh, bien-sûr. » Will hoche la tête.

J'ignore comment cet homme arrive a contenir toutes ses émotions en lui, comme il le fait en ce moment même. Mis-à-part de fines larmes, son visage reste neutre et vide face à cette situation. J'ai d'ailleurs remarqué qu'il était de la même façon ce matin. S'il se retient de faire quoique ce soit parce que je suis là, et parce que je suis — en quelque sorte — son gendre, il ne devrait pas. C'est tout à fait naturel de ressentir tout un tas de choses, alors mieux vaut les déverser pour ne pas les garder pour soi-même.

thank you - hs. (II)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang