Chapitre 7: Mensonges.

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Chapitre 7 : Mensonges.

- Allo ? Allo ? - Hiro, je dois te poser deux questions importantes, tu me diras ce que tu voulait après. 

 - Uh... Ouais, vas-y. - La première : est-ce que c'est possible de contacter le monde extérieur ? Je veux dire, notre famille, nos amis ou juste quelqu'un en dehors de Prineli ?

- Ah... Eh bien... Non. Tu peux considérer que tu es enfermée et coupée du monde... C'est impossible. Opélie, Elisabec ou même Antoine vont inventer un prétexte pour ne pas distribuer les lettres que tu veux envoyer hors d'ici. Il y a un autre moyen auquel tu as dû penser : le téléphone. Sauf que les habitants et les commerçants ne sont pas bêtes, il n'existe qu'une seule sorte de téléphone, le téléphone cœur. Il te met uniquement en relation avec un service de voyance automatisé. Comme je te l'ai dit, il y a des horaires très précis pour que je puisse t'appeler, mais il n'y en a aucun pour que toi, tu puisses joindre quelqu'un. Une autre question ? 

-Ok... Merci de cette réponse pas tellement rassurante. Bref l'autre : si je leur mens et qu'ils ne s'en aperçoivent pas, ils peuvent baisser leur garde ? 

 -Ça dépend comment tu le tournes. Qu'est-ce que tu veux leur dire ? 

 - Boh... Que finalement je me plaît bien ici, que ma mère m'envoie des lettres et me manque moins... Que je vais rester ici. 

 -Uh... Ouais. Je pense que ça pourrait le faire. Inutile de te conseiller de cacher tout ce qui pourrait contredire ton mensonge.

 -Oui, logique. Bref, qu'est-ce que tu voulais me dire ? 

 - Je n'aurai pas le temps de te l'expliquer aujourd'hui, en trois minutes c'est impossible. Je te rappellerai demain. Histoire de combler le temps qu'il reste... ça ne va pas te rassurer non plus... Il est extrêmement difficile de partir d'ici. Ah, et je ne peux passer que quatre appels. Donc, demain ce sera mon dernier, après tu ne pourras compter que sur toi-même d'accord ? 

 - C'est pas comme si j'avais le choix... 

 - ...

Le grésillement qui marque la fin de la conversation s'installe. Génial ! Que des bonnes nouvelles ! Je suis enfermée à Prineli sans moyen de communication et Hiro ne pourra bientôt plus m'appeler. Bon, il a « validé » mon mensonge, j'ai moins d'appréhension. Il me reste à savoir si les habitants sont plus méfiants. Je meurs d'envie de découvrir le pourquoi du comment mais tant que je n'ai pas trouvé de sortie, je ne suis pas sereine. Cela ne me ressemble pas de rester passive. Dans d'autres conditions, j'aurais sûrement mené mon enquête pour savoir ce qu'il s'est tramé ici. Mais avec huit personnes qui veulent ma peau et sans moyen d'échappatoire pour le moment, je préfère rester discrète et agir prudemment pour n'éveiller aucun soupçon.

Je me glisse sous la couverture, ferme les yeux et attends. J'attends « les bruits ». Je n'ai pas à patienter bien longtemps. Ils sont beaucoup plus fréquents et plus proches que la première nuit. Il y a de tout : bruits métalliques, quelque chose qui racle contre un mur, rires, plus ou moins éloignés, grincements, craquements... un vrai film d'horreur. J'essaye tant bien que mal de m'endormir mais cela prend beaucoup plus de temps qu'hier. A chaque son, je frissonne. En même temps... il y a de quoi. Au bout de ce qui me semble être une éternité - je n'ose pas regarder le réveil de peur de voir quelque chose d'horrible à travers la fenêtre située juste derrière - j'arrive enfin à m'endormir.

Le lendemain, nouvelle grasse matinée. Mais je ne me sens pas très reposée, j'ai du mal à émerger. Objectif du jour : trouver une sortie. Peut-être pas partir, mais si je trouve un moyen de quitter Prineli, ce serait déjà bien.

Je sors de chez moi et vais vers la gare. Je vais tenter de voir si le train qui m'a amené peut aussi me faire partir. C'est la première idée qui m'est venue. J'ai quand même un mauvais pressentiment. Au vu de ce que m'a dit Hiro, je ne pense pas que ça fonctionnera. Ça ne coûte rien d'essayer... Sur le chemin je croise Freddy.

-Hey Azari ! Comment tu vas ?

Sa voix grave me surprend, j'ai l'impression de l'avoir déjà entendue quelque part.

- Super et toi ?

- Un peu déçu que tu ai décidé de partir... Tu sais, on ne parle plus que de ça maintenant, d'habitude c'est moi qui suis au centre des discussions ! dit-il en riant.

Allez, c'est maintenant ou jamais.

- Ah tiens ! En parlant de ça ! Hier ma mère m'a envoyé du courrier, elle me manque moins... Prineli est un village magnifique, et vous êtes tous super sympa. Je n'en veux même pas à Mangle, elle ne devait juste pas vouloir que je parte. Tu a dû en avoir vent non ?

- Ouais... Tu sais, une fois qu'on la connaît elle est gentille. Mais pourquoi tu me dis ça ?

- Parce que je reviens sur ma décision. Je reste avec vous ! Et puis Marie... Je pense qu'elle serait abattue si je quittais la ville. Elle a l'air tellement heureuse que je sois maire de Prineli... Enfin c'est pas encore le cas, mais ça ne devrait pas tarder !

Il faudrait que je passe la voir aujourd'hui d'ailleurs.

- Ouah ! C'est vraiment cool de ta part Azari. Je vais aller leur dire tiens. A plus !

- A plus !

Ça a l'air d'avoir marché. C'est passé comme une lettre à la poste ! Je franchi les quelques mètres qui me séparent de la gare et entre. Fidèle à son poste, ainsi qu'à sa tenue, Lazarre est derrière son comptoir. Dès qu'il me voit, il me lance :

- Onk ! Bonjour Azari ! Je peux t'aider ? 

 -Salut ! Oui j'aimerais juste me renseigner à propos des arrêts du train. 

 -Ah tu tombes mal... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais la voie ferrée est complètement abîmée au niveau du tunnel qui est à ta gauche, et là bas, fit-il en désignant quelque chose sur la droite. Je suis navré mais le train est inutilisable jusqu'à ce que tout soit réparé. Les dégradations ont dû avoir lieu cette nuit, hier il n'y avait rien et aujourd'hui, tout est cassé. 

 -D'accord, ce n'est pas grave. Merci ! 

 - Au revoir ! Onk !

Comme je m'y attendais, impossible de partir via le train. Serait-ce les habitants qui auraient saboter le chemin de fer ? Quelque chose me dit que les réparations ne vont pas avoir lieu de sitôt. Ce n'est pas grave, j'ai une autre idée : Amiral. Il m'a bien dit qu'il s'arrêtait ici tous les jours. Je n'ai qu'à prétendre avoir oublié quelque chose là où je l'ai rencontré la première fois et lui demander de m'y ramener. Évidemment, je ne lui dirais pas que je ne compte pas revenir. Il ne me reste plus qu'à retraverser entièrement Prineli, puisque la gare est au nord et le ponton au sud. Il n'y a que là qu'il peut accoster.

En dix minutes, je suis arrivée au bord de la falaise. Je vois la plage et le ponton en contrebas. Pour une fois, je ne me suis pas trompée, Amiral est bien là, dans son petit bateau. Il est habillé avec les même vêtements qu'il portait quand on s'est rencontré. J'espère qu'il les a lavés depuis le temps... Je descends par un chemin étroit et m'approche. Il a le dos tourné. Et ce n'est définitivement pas un humain. Comment ai-je pu penser ça moi ? Un être vert, avec une carapace sur le dos et un bec. Il ressemble à tout sauf à un humain. Je m'avance sur le ponton, la vue est magnifique, la mer s'étend devant moi, avec de petites vagues qui s'écrasent sur le sable fin. Je tape sur l'épaule à Amiral qui se retourne. C'est la première fois que je mens aussi souvent en si peu de temps.  

Animal Crossing at Freddy'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant