Chapitre 14

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Ils ne savaient pas que c'était possible, alors ils l'ont fait.

                                                                                   -Mark Twain


De retour sur New York, je me demandais toujours si j'avais fait le bon choix. Je haussais les épaules et roulais des yeux. Il fallait que j'arrête de me poser un tas de questions. Je toquais puis ouvrais la porte sans attendre de réponse. Je découvrais Justin de l'autre côté de son bureau, en face de Desmond qui me regarda par dessus son épaule. Il roula lui aussi des yeux, tandis que Justin papillonnait des siens. Ses lèvres se serrèrent en une ligne droite alors qu'il me dit d'une voix suave et colérique:

-Lara, attendez votre tour dehors.

Je hochais la tête, n'ayant pas envie de me prendre la tête avec lui. Je soufflais avant de reprendre l'ascenseur et aller me réfugier entre les deux bâtiments pour fumer une cigarette. Adossée contre le mur, je prenais taffe sur taffe. New York ne m'avait pas manqué, mais lui oui. Je soufflais par le nez, m'en pinçant l'arrête. Je m'embarquais dans un bordel sans nom et j'en étais consciente. Mais c'était sûrement ça la vie: changer de plan au dernier moment. La porte en métal claqua à mes côtés, faisant voler mes cheveux.

Un froid glacial m'emporta. Les poils de mon dos s'hérissèrent tandis que je me recroquevillais sur moi même. J'étais seulement vêtue d'une jupe mi-longue, d'une paire de bottes et d'une chemise, mais mon long manteau noir me réchauffait. Le vent me brûlait les yeux mais je les relevais tout de même vers mon interlocuteur. Je tombais sur Justin, adossé en face de moi, les mains dans les poches, la tête contre le mur en béton. Ses manches retroussées me laissaient voir ses veines saillantes battre sous ses tatouages. Son regard chaud exprimait de la haine, mais il était partagé. Il se rapprocha de moi mais garda tout de même ses distances. Il me regardait de haut, ne baissant pas la tête, me déstabilisant quelque peu.

-J'ai envie de t'étrangler, fit-il, et d'embrasser tes lèvres rouges.
-Tu peux toujours faire les deux.

Il captura mes lèvres après mes quelques mots. Une de ses mains vint entourer ma nuque tandis que l'autre attrapa ma cuisse pour la coincer entre ses jambes. Son coeur battait contre le mien, sa langue dansait avec la mienne, sa main m'étouffait. Je n'avais pas mal, mais le souffle me manquait. Je ne paniquais pas. Il retira ses lèvres des miennes et me regarda dans les yeux. Ses yeux caramels scrutèrent les miens qui devaient maintenant être imbibés de sang. Il dessera sa pression, me laissant prendre une grand inspiration par le nez. Son front se posa contre le mien, et je pus voir ses yeux se fermer.

-Je te déteste, dit-il, j'ai vraiment crû que tu ne reviendrais jamais.

Ces quelques mots me firent prendre conscience d'une chose: il s'es prit d'affection pour moi. Puis, le fait que je me léchais les lèvres, sentant toujours les siennes dessus, me fit prendre conscience d'une autre: moi aussi.

-J'avais besoin de réponse pour... continuer.

Il haussa les sourcils tout en se reculant quelque peu.

-Alors tu restes ?
-Je pense.

Il sourit en coin, essayant de le cacher. Il baissa la tête, se lécha les lèvres, ferma les yeux, souffla puis revint à moi. Je souris instinctivement sous sa timidité. Mes doigts vinrent glisser contre sa mâchoire pour tomber sur ses lèvres. Je les picorais de mes dents tout en sentant ses mains s'enrouler autour de ma taille. Son sourire me remua l'estomac. Puis il se détacha brusquement, un regard espiègle.

-Bon, maintenant, commença-t-il, en tant que ton patron, je devrais te virer comme c'est stipulé dans le contrat, mais j'ai besoin de ton petit cul pour faire le boulot à ma place.

Je roulais des yeux.

-Alors, tu peux rester.
-Oh, merci monsieur Bieber.
-Fais gaffe à tes jolies fesses, je suis prêt à taper dessus.

J'entrais dans le bâtiment alors que sa main vint claquer mon postérieur, me faisant sursauter. Son rire enfantin me fit sourire. Il m'avait manqué. Nous prîmes l'ascenseur pour remonter à nos bureaux. Sa main n'avait quitté la mienne que lorsque nous fûmes en présence de collègues/salariés, mais le simple fait de savoir qu'il était à mes côtés me réconfortait.

Une fois dans son bureau, j'allais passer dans le mien mais il m'attrapa par les hanches, me fit tourner puis posa ses lèvres sur les miennes. Sa langue vint rejoindre subitement la mienne tandis que ses doigts se mêllèrent dans mes cheveux. Son affection soudaine me fit rire. Je me détachais avant de trottiner dans mon bureau. Il me suivit du regard puis alla s'asseoir, un sourire aux lèvres. J'étais la raison de ce sourire, et ça me faisait vibrer.

              Ellipse

Quelques jours s'étaient passés depuis mon retour. Justin et moi étions plus proches que jamais. Je ressentais de plus en plus de choses pour lui, et de même de son côté. Nous étions ensemble h24, et ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Même s'il s'amusait à toujours me claquer les fesses, à chanter et à m'énerver, ça remplissait mes journées parfois longues. J'allais bien.

Mon court passage chez ma mère m'avait apaisé et fait comprendre beaucoup de choses. Je savais que j'avais fait les bons choix. Je ne regrettais en aucun cas mon retour. Nous entrâmes dans son bureau sa main discrètement enfermée dans la mienne.

-Ça te dit un restau' ce soir ?

Je souris.

-Ça fait beaucoup trop officiel, mais pourquoi pas ?
-Faut bien qu'on avance, dit-il.

Mais j'étais bien, comme ça, avec lui. Le "nous" qui ne voulait rien dire me plaisait et notre relation "discrète" me plaisait encore plus. Il embrassa mon crâne alors que je réfléchissais. Je le sentis se raidir, alors je levais mon regard de mes chaussures et tombais sur Desmond, posté devant nous. Je haussais un sourcil, lâchant la main de mon partenaire. Je le regardais, lui, celui qui me détestait, assit dans le siège de mon patron. Il avait l'air éclaté de la veille et très en colère. Justin, lui devenait pâle tandis que tout son corps se contractait. Moi, je ne sais pas encore.

-Alors c'est ça ? Dit Desmond. Je savais que t'étais le genre de nana à passer sous le bureau pour une augmentation.

Cette phrase ne me fit rien car je le décidais, et que tout ce qui pouvait sortir de sa bouche n'avait pas d'importance. La seule personne qui pouvait me blesser était aussi celle qui me rendait heureuse.

Quel putain de piège.

Justin réagit et serra les poings. Il se tourna vers moi, cherchant une réponse de ma part. Je me contentais de regarder son salarié et meilleur ami dans les yeux, l'insolence m'enveloppant. Je le regardais d'yeux las, me fichant de la situation. Je n'avais rien à lui prouver.

-T'es aussi le genre de salope qui aime faire du mal aux gens et foutre la merde, continua-t-il.

Il se leva, s'approchant de moi, ses veines jaillissant de son front. On aurait dit un drogué en manque de pilules. Justin se mit entre nous deux, faisant une impasse physique entre lui et moi, montrant qu'il me protégeait.

-T'es tombée dans son piège Jay, elle va te niquer comme elle l'a fait avec tous les autres. Crois moi, fit-il, elle ne veut que le mal autour d'elle.

Il me regarda.

-Elle tue, et elle te tuera comme elle a tué son père et son frère.

Je penchais la tête sur le côté, n'étant plus en contrôle de mon corps. Encore un mot de sa part et je lui brisais la nuque.

-Desmond! Putain, qu'est-ce qui te prend ?!

Il l'attrapa par les épaules.

-Elle va te sucer et se barrer, ouvre les yeux Justin, merde!
-Tu ne racontes que des conneries ! Fit le concerné.
-Tu croirais une salope que tu baises depuis quelques mois et pas ton ami d'enfance ?

Justin ouvrit la bouche tandis que ses yeux s'ouvrirent en grand. Il était perdu tout autant que je l'étais.

-Tu t'es fait avoir, Jay. C'est qu'une pute qui cherche la poule aux oeufs d'ors.

Pour Justin, ce fut le mot de trop, moi, je ne l'écoutais même pas, je m'en foutais. Le boss l'attrapa et le plaqua violemment contre le mur.

-Maintenant tu vas arrêter tes conneries, Desmond !

Il mit son bras sur son cou, l'oppressant. Et moi, je ne savais toujours pas comment réagir. Je fis un pas en avant et posais ma main sur le bras de Justin. Il n'y fit même pas attention et continua d'étrangler son ami.

-Tu ne la connais pas ! Tu n'sais rien d'elle.
-Je sais déjà que c'est une pute.

Il le décolla pour le coller plus fort contre le mur. Sa violence me prit au dépourvus tandis que je réagis enfin:

-Justin, c'est bon.
-Ferme ta gueule si tu n'veux pas que je t'éclate, fit Justin à Desmond.
-Salo-

Desmond n'eut pas le temps de finir que Justin lui mit un coup de poing féroce dans l'estomac. Mes mains passèrent sous les épaules de Justin pour remonter sur ses pectoraux et le tirer en arrière. Je le fis assez fort pour qu'il le lâche. Son souffle se fit difficile, tandis que j'étais toujours déphasée. Desmond tomba au sol, agonisant. Il était tout rouge mais il se reprit et réussit à se relever.

-T'es viré.

Cette phrase me préoccupa.

-Justin... Fis-je.
-Prends tes affaires et casse toi.

Desmond le regarda, partagé entre la haine et la peine. Il me lança un regard assassin qui me fit bizarre. J'en avais eu des regards assassins, mais pas de cette intensité. Il remit son costume en place, attrapa la poignée et dit:

-T'es prévenu.

Puis s'en alla, claquant la porte derrière lui. Je lâchais Justin et m'en éloignais. Je passais mes mains dans mes cheveux tout en fermant les yeux, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

-Pourq-
-Ferme là, s'il te plaît.

Je haussais un sourcil. Il se tourna vers moi, passa ses mains sur son visage pâle puis secoua la tête.

-Je- Je vais faire un tour.

Il quitta la pièce, m'y laissant seule. Je pris la décision de ne pas le suivre. J'avais fait assez de dégât pour la journée. Je m'assis donc dans son fauteuil, attendant son retour. Moi qui n'attendait rien de personne, me voila à la place du pigeon. Je soufflais. J'avais toujours eu raison: me préoccuper des autres attire des problèmes, mais je ne savais pas que c'était si bon d'aimer et être aimée.

          Ellipse

Au final, il m'a demandé de le rejoindre chez lui vers vingt deux heure. Alors j'y étais allée, sachant que sa porte d'entrée est toujours ouverte. M'y trouvant seule, je déposais mon sac à main sur l'îlot et allais enfiler un de ses t-shirts. Je sautais dans le canapé, allumais la télé, ouvrais une bière et l'attendis. Il ne mit pas longtemps à arriver et s'affala à mes côtés sans me lancer un regard. Il prit une grand inspiration, essoufflé.

-Désolé pour le retard, j'étais-
-C'est bon, dis-je.

Il me sourit et regarda autour de nous. Il avait toujours l'air perdu et désorienté, ce qui me gênait. Je soufflais, attirant son attention.

-Tu n'aurais pas dû le virer.
-Il avait dépassé les bornes, répondit-il sèchement.
-Il a dit ce qu'il pensait et-
-Sil te plaît, Lara, ne le défend pas. On sait tous que tu ne peux pas le voir.
-Mais-
-Lara ! Cria-t-il, me faisant grincer des dents.

Il posa ses coudes sur ses genoux avant de frictionner son visage.

-Calme toi ! Fis-je.

Son regard tourna au noir.

-Ne me dis pas ce que je dois faire.

Je ris. Il me faisait penser à un gamin de six ans. Il releva le regard vers moi et s'adoucit.

-Fais comme tu veux, commençais-je, mais je n'ai pas envie d'être la raison de votre embrouille.
-Ce n'est pas que ça, fit-il, il déconnait, il partait en vrille. La drogue prenait possession de lui, il n'était plus le même. Nous étions les meilleurs amis du monde et il s'est éloigné, il a changé.
-Dans ce cas, ce n'est pas le bon moment pour le laisser tomber.

Il haussa un sourcil tout en me regardant.

-Depuis quand t'intéresses-tu aux autres ?
-Je ne m'intéresse pas à lui, je vois et retranscris.

Il roula des yeux.

-Tu trouveras toujours quelque chose pour te défiler.

Je ris tandis qu'il s'ouvrit une bière à son tour mais ne la but pas pour autant. Il regardait en face de lui, les doigts entre-lacés devant sa bouche, l'air soucieux.

-Où vas-tu quand tu as besoin d'être seule ?

Sa question me prit au dépourvus.

-Nul part, fis-je, je suis tout le temps seule dans ma tête.
-Ça c'était avant, Lara, mais maintenant que tu ressens, où vas-tu ?
-Chez ma mère.

Il sourit et regarda le plafond.

-Et toi ? Demandais-je.
-Partout où tu es.

Son regard chaud me fit vibrer. Il était impassible, et pourtant, tout en lui avait changé. Nous avions changé pour l'un et l'autre. Nous nous foutions toujours autant des autres, mais lui était important pour moi, et je l'étais pour lui. C'était ça qui faisait notre force, c'était ça qui nous construisait. J'allais m'installer sur ses genoux. Ses bras entourèrent mes hanches tandis que je posais ma tête sur son épaule et que ses doigts vinrent caresser ma peau.

-Tu es allée les voir ?

Je me tournais vers lui, cherchant un sentiment dans ses pupilles. J'y vis de la compréhension, c'est tout.

-Je me suis rendue compte qu'ils me manquent.

Il embrassa mon front.

-Et que tu m'as manqué.

*****

Je sentis un sourire se former sur ses lèvres contre mon front. Je levais la tête, faisant entrer en collision ses lèvres avec les miennes. Elles bougèrent en synchronisation tandis que je me mise à califourchon sur lui. Ses bras vinrent enrouler mon dos alors que les miennes ébouriffèrent ses cheveux. Sa langue ne mit pas longtemps avant de rencontrer la mienne pour la centième fois. Elles dansèrent ensemble tandis que mon coeur tambourinait contre ma poitrine. Ses mains se glissèrent dans mon boxer, malaxant mon postérieur. Je souris, aimant ce toucher. Il embrassa mon cou et mon décolleté tout en soulevant mon t-shirt. Le sien tomba au sol en même temps que le mien, laissant ma poitrine exposée à ses lèvres avides.

Il embrassa mes seins, les lécha et y laissa des marques violacées. Il se leva quelque temps pour enlever son jean et ses chaussures, pour finalement se retrouver en caleçon sous moi. Son érection était déjà collée contre ma partie, tandis que ses lèvres chaudes embrassaient mon torse. Ses mains vinrent se pauser sur mes hanches qui ondulaient au même rythme que les siennes. Nos sous-vêtements se retrouvèrent rapidement au sol. Il enfila un préservatif et se glissa à mon entrée, sa langue froide contre mon cou chaud.

Nous grognâmes à l'unisson quand il fut entièrement en moi. Mon corps était compressé contre le sien, comme si ça allait me faire ressentir plus de choses. Il commença à faire des vas et viens, son souffle saccadé contre ma peau. Ses doigts s'enfonçaient dans mon dos, tandis que je me dandinais au dessus de lui. Il gémit, me faisant sourire. J'embrassais ses lèvres pulpeuses une nouvelle fois, aimant ce contact. Mon coeur battait si vite qu'il aurait pût lâcher.

Ses yeux papillonnèrent tandis qu'il laissa sa tête tomber contre le dossier du canapé. Il attrapa mes seins en coupe alors que les miennes étaient maintenant pressées contre son torse. Les seuls bruits que nous pouvions entendre étaient ceux de nos coeurs battant la chamade, de nos respirations chamboulées et de la nana des infos.

-Oh bordel de merde, lança-t-il.

J'accélérais sous cette phrase et il se mordit les lèvres fortement. Son orgasme arrivait aussi vite que le mien. Je sentis rapidement mes jambes s'engourdirent, mes yeux se fermer, mon souffle se couper. Lui, il se raidit, arrêtant tout geste. Nous criâmes assez fort pour faire trembler les murs. Il gigota pour nous faire tomber sur le dos, nos corps suant l'un contre l'autre. Il ouvrit les yeux, embrassa mes lèvres, les picora avant de me sussurer:

-Est-ce du désir ou de l'amour que je ressens pour toi ?

Je me posais exactement la même question.

Confident Where stories live. Discover now