Jour 23 : Samedi 23 décembre 2006

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Pendant un bon moment, j'avais fixé mon agenda, plus particulièrement, ce que j'y avais prévu pour demain. Et je n'avais même pas quitté mon lit pour ce faire. En début de mois, tout était si clair. Maintenant, je savais juste que cette sensation s'atténuait. Mais je savais aussi que ça reviendrait un jour ou l'autre. Il était impossible de totalement s'en débarrasser.

Encore une fois, Paris m'envoya un message. Alors que j'avais trouvé ça agaçant au début, désormais, j'avais presque envie de la remercier. Parce que Paris avait toujours été là pour moi quand ça n'allait pas et des raisons, elle en avait eu des tas pour partir. Notre amitié était loin d'être parfaite, mais nous savions faire en sorte que tout aille bien.

Heureusement, son anniversaire était dans deux jours et c'était peut-être le bon moment pour la remercier avec un cadeau qui ne serait pas lamentable. Enfin, je n'avais aucune idée de quoi lui offrir, comme toujours. Alors, dans le doute, je proposai à Dolly de m'accompagner au centre commercial, ce qu'elle avait accepté dans l'immédiat.

Dans l'après-midi, nous nous étions retrouvés devant un centre commercial assez rempli de personnes et de décorations festives en tout genre.

— Je t'aurais bien fait la remarque que tu fais comme tout le monde, soit de préparer les fêtes au dernier moment, mais je sais bien que ce n'est pas ton genre. Alors, c'est quoi la raison ? me demanda-t-elle.

Les suppositions de Dolly étaient toujours très justes et elle savait toujours bien agir en conséquence. Dolly était cette femme qui connaissait toutes les ficelles des relations humaines pour aider et soutenir les autres, ce qui n'était certainement pas mon cas.

— C'est bientôt l'anniversaire de Paris, annonçai-je simplement.

— Et tu ne sais pas quoi lui offrir, je suppose. Et je suis sûre que tu as oublié tous ses centres d'intérêt. Mais ne t'en fais pas, on va lui trouver quelque chose.

Paris et Dolly ne s'étaient vues que de rares fois, mais c'était suffisant pour qu'elles ne s'oublient pas. En tout cas, Dolly avait compris à quel point c'était une amie importante dans ma vie.

Ainsi, nous étions partis à fouiller dans de nombreuses boutiques, toutes plus bondées les unes que les autres. Vraiment, j'avais choisi le mauvais jour, mais j'avais oublié que j'étais une des rares personnes qui ne fêtaient pas ce genre de choses.

— Alors, c'est très con, mais les peluches, c'est toujours un excellent cadeau ! annonça-t-elle en prenant un petit renard en peluche.

Elle pencha sa tête et quelques mèches blondes lui tombèrent sur le visage.

— Je ne sais pas si ça serait vraiment une bonne idée...

— Je dis ça parce que tu n'as pas l'air d'avoir la moindre idée et que rien ne semble correspondre à ce que tu veux.

— En fait, je veux surtout m'excuser et tout ça, c'est peut-être juste des babioles, soupirai-je.

— S'excuser avec des cadeaux, ce n'est pas une bonne idée Cole, me réprimanda-t-elle. Tu aurais dû commencer par ce point.

— Mais comment je fais des excuses décentes ? Je me ramène et je lui dis simplement "je suis désolé" ? m'enquis-je.

— Je vais t'expliquer comment faire de bonnes excuses, lança-t-elle, presque amusée.

Elle reposa la peluche et prit une longue inspiration.

— Alors, dire que tu es désolé, c'est un bon début. Mais il faut aussi montrer que ça ne se reproduira plus et lui demander comment faire pour que ça ne se reproduise plus, m'expliqua-t-elle calmement.

— Sur ce point, je ne peux pas lui assurer que ça ne se reproduise plus...

— Sauf que sans ça, tes excuses n'ont aucune valeur, surtout si tu recommences ce qui a pu la blesser, me contredit-elle aussitôt.

— Je dois réfléchir à ça...

Je hochai légèrement la tête, essayant de réfléchir à tout ça, mais ce n'était clairement pas évident pour autant.

— Mais tu peux toujours m'offrir une peluche ! plaisanta-t-elle en reprenant le petit renard en peluche. En plus, il est tout doux !

— Bon, ok. Je te paie ta petite peluche ridicule ! rétorquai-je, un sourire en coin.

*

Le soir même, je m'étais pointé devant l'appartement de Paris. Je ne savais pas exactement quoi lui dire et j'espérais vraiment trouver les mots justes sur le moment. Alors, j'appréhendais un peu sa réaction quand elle m'ouvrit la porte.

— Cole ? Quelque chose ne va pas ? me demanda-t-elle, inquiète.

— Hum... Ça peut aller, prétendis-je.

Elle me fit entrer et voilà que je ne savais plus quoi lui dire précisément.

— Paris... Je tenais à m'excuser. Tu as pu supporter mes sautes d'humeur et être là pour moi, alors quand bien même j'étais insupportable ces derniers jours. Je devrais te promettre que ça ne se reproduise plus... Et j'aimerais le faire.

— Tu n'as pas à t'excuser d'être mal, me reprit-elle.

— Peut-être, rétorquai-je peu convaincu. En tout cas, merci d'avoir été là, d'avoir eu l'énergie pour me gérer un peu...

— Même si je n'avais pas eu l'énergie, je l'aurais fait, parce que c'était vital. Parce que, même si ce n'est pas moi qui peux t'empêcher de passer à l'acte, tu étais en danger. Et en tant qu'amie, j'ai envie que tu sois heureux.

Nous échangeâmes un bref sourire. Bien que cette conversation avait été assez pénible, je me sentais désormais soulagé et je me rappelais encore une fois pourquoi j'aimais tant notre amitié.

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant