Chapitre 8

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Les deux jours sont passés avec rapidité, tellement que lorsqu'aujourd'hui, en me levant, je comprends que je dois partir, je ne me sens pas vraiment prête. Quelque part, j'ai peur de partir, loin de ma famille à laquelle je suis tellement attachée. Enfin, quand il le faut, nous n'avons pas le choix. Je me lève et va dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Mes parents sont déjà levés. De grosses cernes se dessinent en-dessous de leurs yeux. A mon avis, ils n'ont pas dû dormir beaucoup cette nuit. Serait-ce à cause de mon départ ? Surement. Je les salue avec un sourire calme, habituel, pour qu'ils ne sachent pas, qu'au fond, j'ai peur de partir. De perdre mes habitudes. Enfin, je me sers un bol de céréales avec trois croissants et un verre de jus de fruits. Avec un petit déjeuner aussi consistant, je peux désormais rester plus de cinq heures sans manger. Après avoir mangé mon petit-déjeuner, je débarrasse mon bol, ma cuiller et mon verre dans le lave-vaisselle. 

- Dorella, me dit ma mère, tu es sure que tu dois y aller ? Parce que c'est dangereux tu sais ?

- Oui, maman, je sais que c'est dangereux. Mais je dois y aller, je ne peux plus faire marche arrière. Je suis l'un des remparts du Triangle des âmes, après tout.

- Oui, acquiesce mon père, mais ne te laisse pas tuer ma fille, d'accord ? Appelle-nous si tu as besoin de quoique ce soit, ok ?

- Ok, papa, ne t'inquiète pas pour ça, je sais utiliser mes pouvoirs.

- Nous le savons, Dorella, mais fait attention quand même. 

Je souris à mes parents et va me préparer dans ma chambre, je me coiffe et m'habille comme je l'avais prévu il y a deux jours. Robe blanche, sandalettes bleues clair avec veste de la même couleur. Je me dirige ensuite dans la salle de bain et me brosse les dents. Une fois cela fait, je me maquille très légèrement. Ca ne sert à rien de se faire remarquer après tout. J'appelle mes amies pour dire que je pars de chez moi pour les chercher. Peat et Isis me suivent dans la voiture. Je dépose dans le coffre mes deux valises, mon sac à main par terre côté passager. Peat et Isis sur les sièges derrière. Mes bidons avec mes valises dans le coffre. Mes parents me suivent dehors et m'étreignent une dernière fois, ils pleurent, c'est bon. Je suis très triste pour eux. 

Après leur avoir fait un dernier baiser sur la joue, un dernier câlin, je monte à bord de ma voiture, tout en refoulant mes larmes qui menacent de couler. Je la démarre et leur fait signe de la main avant de sortir de la rue. Sur la route, je mets la musique à fond pour oublier que je ne les verrais probablement plus jamais. A la radio, la chanson « Roule » de Soprano passe. J'adore cette chanson et la chante à vive voix. Mes animaux s'endorment rapidement, au gré du mouvement de la voiture. Traversant quelques villages, je me tente de me rappeler de chacun de ces paysages. J'arrive assez vite devant la maison de Rose. Je me gare en face du portail et sonne. Rose, habillée d'une jupe montant au niveau du ventre et descendant jusqu'au dessus des genoux rose, un débardeur blanc en-dessous d'une veste rose claire est chaussée de ballerines roses pâles. Elle arrive avec deux petites valises plus un sac à main, je sors donc de la voiture, vient la saluer et ouvre le coffre. Elle y fourre tout en rangeant bien, ses valises. Rose se tourne, je fais de même et vois ses parents, en pleurs. Sa mère pressant un mouchoir contre ses yeux embués de larmes. Son père maintenant sa femme par les épaules contre lui d'un bras. Rose vient enlacer ses parents qui me saluent de loin. J'hoche la tête poliment en leur disant bonjour. Je fais de mon mieux pour ne pas laisser transparaitre mon angoisse. Rose lâche ses parents, faisant comme moi, un signe de la main tandis qu'elle monte dans ma voiture et boucle sa ceinture. Elle sourit en voyant Peat et Isis endormis derrière. Je démarre la voiture et roule jusqu'à sortir de la ville. 

- Ca me fait tout drôle de quitter mes parents, m'avoue Rose, je n'ai jamais été très loin sans eux

- Moi aussi, ne t'inquiète pas, dis-je pour la rassurer. Mais nous n'avons pas le choix de toute manière.

- Je sais, mais pourquoi as-tu prit Peat et Isis ?

- Parce que je sais que si je ne suis pas là, ils ne voudront pas s'alimenter. 

- Du coup, nous allons chercher Apolline là ?

- Oui.

Tout en roulant, nous continuons de parler de ce qu'allait être notre nouvelle vie. J'ai hâte un peu, parce que je ne serais plus la seule fille de mon âge. De plus, je pense pouvoir suffisamment m'amuser pour ne plus penser au poids qui pèse sur nos épaules. Toujours sur la route, nous voyons la police communale à l'entrée du village d'Apolline qui arrête un jeune permit. Ce dernier sort de son véhicule et se dirige vers les policiers, mais s'arrête et fixe ma voiture. Je continue de rouler sans y prêter réellement attention. Rose et moi bavardons encore lorsque nous parvenons jusqu'à la maison d'Apolline. Cette dernière nous attendait déjà sur le trottoir avec une seule valise et un sac à dos, Rocky assit près d'elle. Nous faisant signe de la main, je m'arrête juste devant elle. Rose et moi descendons pour lui faire un câlin. Elle ne pleurait pas, n'était pas triste, elle était excitée. Notre nouvelle vie se résume à une aventure pour elle. Libre comme l'air, libre d'être loin de ses parents avec lesquels elle ne s'entend pas. Je mets ses affaires dans le coffre et lui dit de monter à côté de moi pour que Rose soit avec les animaux derrière. A contrecœur, Apolline monte devant. Je souris, une fois tout le monde attaché, je démarre encore une fois ma voiture et nous roulons. Je prends la direction Reims, là où nous devons rejoindre les trois garçons pour que je leur indique le chemin. Dans la voiture, Apolline et Rose n'arrêtent pas de se taquiner au sujet de tout et de rien.

- J'ai bien vu que tu regardais Keith, Rose ! S'exclame Apolline avec un large sourire sur le visage. Je suis sure qu'il t'a tapé dans l'œil !

- Quoi ! Même pas vrai d'abord ! Et toi avec Glen !! Réplique Rose, les joues se rembrunissant. 

- Pas vrai ! Ce type n'est pas du tout mon genre ! Il est trop... antisocial pour moi !

- Bah ne dis pas que j'ai des vues sur Keith alors ! On dirait un rebelle de la révolution !

- Ouais mais ce n'est pas ma faute si tu le regarde beaucoup aussi !

- Mais je ne le regarde pas plus que vous ou les autres garçons ! Arrête de croire ça !

- Bon, les filles, ce serait bien que vous laissez vos coups de cœur de côté avant que nous les voyons sinon ils vont se moquer de vous et là vous n'aurez plus de chance avec eux.

- Mais Dorella ! Je n'ai pas de vue sur Glen !!! On dirait un robot !

- Et moi donc envers Keith ! Dorella, ne dis pas que nous avons des vus sur eux ! C'est faux me concernant !

- Me concernant aussi !

- Oui, oui, ce serait bien que vous baissiez votre volume vocal. Je commence à avoir mal au crâne. Enfin, nous verrons ce que vous ressentirez par la suite, vu qu'on va vivre tous ensemble.

- Oh, c'est super ça par contre ! J'ai hâte d'avoir ma propre chambre !!! Plus de parents dans la maison !

- Oublie pas, Rose, que nous avons Maman Dorella ! Il nous faut maintenant le Papa !

- QUOI ?! Quel papa, Apolline ! 

- Ben quoi, Dorella ? Si tu es la maman, il nous faut bien un papa, non ?

- Je...suppose...

- Tu choisirais qui à ton avis ?

- Je ne sais pas encore, Rose... Je verrais bien selon les circonstances !

- OOh ! Notre autoritaire Dorella rougit ! Serait-elle intéressée par un garçon en particulier ?

- Ca suffit, Apolline !

J'utilise ma main droite pour lui donner une claque derrière la tête et la force à se taire sur ce point. Quand elle m'avait adressé la parole pour avoir mon avis sur les garçons, j'ai immédiatement repensé à Glen la dernière fois, ce pervers qui avait regardé mes sous-vêtements... Lui, je devrais déjà mettre un règlement pour que les garçons dorment dans leurs chambres et ne viennent pas dans celle des filles, ni dans la mienne.


Le Triangle des âmesWhere stories live. Discover now