Quand on arrive à l'hôtel il est un peu plus de 19h, le match n'est que demain, on a la soirée pour nous. Enfin, après avoir réparti les chambres par deux pour la nuit, le coach nous a bien fait comprendre qu'on avait intérêt à bien se tenir, si on ne voulait pas avoir d'ennuis. On est encore en train de se marrer de toutes les recommandations - menaces - qu'il nous a données, quand on dépose nos sacs sur les lits jumeaux de la chambre qu'on va partager avec Liam.

Évidemment, la soirée s'est passée......... exactement comme on nous l'avait interdit. On a commencé par sortir dans le centre-ville avec les gars pour manger et histoire de visiter un peu, mais on a rapidement terminé dans un bar. Je ne sais même pas comment on a fait pour réussir à tous rentrer entiers, vu comment certains étaient bourrés et je comprends encore moins comment on ne s'est pas fait chopper par le coach, vu le bordel qu'on a foutu dans les couloirs de l'hôtel. Mais on a réussi.

Il est trois heures du matin, Liam ronfle comme un bœuf enrhumé dans le lit d'à côté et moi je n'arrive pas à dormir. Je n'ai pas énormément bu, j'ai juste un peu la tête qui tourne mais ça va. Mon portable à la main, je regarde pour la millième fois en dix minutes si j'ai des nouvelles d'Harry. Rien. Je lui ai écrit une fois dans le bus et une fois bien arrivé, il m'a répondu à chaque fois. Le seul point positif en ce moment, c'est que même s'il va mal, il ne me laisse pas sans nouvelles, mais voilà il répond seulement à mes messages, il ne m'en envoie jamais en premier. On se voit, on passe du temps ensemble, on dort ensemble mais... mais il n'est pas vraiment là, il ne va pas bien. Je ne saurais pas l'expliquer vraiment. Il est éteint, il parle, il mange, mais il est absent. Son regard est vide, tout le temps. Il n'est pas revenu en cours non plus. Il y a le soir aussi... fermer les portes de sa chambre est devenu une épreuve. Il les vérifie encore et encore et encore, ça dure presque trente minutes, même plus parfois. À la fin, il tremble tellement qu'il n'arrive plus à attraper les poignées, il a les larmes aux yeux et il est épuisé. C'est ça que Liam ne comprend pas, que le voir comme ça sans rien pouvoir faire pour l'aider me rend malade.

Mon pouce hésite au-dessus de mon écran et finalement j'ouvre l'application du site de discussion de la fac.

✉ Tu dors ?

S'il m'arrivait quelque chose, tu t'occuperais de Connard ?

Mon cœur se serre, je ne comprends pas pourquoi il me demande ça. Ça me fait mal.

✉ Il ne t'arrivera rien.

Tu t'en occuperais ?

✉ Oui, mais il ne t'arrivera rien.

Merci.

✉ Je n'aime pas quand tu parles comme ça, ça me fait peur...

Quand je parle comment ?

✉ Comme s'il allait t'arriver quelque chose.

Je ne voulais pas te faire peur, excuse-moi.

✉ Pourquoi tu m'as demandé ça ?

Je ne sais pas.

✉ Si tu sais.

Il met tellement de temps à répondre que ça m'angoisse encore plus et au moment où je perds l'espoir d'avoir une réponse, je reçois un nouveau message.

Ça ne t'est jamais arrivé de penser à ta mort ?

✉ À la façon dont je vais mourir tu veux dire ?

Non, au après.

✉ Comment ça ?

À toutes tes affaires, ce qu'elles vont devenir. Aux personnes qui seront tristes. À ton enterrement, comment il sera, si des gens viendront. Si ta tombe aura toujours des fleurs ou si elle sera abandonnée. À ta chambre.

DEGRADATION Tome IIIWhere stories live. Discover now