Bad end: Fin.

135 13 10
                                    

Bad end : Fin.

Je me réveille et mets du temps à comprendre où je suis, et pourquoi je suis là. Je dérive toujours sur la rivière souterraine, dans la petite barque. J'aperçois très vaguement un point lumineux, au loin. C'est sûrement la sortie. Je me relève avec peine et j'entends un bruit qui ne laisse rien présager de bon. Je baisse les yeux et constate avec horreur que la barque est percée, j'ai de l'eau jusqu'aux chevilles. Je m'empresse de mettre mon sac à l'abri, ma survie en dépend. Les ennuis recommencent... Je n'ai rien pour boucher le trou, ni pour enlever l'eau qui monte rapidement. La barque n'en a plus pour très longtemps. Il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ?

Il faut au moins que j'arrive à tenir jusqu'à la sortie. Elle se rapproche, très lentement. Si je ne fais rien, la barque coulera avant de l'avoir atteinte. Il me semble distinguer une sorte de chemin où je pourrais continuer à pieds, une cinquantaine de mètres devant moi. Faute de mieux, il faudra que j'abandonne l'embarcation. Même si j'avais repéré le trou avant mon départ, je n'aurai rien pu faire, j'étais trop pressée et n'avais aucun autre moyen de quitter Prineli. En cherchant un peu, je trouve une rame sous un banc déjà immergé. Je fais de mon mieux et essaye d'atteindre la rive la plus proche mais le courant me repousse. Je ne peux pas sauter, déjà parce mon sac irait dans l'eau et que tout ce qu'il y a dedans serait inutilisable, ensuite parce que je serai emportée par le torrent. Je rame de plus en plus fort, en prenant soin de faire de grands demi-cercles avec la rame pour tourner le plus possible. Au bout de ce qui me semble être une éternité, j'arrive à me rapprocher assez près du bord pour pouvoir sauter et être en sécurité. L'eau m'arrive mi-mollet. Je prends mon sac sur un bras et me lance. J'atterris brutalement sur la terre ferme, ce qui rouvre ma plaie à la jambe. Je vois le petit bateau flotter, s'enfonçant dans l'eau, peu à peu, jusqu'à être entièrement recouvert. Eh bien... Je rentrerai chez moi à pied, tant pis. Le voyage sera beaucoup plus long mais je n'ai pas vraiment le choix.

J'avance en boitillant, droit devant moi, tournant le dos à l'obscurité de la grotte. Un bon quart d'heure plus tard, je me retrouve face au soleil. La chaleur me fait du bien. La rivière continue son chemin en serpentant sur une pente douce pour enfin se jeter dans l'océan. Le même qu'on retrouve à Prineli, je suppose... Il faut vraiment que j'oublie cet enfer, je me fais du mal toute seule. Je l'ai quitté, il est derrière moi. De là où je suis, le paysage ne me dit rien, peut-être qu'en descendant, il me rappellera des souvenirs. Je suis donc le cours de la rivière, comme je peux, en évitant de trop m'appuyer sur ma jambe endolorie.

Arrivée en bas, je sors ma boussole. Elle est fissurée à plusieurs endroits et j'ai du mal à la lire, mais d'après ce que je comprends, l'Ouest est devant moi. Puisque j'ai suivi l'Est pour arriver à Prineli, il faut que j'aille en sens inverse pour rentrer à Haïwan. Donc de l'autre côté de la rivière. Rivière qui fait plusieurs mètres de largeur. Sans pont aux alentours. Je n'ai qu'une seule solution pour atteindre l'autre rive : aller dans l'eau. Heureusement, elle n'est pas très profonde, je vois les galets qui en tapissent le fond. Je m'approche et plonge mes pieds les flots. L'eau est glacée mais je ne vois pas d'autre alternative. J'avance encore, j'en ai jusqu'aux genoux. Je fais attention à ce que mon sac ne touche pas la surface. Je claque des dents, j'ai la chair de poule. Je ne progresse pas vite. Comme si fraîcheur de l'eau n'était pas suffisante, je tombe dans un trou. Je n'arrive pas à retenir un cri de surprise. La rivière m'arrive au niveau du ventre, j'ai extrêmement froid, ma plaie me lance et mon sac m'a échappé des mains. Je ne vois pas comment la situation pourrait être pire. Je plonge mon bras dans l'eau gelée et cherche mes affaires, même si je pense qu'elles ne vont plus pouvoir me servir. Je trouve une sangle, l'attrape et remonte mon sac qui pèse trois fois plus lourd. C'est pas gagné.

J'accède enfin à la rive opposée, complètement frigorifiée. Toutes mes affaires sont trempées, même mon sac de couchage. Je n'ai rien pour dormir, ni pour me réchauffer, ni pour manger. Il faut que je rentre à Haïwan le plus vite possible. De l'eau s'est infiltrée à l'intérieur de ma boussole. Elle ne m'est plus d'aucune utilité. Je vais devoir me diriger grâce au soleil, qui se couche justement à l'Ouest. Mais pour l'instant, il est toujours visible et je me contente d'aller droit devant moi en espérant reconnaître quelque chose. Il n'y a qu'une seule chose qui me permet de garder confiance : la possibilité de revoir Hiro. Lui seul sait ce que j'ai enduré et il n'y a que lui qui puisse me comprendre. Mais encore faut il que je retourne dans mon village.

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant