In my memories

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- Qu'est-ce que tu fous là ? demandé-je surpris de sa présence.

- J'ai suggéré à Sarah de faire une petite fête plus tôt dans la journée. Et voilà !

Sa remarque sur le fait qu'il a contacté Sarah me fait grincer les dents, mais je reste zen et me contrôle. Ce n'est que Leo en fait... Les autres personnes reprennent leurs petites affaires alors que mon vieil ami et moi nous éloignons. Je ne manque pas de faire un signe de tête à Blaine et Allen pour leur montrer que tout va bien. En revanche, Al fait une tête déconfite. Il faudra que je lui demande ce qui cloche après. Faire la tronche n'est pas dans ses habitudes et n'importe qui pourrait le confirmer. Décidément, il semblerait que les frangins Pearce ne soient pas au top en ce moment. Niveau tirage de gueules, il y a du level !

Leo et moi nous rendons sur le perron et nous installons sur la vieille balancelle dans le coin de la maison, comme il nous arrivait souvent de le faire, avant. Je le détail de haut en bas. Il a toujours ses mêmes cheveux blonds. Je reconnais son regard clair et ses petites fossettes qui se dessinent lorsqu'il rit. En revanche, il n'a plus rien à voir avec le Leo que j'ai quitté au lycée. Le jeune Sanders n'a plus rien de commun avec l'adolescent frêle que j'ai laissé il y a plusieurs années. Tout comme Sarah, tout a changé.

- Cinq ans mec. Cinq ans... fait-il l'air perdu. T'étais passé où ? demande mon ami d'enfance.

- Ici, je suis toujours resté à Chicago, avoue-je.

- Avec eux c'est ça ? dit-il en jetant un coup d'oeil à travers la fenêtre. T'as rien à foutre avec ça !

- De quel droit tu les juges ? dis-je choqué. Tu ne les connais pas ! Ils étaient là eux, quand je n'avais plus personne !

- T'énerve pas ! Je dis juste que ce ne sont pas des gens fréquentables. Le plus jeune, je vois très bien qui c'est. Je sais parfaitement qu'il deal dans toute la ville. Ce n'est pas toi ça Noah. Tu vaux bien mieux qu'eux...

- Tu n'as aucune idée de qui je suis maintenant, Leo, dis-je en me levant, ni de ce que j'ai dû faire pour m'en sortir ! Et toi, t'es qui pour nous regarder de haut hein ? T'as pas le droit !

- Putain ! Ne me dis pas que toi aussi tu vends de la merde à tous les ados de la ville ? rage Leo en se levant à son tour.

- Je ne vends rien, fais-je en approchant mon visage du sien, à personne, c'est clair ?

- C'est ça que tu racontes à Sarah ? dit Leo d'un ton menaçant.

- J'te conseille de ne pas trop ouvrir ta gueule Sanders, dis-je les dents serrées, approchant encore plus de lui.

- Sinon quoi ? Tu devrais avoir honte de la traîner là-dedans. Regarde ce que t'es devenu... Tu vas finir comme ton looser de père, et dans le caniveau comme ta tox de mè...

Je ne laisse pas Leo terminer sa phrase car je sais parfaitement comment il comptait la finir. Je l'empoigne par le col et le plaque violemment contre la fenêtre derrière lui.

- Ferme ta gueule maintenant ! Tu, fermes, ta, putain, de gueule, murmuré-je contre sa joue.

- Noah ! cri Sarah alors que je mitraille toujours Leo avec mes yeux sombres. Noah !

- Ça risque de devenir intéressant, lance Leo tout bas. Alors, tu vas faire quoi, Super Noah ?

Je le relâche brutalement contre la vitre. Cet abruti ne se doute pas de ce que je suis capable de faire pour me protéger moi et mes secrets. S'il pense que je vais m'arrêter là, il se fourre le doigt dans l'oeil. Je vois bien comment il regardait Sarah tout à l'heure, et il est clair qu'il va tenter de me mettre des bâtons dans les roues. Il est hors de question que je le laisse faire. Je viens de la retrouver et ce n'est pas lui qui va m'éloigner d'elle maintenant.

- Casse-toi, dis-je à Leo.

- Noah ! Tu fais quoi là ? demande Sarah outrée.

- Je lui demande gentiment de partir, rien de plus, déclaré-je en ne quittant toujours pas le regard de mon vieil ami.

- C'est chez moi ici ! C'est moi qui décide s'il doit partir ou non !

Je quitte alors des yeux mon nouvel ennemi pour fixer Sarah. Elle a l'air affreusement en pétard. Etrangement, je la trouve encore plus sexy alors qu'elle ne fait rien pour m'allumer.

- C'est toi qui pars, lâche-t-elle.

- Quoi ? fais-je incompris.

- T'as très bien entendu. TU, t'en vas...

La colère s'empare de moi mais je me retiens d'exploser, je crois que j'en ai fait assez pour ce soir. Mais je boue littéralement de l'intérieur et j'ai mal à en crever. Entre l'autre bouffon qui m'a fait sortir de mes gonds devant Sarah, et elle qui me chasse, clairement, je suis au fond du trou.

- C'est ça, barre-toi ! Retourne avec tes potes ! lance Leo dans mon dos.

Ni une, ni deux, je me retourne pour aller lui foutre une bonne raclée. Il me cherche trop et commence à me taper sur le système. Il va voir à quel point j'ai changé. Je n'ai jamais frappé ce mec, mais il y a un début à tout à ce qu'on dit. Je me rue sur lui, le poing prêt à atterrir en plein sur sa joue, mais je suis retenu par Blaine et Allen qui m'empêchent de fracasser Leo Sanders, mon plus vieil ami, mon nouvel ennemi.

- Arrête, on s'en va, murmure Blaine à mon oreille alors qu'il maintient sa prise sur mon bras. On s'en va frérot...

- Tu devrais l'écouter "frérot", dit Leo. Tu te tapes l'affiche tout seul comme un con là.

- Je vais l'éclater ce guignole, grogné-je.

- Noah, va-t'en s'il te plait, répète Sarah. Et Leo tu la fermes. Je t'appelle plus tard, me dit-elle avant de rentrer dans la maison.

Je l'observe me tourner dos sans réagir. Il est préférable que je n'en rajoute pas, même si voir la tronche satisfaite de ce connard de Leo me donne des envies de meurtre. C'est clair qu'il n'a plus rien à voir avec celui que j'ai connu autrefois, et ça me fait mal de reconnaître qu'il y a sûrement un fond de vérité dans ce qu'il dit. Mais il n'a pas le droit de me regarder comme si j'étais la plus grosse merde de la planète. Lui non plus, il n'est personne. La prochaine que ce mec me chauffe, il comprendra vite qu'il n'a pas intérêt à me faire chier !

*

Installés tous les trois au comptoir de la cuisine, Blaine nous sert un verre de Get 27 pour trinquer à cette journée de merde. Entre la livraison d'Hector, mon altercation avec Drake et maintenant Leo, pour finir avec Sarah qui me fout dehors, niveau journée pourrie, on est au max.

- Et dire que tu nous a fait chier pour qu'on se tienne tranquille, lance Al en riant. C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité.

- Vas-y moque-toi, toute façon là, j'ai juste envie de finir mon verre, et d'en enquiller d'autres, histoire de tomber comme une masse et d'oublier cette journée de loose. Ce n'est pas toi et tes vannes à deux balles qui pourront y faire grand chose.

- Tu veux un truc pour dormir ? demande Allen.

- Fous-lui la paix avec ça, dit Blaine en venant à mon secours.

- Oh ça va, on ne sait jamais. Peut-être qu'il changera d'avis un jour.

- Par contre, moi je ne dis pas non, continu Blaine en faisant un clin d'oeil à son frère.