Chapitre un

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« J'ai toujours assimilé la vie aux mathématiques. J'ai toujours pensé que le bonheur était égal à zéro quoi que l'on fasse. Que 1 était toujours suivi de -1 ou que -1 était toujours suivi de 1. On dit que quand une personne décède, une autre naît. La personne qui meurt représente le -1 et celle qui naît le +1 mais on sait tous que -1 + 1 = 0 et 1 – 1 = 0. À mes yeux, le bonheur a toujours été un enchaînement d'additions et de soustractions. Pour qu'une personne soit heureuse, il faut qu'une autre soit malheureuse, c'est comme une sorte d'équilibre que l'univers aurait créé pour qu'il n'y ait pas trop de gens heureux en même temps, comme si le bonheur était un crime. J'étais le -1, Louis le +1. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'un jour il deviendrait le -1 de mon +1. » - Harry

"Au fait, Styles a dit oui ?

- Hein ?"

Il est 13h. Pour une fois Liam et moi avons notre pause déjeuner ensemble. On en a profité pour s'installer sur l'herbe dans le parc devant la fac. Il est appuyé contre un arbre et moi je suis allongé à plat ventre sur la pelouse. Mon iPod branché sur une mini baffle entre nous, on écoute de la musique, on révise en mangeant des chips et en buvant du Coca. Trop concentré sur mon livre de droit, je n'ai pas écouté ce qu'il m'a dit alors il répète: "Styles, pour..." Mais je le coupe en relevant la tête vers lui. "Harry." Je n'aime pas qu'il l'appelle Styles, comme au début, comme si Harry n'était que Styles le mec bizarre. Il est bien plus que ça maintenant. Je sais que Liam ne le fait pas volontairement, que c'est un réflexe ? mais je n'aime pas ça, j'ai l'impression que ça met une distance entre eux et je n'ai pas envie qu'il y en ait une. Liam le sait, on en a parlé, il se reprend avec un petit sourire.

"Harry, pour le repas chez tes parents, il est ok ?

- Ouais, je lui en ai parlé hier.

- Et ça va, il n'est pas trop stressé ?"

Je hausse les épaules.

"Lui ça va, c'est moi qui flippe un peu."

Liam me fait une grimace de soutien, je hausse une fois de plus les épaules en fourrant une poignée de chips de ma bouche. Il connaît mes parents, il sait autant que moi que ça va mal se passer. Mon père est trop fermé d'esprit pour accepter ça. Il est le genre de personne que l'homosexualité ne dérange pas, tant qu'elle est chez les autres, loin de lui mais s'il s'agit de son propre fils, il serait capable de devenir complétement homophobe. Chaque année, mes parents organisent un repas de charité pour une association, cette année c'est pour des villages en Afrique, pour des écoles et l'eau courante. Je ne sais pas vraiment en réalité et je suis sûr que même eux ne le savent pas non plus. C'est plus un repas mondain qui leur donne une bonne image, ils font un gros don et incitent leurs amis aussi friqués qu'eux à faire la même chose. Dans ma famille, tout est une question d'image et de réputation, c'est comme ça, ça a toujours été comme ça et ce sera toujours comme ça. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai longtemps hésité à inviter Harry à ce repas. Je sais que leur réaction ne sera pas positive, si celle de ma mère m'inquiète, celle de mon père me fait carrément peur... mais je n'ai plus envie de leur cacher ma relation avec lui, je n'ai plus envie d'entendre ma mère me parler de toutes ces filles qui feraient de parfaites épouses pour moi, alors que je suis amoureux à en crever d'une autre personne. J'aurais pu ne rien dire à mes parents pour l'instant, après tout on ne sait jamais ce qu'il peut arriver, peut-être que dans un mois ou deux ou six, Harry ne voudra plus de moi et que tout sera fini. Si un jour tout se termine entre nous, je sais que plus jamais je ne ressortirai avec un garçon parce que les mecs ne m'intéressent pas, c'est seulement lui. Alors en parler à mes parents, c'est peut-être un risque c'est vrai, mais j'ai réalisé que je n'avais pas envie de cacher Harry. À personne. Le cacher serait en quelque sorte comme avoir honte de lui ou avoir honte de l'aimer et je ne veux pas avoir honte de l'aimer à cause des préjugés. Je refuse d'avoir honte d'aimer à cause du regard des autres, à cause de ce qu'ils pourraient penser et même si ces autres en question sont mes parents.

DEGRADATION Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant