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Chère J,

de quelles pièces veux-tu parler ? Les seuls indices que j'ai en ma possession sont que tu es une fille et que Zaïra est ton amie. Rien de plus. C'est trop peu pour deviner ton identité. Et je te trouve un peu lâche pour tout te dire. Pourquoi avoir peur de moi ? Je ne suis que Vanille. Une jeune fille pathétiquement fade et terne. Si terne. Je n'ai rien d'impressionnant. Loin de là.

Je veux connaître ton identité, J.
J'en ai besoin. Tu le sais. Et tu sais également que sans tes indices, je ne te trouverai pas. C'est pour cela que tu ne me dis rien.
Parce que tu espères peut-être un peu que jamais je ne découvre qui tu es. De quoi as-tu peur merde ? Que je te repousse ?

Si c'est le cas, mauvaise stratégie que celle de te cacher éternellement. Car à défaut de te faire rejeter, tu n'obtiendras rien de ma part. Que ce soit positif ou non. Rien n'avance sans rien. Tu dois me donner des pistes. Je me suis prêté au jeu. À toi de le faire maintenant. Et pour de vrai.

Vanille.

***

-T'étais malade hier ? demanda Kaori en balançant nonchalamment son sac sur sa table.

Vanille resta interdite, perdue dans la contemplation des flocons tombant derrière la vitre de la salle. Elle s'était habituée à ce spectacle qui semblait ne jamais vouloir cesser ces jours-ci. La neige était néanmoins une des rares choses dont Vanille ne s'était pas lassée. Les tequeños de sa mère n'avaient plus la même saveur qu'antan. Ses livres préférés n'étaient plus aussi passionnants qu'ils l'étaient quelques années en arrière. Les couchers de soleil, autrefois si époustouflants et si uniques à ses yeux, semblaient tous être du même orange criard et insipide. Tout ce qui l'entourait avait fini par ternir et par perdre tout charme, tout sens. Seul le blanc immaculé des minuscules cristaux célestes avait résisté au gris de son âme.

Vanille chassa ces sombres pensées de son esprit, finit par se tourner vers Kaori et la fixa d'un air neutre.

-J'avais un peu de fièvre, c'est tout.

Puis elle se mit à griffonner quelques phrases sur une feuille blanche qui trainait par là. Elle entendit Kaori soupirer bruyamment. Celle-ci s'installa avec fracas sur sa chaise et entreprit de sortir ses affaires de son sac sans la moindre once de délicatesse. Vanille ne put s'empêcher d'esquisser un sourire devant toutes ces manifestations d'énervement feint. Elle abandonna la compagnie de sa feuille noircie de mots et se tourna une nouvelle fois vers Kaori, un sourcil en l'air.

-Combien de temps comptes-tu faire mine d'être outrée pour d'obscures raisons ?

La jolie blonde rejeta sa longue chevelure en arrière dans un geste dramatique.

-Juste assez longtemps pour que tu daignes remarquer la présence de la nouvelle étudiante que je suis, lâcha-t-elle d'un ton grandiloquent.

Vanille leva les yeux au ciel non sans un certain amusement.

-C'est ta troisième journée ici, Kaori, lui répondit la petite vénézuélienne d'un air faussement exaspéré. Je ne penses pas que quelqu'un d'aussi sociable que toi puisse être encore considéré comme "nouveau" au bout de ce laps de temps.

Kaori éclata franchement de rire.

-Détrompe-toi: je ne suis pas encore totalement guérie de la maladie du nouveau, objecta-t-elle Hier par exemple, je n'ai pas réussi à retrouver le self sans ton aide précieuse. J'ai dû compter sur le sens de l'orientation inouï du plan du bâtiment.

vingt cinq jours pour tout changerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant