Jour 14 : Jeudi 14 décembre 2006

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— Oh salut Cole ! Je suis presque étonné de te voir habillé et pas en train de sauter je ne sais qui de cette entreprise, lança Jessica en s'approchant de la machine à café.

Alors sur le point de boire une gorgée de mon café, je me figeai pour me tourner vers elle.

— Tu n'en as pas marre de dire de la merde dès le matin ? rétorquai-je, blasé.

— Je ne suis pas sûre que ça plairait à ta copine, se moqua-t-elle en s'emparant de sa tasse.

— Ce n'est pas ma copine, marmonnai-je.

— Mais bien sûr...

Elle inspecta brièvement aux alentours avant de m'adresser un sourire narquois, prête à me faire subir encore un de ses sales coups.

Elle s'approcha du centre de la pièce, l'air hautain, et capta l'attention de tout le monde par quelques brefs toussotements.

— Bonjour mesdames et messieurs, désolée de devoir vous interrompre durant votre petit-déjeuner matinal, mais je pense que certaines choses doivent être claires entre moi et Cole Triaghan. Je ne voulais pas rendre tout ça public mais... nous couchons ensemble et malheureusement, sa petite-amie nous a surpris. Et j'ignorais qu'il avait une petite-amie. Ce n'était pas mon but de briser un couple.

Toutes les personnes présentes commencèrent à s'échanger quelques regards, comme si c'était la nouvelle du siècle. Et visiblement, tout le monde semblait la croire. Après tout, Jessica était bien plus reconnue pour son honnêteté que moi.

Elle posa alors une main sur sa poitrine et baissa la tête. Cette connasse savait parfaitement bien simuler la honte, le désespoir. Une vraie manipulatrice. Tout autant que je pouvais l'être. Après tout, nous n'étions pas en concurrence pour rien. North voulait le meilleur, en particulier des personnes prêtes à tout pour leur place.

— Espèce de salope, murmurai-je.

— Je refuse de travailler avec ce genre de personnes... Ce genre de personnes qui n'ont pas de respect pour leur copine... et même pour les femmes.

Et elle continuait dans ses conneries. Certains semblaient vraiment y croire, d'autres s'en fichaient et d'autres encore en riaient.

— Je ne vois pas pourquoi j'irais me taper quelqu'un comme toi si je suis censé être en couple, or je ne le suis pas, me défendis-je tout en tentant de contenir ma colère. Sérieusement ? C'est tout ce que tu as trouvé comme prétexte minable ?

Bien évidemment, aucun regard ne dévia, tous intéressés par ce scandale, espérant en savoir davantage, même s'il ne s'agit que de commérages.

— On sait tous très bien quel genre d'hommes vont aux putes, renchérit-elle de plus belle.

Je posai ma tasse et la tirant par le bras, je la conduisis de force jusqu'à un lieu, le premier sur le chemin étant les toilettes pour hommes. Personne ne viendrait nous déranger, pensant sûrement qu'on coucherait ensemble.

Désormais à l'abri d'oreilles indésirables, je pouvais enfin me laisser aller à la colère.

— Ça t'amuse vraiment de dire autant de conneries ? m'emportai-je.

— Oh désolée si tu n'aimes vraiment pas la concurrence !

— Ce n'est plus une question de concurrence ! Tu as osé balancer que je trompe une femme avec qui je ne suis même pas en couple ! m'écriai-je.

D'habitude, je n'aurais pas fait attention à sa stupide provocation et serais passé outre. Mais pas cette fois-ci, parce que cette fois-ci, ça impliquait Suna et visiblement, j'avais bien trop d'attaches pour elle.

— Tu t'es quand même jeté sur moi et puis tous les moyens sont bons pour se débarrasser de son adversaire ! lança-t-elle fièrement.

— Alors tu veux user de tous les stratagèmes, soit. Ne t'étonne pas de devoir en subir les conséquences, aussi violentes soient-elles.

Son sourire satisfait lui collait encore à la peau et j'avais vraiment envie de lui enlever cette expression du visage.

— Jessica... Jessica... Tu penses pouvoir m'arrêter avec ce genre de méthode, mais sache que ce n'est même pas le centième de ce que j'ai pu vivre. Alors quand bien même tu m'accuserais des pires crimes ou me dénigrerais d'une quelconque manière, je m'en ficherais. Vois-tu Jessica, tu n'es rien... et même si tu penses avoir de l'importance en ce moment, tu te trompes complètement. Tu te fais juste des illusions.

Je m'apprêtai à partir, mais elle me retint par de simples paroles. Je me tournai alors vers elle dès qu'elle commença à s'exprimer :

— Bien, déclara-t-elle, sûre d'elle, jouons à ce jeu-là Triaghan...

— Comme tu veux Jessica, mais je peux t'assurer que tu perdras quoi qu'il arrive... Les faibles ne sont jamais appréciés dans le milieu professionnel.

Je lui gratifiai d'un dernier regard méprisant avant de m'en aller en espérant pouvoir reprendre mon travail calmement... 

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant