Chapitre vingt-quatre

Depuis le début
                                    

"À quoi tu penses ?"

Je relève les yeux vers Harry qui a pris ma main et embrasse ma paume.

"À la nuit où j'ai renversé Connard et au premier mail que tu m'as envoyé. À ma réponse."

Je souris malgré moi.

"Tu essayes de vivre toi aussi maintenant."

Il secoue la tête et embrasse encore une fois ma main.

"Je n'essaie pas, je réussis.

- Si t'étais pas en train de conduire je te ferais l'amour, car c'était vachement romantique ça."

Le reste du trajet s'est bien passé. On a facilement trouvé Folkestone et grâce au GPS on n'a eu aucun mal à trouver la maison. La propriétaire nous attendait déjà, elle était aussi gentille en vrai qu'au téléphone. Elle est restée cinq minutes pour nous faire visiter la maison et nous expliquer un peu son fonctionnement, avant de nous remettre les clefs et nous souhaiter un bon séjour. Je suis complétement sous le charme. C'est tout petit, il y a une petite cuisine ouverte sur un petit salon, il y a des plantes vertes, beaucoup de tableaux au mur qui représentent des fleurs, des bateaux et la mer. Les meubles sont en bois, le canapé et les fauteuils sont recouverts de napperons et même de canevas en forme de coussins. Ça fait très rustique, j'aime beaucoup. Je rejoins Harry dans la chambre qui est en train de déposer nos sacs sur le lit.

"Ça te plaît ?

- Beaucoup."

Ça me rassure, je sais qu'on avait déjà tout vu en photos mais ça n'enlevait pas le risque d'avoir une mauvaise surprise. Je passe mes bras autour de sa taille et me colle à son dos. "Comment tu te sens ?" Il regarde autour de lui. "Bien, je crois. Tu as pris le bout de tissu ?" J'embrasse son épaule. "Il est dans la première poche de la valise."

OUAF OUAF gros et forts suivis de ouaf ouaf petits et à peine audibles.

Nos regards se posent en même temps sur Connard qui tourne en rond devant la porte-fenêtre en aboyant et Hope qui l'imite à son rythme. C'est le seul accès de la maison à la plage et il est dans la chambre. Je souris. "Je crois qu'ils ont hâte de voir la mer." Et ils ne sont pas les seuls. On l'a aperçue de loin en arrivant, mais c'est tout car on est passés par le centre-ville. Je laisse Harry sortir le premier. Connard part comme une fusée, Hope le suit en boitillant. L'annonce n'avait pas menti, la maison a un accès VRAIMENT direct à la plage. Il y a seulement une petite terrasse en béton puis on est sur le sable. Harry marche devant moi. Connard se jette dans l'eau sans réfléchir, Hope est plus timide, il reste au bord et recule dès qu'une vague s'approche. Je les regarde quelques secondes avant de reporter mon attention sur Harry, sur son dos. Le vent fait voler ses cheveux longs. Je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il est fasciné.

"C'est magnifique."

Mon cœur s'emballe, je me rapproche de lui.

"C'est exactement ce que tu as dit dans mon rêve."

Il passe derrière moi pour me prendre contre lui en posant sa tête sur mon épaule. Ses yeux sont perdus sur l'horizon devant nous. J'aimerais mettre « pause » pour que ce moment dure toujours. Au moins l'éternité.

[...]

On est restés presque deux heures sur la plage, on a même trempé nos pieds. Je savais qu'il ne se baignerait pas, mais il était heureux. J'ai retrouvé dans son regard le même éclat qu'il avait quand on était à la fête foraine dans les chaises volantes. Après avoir nettoyé et séché Connard et Hope, on est allés se promener dans le centre-ville. Tout est beau ici, on se croirait dans un décor de carte postale. Par endroit ça ressemble plus à un village qu'à une vraie ville. On a marché main dans la main, lui tenant la laisse de Connard, moi celle de Hope, enfin, il a passé plus de temps dans nos bras qu'à marcher réellement, car il se fatigue vite. La fin de la journée est arrivée assez rapidement, on a mangé dans un petit restaurant en bord de mer avant d'aller voir le coucher du soleil sur la plage. C'était encore plus apaisant que surréaliste. Assis tous les deux sur le sable, même si moi j'avais déjà vu la mer, j'en ai pris plein les yeux. Mais je pense que c'est surtout le fait d'avoir partagé ce moment avec lui qui a rendu tout ça magique.

DEGRADATION Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant